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Il ne restait que deux jours avant Noël. Trois jours avant que les Volturis n'arrivent. Trois jours avant que le destin ne détermine si on devait vivre ou mourir. Trois jours avant de savoir si j'allais vivre encore longtemps avec Paul, ou si la morsure glacée de la mort m'emportera au près de mon fils.
Nous étions dimanche, et le jour que je redoutais tant était arrivé. Le jour de l'enterrement de mon fils. Papa m'avait proposé de m'emmener, mais j'avais décliner l'offre. J'étais chez moi, et je regardais mon reflet dans le miroir. Je portais une robe tailleur noire, et des escarpins de la même couleur. Je n'avais pas besoin de me maquiller, mes cils étaient naturellement noirs, épais et courbés. Je devais ça à ma nouvelle condition. Je soupirais, et Paul vêtus d'un costume fourni par Emmett, s'approcha de moi. Il posa ses mains sur mes épaules, et m'observa à travers le miroir. Il fronçait les sourcils, soucieux de ma réaction. Il savait que les Vampires pouvaient se montrer impulsifs. Même s'il avait confiance en moi, il craignait que je ne décide de commettre des meurtre sous le coup de la colère. Ou du moins, un seul. Celui de mon ex, responsable de la mort de mon fils.
     — Comment tu te sens ?
     Je pris une grande inspiration, et forçais un sourire pour le rassurer.
     — Ça va aller. Ne t'en fais pas. Oui j'ai des envies de vengeance, mais je ne ferais pas justice toute seule.
     Il força un sourire navré.
     — Je ne voulais pas insinuer que tu le ferais.
     — Je le sais. Pourtant tu as raison de t'inquiéter. C'est normal d'avoir ce genre d'appréhension. Je suis peut-être ta petite amie, je n'en reste pas moins une créature dangereuse.
     — Je suis soulagé que tu comprennes.
     Je lui rendis son sourire, et le détaillais. Il était encore plus sexy dans ce costume. Même si je préférais quand il ne portait que son short en jean, pour faciliter ses métamorphoses.
     — Je sais, j'ai l'air d'un clown.
     — Ne crois pas ça ! m'exclamais-je en souriant. Je te trouve très classe.
     Je me tournais vers lui, et passais mes mains autour de son cour pour me rapprocher un peu plus.
     — Et si on n'y allais pas ? demandais-je d'une voix suppliante.
     — Tu sais bien que ce n'est pas quelque chose que l'on peut décommander. Tu es prête ? On devrait y aller.
     — J'ai encore deux ou trois trucs à faire, alors vas-y, je t'y rejoindrais.
     Il fronça les sourcils, l'air d'avoir un doute sur mes paroles.
     — Je te jure que ça va aller. J'ai une super-vitesse je te rappelle.
     — D'accord... Ne tarde pas trop, tous le monde t'attend.
     Je hochais la tête, et le regardais partir, avant de laisser échapper un grand soupir de soulagement. Je ne voulais pas y aller. J'avais peur que cette cérémonie me fasse supporter plus facilement la mort de mon fils. Comme un passage radical au deuil. Et je ne voulais pas accepter sa mort aussi facilement. Connor avait beaucoup de chance. Grâce à Paul, il échappait à une mort atroce. Car il était clair que si je n'avais pas eu ce lien avec lui, je serai déjà partie à la recherche de cet énergumène pour le tuer, et boire son sang jusqu'à la dernière goutte. Et même le jour où je perdrai Paul à cause de la vieillesse, je ne pourrais pas me venger parce que lui aussi serait mort depuis des années. En résumé, Connor aura la belle vie, malgré ce qu'il avait fait. 

    Je regardais une dernière fois mon apparence dans le miroir, pris mon réticule, et quittais mon appartement rapidement.
     Je descendis dans la rue sous le regard des passants, intrigués par ma tenue, et me dirigeais vers l'adresse que m'avaient donnés les Cullen, jusqu'à ce que je passe devant la boutique de matériel de randonnées. J'aperçus alors Matt, qui me fit un signe de la main, tout sourire. Je lui rendis son sourire et m'arrêtais quand je l'entendis penser qu'il allait venir me saluer.
     — Hé ! Salut ! s'exclamait-il en me serrant la main.
     — Salut !
     — Ça fait un moment que je ne t'avais pas vu.  Comment vas-tu ?
     — Ça peut aller, merci. Et toi, que deviens-tu ?
     Je n'avais jamais été très friande des conversations banales sur la pluie et le beau temps, que l'on échangeait.
     — Pas grand-chose. Je travaille ici. Tu sais, à Forks, on ne fait pas grand-chose à part rêver de ce que serait notre vie, si on avait le courage de partir vivre dans une grande ville.
     — Au lieu de rêver de cette fameuse vie, pourquoi tu ne choisis pas de la vivre ?
     Il haussa les sourcils de surprise, et se mit à rire. Je ne compris pas ce qui le faisait rire, mais je le laissais faire patiemment, avant qu'il ne se calme et redevienne sérieux.
     — Qu'est-ce qui t'en empêche ? insistais-je en forçant un sourire.
Il tenta de cacher sa nervosité à travers un sourire, mais je sentais que ma question le mettait mal à l'aise.
     — Je ne sais pas en fait. Je... jusqu'à maintenant, je me disais que c'était parce que je voulais mes parents, mais plus les années passent, et moins je me demande si ma vie ici en vaut la peine.
     — Et qu'est-ce qui t'en empêche ? répétais-je en souriant plus aimablement.
     — Ah ! Te voilà ! s'exclama la voix de Paul.
     Je le vis accourir vers nous. Je ne pus m'empêcher de remarquer l'irritation qu'affichait Matt. Paul passa un bras autour de ma hanche et m'embrassa sur la tempe.
     — Tout le monde se demande ce que tu fabriques.
     — Je suis désolée, je n'avais pas réalisé que je prenais du temps.
     — J'ai l'impression d'être invisible...Je devrais peut-être envisager de me racler la gorge pour me faire remarquer... râla Matt par la pensée.
     — Chéri, je te présente Matt, un ami du lycée de Bella.
Matt força un sourire, et serra la main de Paul qui est peu amène de faire ami-ami avec lui.
      — Matt, je te présente Paul, mon petit ami. Il se trouve qu'il est aussi ami avec Bella.
      — Sérieux ? lui demanda Matt en haussant les sourcils de surprise. Je ne me souviens pas de t'avoir vu au mariage de Bella... Pourtant elle m'a dit que tous ses amis et toute sa famille y était.
      — Lana est sa sœur et pourtant tu ne l'y as jamais vu.
      Je réprimais un sourire à l'argument de Paul, qui était tout à fait logique.
      — Paul s'occupait de la sécurité aux alentours de réception, expliquais-je. Il se trouve que papa et Carlisle s'inquiétaient de voir des chasseurs ou bien des animaux sauvages surgir au beau milieu des invités.
     — Oh... murmura Matt avant de se ressaisir. Et ça vous prend souvent de jouer les agents de sécurité ?
     — Non, seulement le mariage de Bella. C'est une amie d'enfance. Elle et son père ont toujours été là pour nous à la réserve. Alors je me devais de lui rendre ce service. 
     — Je vois...
     Paul profita de ce moment de silence de la part de Matt, pour se tourner vers moi.
     — Ton père se demande ce qui te prend autant de temps. En temps normal ça ne l'ennuierait pas que tu discutes avec un ami, mais aujourd'hui c'est différent.
     — Qu'est-ce qu'il y a aujourd'hui ? demanda Matt en fronçant les sourcils.
     Je sentais que sa curiosité était piquée au vif.
     — Nous enterrons mon bébé aujourd'hui. C'est une cérémonie en toute discrétion, qui ne doit pas être ébruité, expliquais-je. Personne n'a à savoir que le Shérif a perdu un de ses petits enfants.
     — Ouais, je comprends. Ne t'en fais pas. Je ne te retiens pas. On se revoit bientôt ?
     Je lui adressais un léger sourire.
     — Oui, je repasserai.
Il souriait d'un air rassuré.
     — On y va ? me demanda Paul en posant une main dans le bas de mon dos.
     Je tournais le tête vers lui, et hochais la tête.
     — D'accord... soufflais-je.
     On commençait à partir, quand Matt murmura à voix basse.
     — Génial, je n'ai pas pu lui dire que je ne dirais rien à personne...
     Je lançais un regard vers Paul qui paraissait tendu.
     — Je suis désolée de ne pas être revenue plus tôt... soupirais-je. Je te promets que j'avais l'intention de venir.
     — Je le sais, ne t'en fais pas. C'est quelque chose d'important pour toi. Même si c'est une étape négative dans ta vie.
     Je ne pus m'empêcher de sourire. Je ne me sentais pas très à l'aise à l'idée de m'y rendre. Mais il le fallait. Je devais lui dire « Adieu », pour tourner la page. Je savais que c'était ce dont j'avais besoin.

Twilight Chapitre 5 : RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant