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 Ça faisait deux heures que j'étais assise sur mon lit, en tailleur, en train d'essayer la méditation. Mais l'odeur du sang frais et les pleurs de ma potentielle future victime ne cessaient de me déconcentrer et me rendre irritable. À ce rythme, il était possible que je la tue seulement pour ne plus l'entendre gémir. Même si j'avais conscience qu'elle n'était pas fautive dans cette histoire, et qu'elle avait seulement peur que je la vide de son sang.

J'aurais pu ne prendre que quelques gorgées, mais je craignais qu'en commençant, je ne puisse plus m'arrêter. J'eus alors une idée : me concentrer et m'entraîner sur elle. Je n'avais pas le choix. Soit j'essayais, soit je craquais.

Je ferma les yeux, et fis le vide dans mon esprit. Je me concentra sur l'image d'un cour d'eau et le clapotis de l'eau qui coulait. Une fois calme, je me concentrais sur la jeune fille.
 Pitié... Ne me faites pas de mal ! Je vous en supplie ! glapit la jeune fille. Je ne veux pas mourir...
Je sursauta de surprise, et me tortilla sur mon matelas avant d'essayer de lui faire de l'autosuggestion.
Elle ne va pas te faire de mal... pensais-je dans son esprit. Elle n'est pas mauvaise.
J'ouvris les yeux, et vis l'expression de la jeune fille changer et évoluer. Elle avait cessé de pleurer. Elle me regardait calmement.
Elle ne me fera pas de mal... répéta-t-elle, calmement.
Je n'en revenais pas d'avoir réussie. Je n'en revenais pas qu'elle pense ce que je lui avais dit de penser. Il fallait maintenant que je me concentre pour n'accéder qu'à l'esprit de la secrétaire que j'avais vue en arrivant.
Mais la tâche fut plus hardie. Tout d'abord parce que je ne savais pas exactement où elle était, et aussi parce que je n'avais pas sondé son esprit dès mon arrivée. Mais je parvins tout de même à la trouver. Elle était chargée de préparer une fête qui s'appelait la Saint-Marcus, et qui fêtait le bannissement des Vampires de cette ville. Ironique quand on y pensait. Personne n'irait rechercher des Vampires dans un lieu où avait eu lieu la fin du règne de ces créatures.
Je pris une grande inspiration, et entra dans l'esprit de la jeune femme qui s'ennuyait à mourir, à taper son programme à l'ordinateur. Quand j'y fus enfin, je murmura dans sa tête.
Il faut que j'avertisse les Cullen qu'une des leur est captive ici.
Je sentis toute trace d'ennuis disparaître de la jeune femme, mais elle résistait.
Mais qu'est-ce que je raconte ? S'il l'apprenaient, ils me tueraient !
Elle secoua tête et reprit son travail. Cependant, je n'étais pas prête à abandonner.
Mais si je ne fais rien, elle mourra. Si ça se trouve elle a une famille, et puis sans doute qu'ils me transformeront... Ou bien, qui sait, elle me sauvera...
La jeune femme prit un parchemin vierge et de l'encre, et écrivit ce que je lui dictais.

« Je suis retenue captive à Volterra
Pitié, venez m'aider !

Je vous aimes,
Lana. »

La jeune femme plia le papier et écrivit l'adresse des Cullen, avant de la glisser dans la corbeille des courriers à envoyer. Elle espérait que le courrier ne soit pas réceptionné avant son envoi. Et je l'espérais aussi. Autrement, j'étais perdue.

Une fois que je rompis mon lien télépathique, je me sentis faible. Et une soif presque incontrôlable me tenaillait. Je me leva de mon lit, et regarda la femme qui saignait toujours un peu. Je tremblais, tellement ma faim était agonisante, et je regardais la femme comme si j'étais au régime et que je me retrouvais dans une confiserie.
Je ne pus réprimer plus longtemps mes instinct de chasseurs. Ma victime leva les yeux vers moi, et comprit à mon regard qu'elle était perdue. Ma faim était trop grande, et je ne savais pas quand j'allais à nouveau pouvoir me nourrir. Nous étions toutes les deux prises au piège.
Je serrais les poing et avançais à pas de velours tel un chasseur redoutable. Je sentais que la femme était à la fois effrayée et envoûtée. Mais elle s'était aussi résolue à sa fin, et avait l'air de l'accepter.
— Je vous demande pardon, chuchotais-je les larmes aux yeux. Je n'ai pas le choix.
Lorsque je fus à son niveau, sa respiration était saccadée, et sa poitrine se soulevait rapidement. Son sang pulsait dans son corps, faisant battre l'artère dans son cou. Je lui adressa un sourire carnassier qui me révulsait moi-même et me jeta sur ma pauvre victime qui ne pu rien faire d'autre que de sentir sa vie quitter son corps aussi vite que son sang affluait dans ma gorge.
Le sang humain n'avait rien à voir avec celui des animaux que je mangeais avec les Cullen. Il était meilleur. Plus savoureux. Plus fort en goût. Et je sentais la vitalité et la force se répandre dans tout mon corps. Je sentais mon énergie se décupler et je ne comprenais pas pourquoi les Cullen tenaient tant à ce que je ne me nourrisse pas d'humain. C'était tellement bon !
Mais en parallèle, je me dégoûtais moi-même d'avoir ôté une vie. De quel droit je volais une vie à une personne alors que moi-même j'étais un monstre ? Elle méritait plus que moi de vivre. Je n'avais pas le droit.

Je lâcha le corps à présent exsangue, et m'en éloigna rapidement. Je me heurta au mur derrière moi, et entendis la pierre craquer et s'émietter sous le choc.
— Qu'est-ce que j'ai fait ? murmurais-je en essuyant le sang que j'avais autour de ma bouche.
J'avais à présent l'allure d'une sauvageonne, et j'entrais dans la catégorie des monstres sanguinaires. Je ne pouvais plus rentrer rentrer chez moi maintenant. J'avais rompu le traité entre les Quileutes et les Cullen.
La porte de ma chambre s'ouvrit. J'étais dans un coin de la pièce recroquevillée sur moi-même, et je levais les yeux vers mon visiteur. C'étaient Aro, Alec et Dimitri. Je posais mes yeux vers Alec, qui avait l'air surpris.
— Que lui avez-vous fait ? demanda-t-il en s'approchant de moi.
Il fut vite retenu par Dimitri, après avoir échangé un regard suivi d'un hochement de tête par Aro. Alec tourna la tête vers le cadavre de la jeune et écarquilla les yeux.
— Vous lui avez donné du sang humain ? s'exclama-t-il inquiet. Elle prend seulement du sang animal !
— Le simple fait que tu défendes cette fille m'irrite. Alors je te conseille de ne pas dépasser les limites... l'avertit calmement Aro.
— Alec... Ne t'attires pas d'ennuis, je t'en prie... lui demandais-je inquiète.
Aro haussa les sourcils et me regarda avec une fascination évidente.
— Passionnant...
— Que voulez-vous dire ? Il n'y a rien de passionnant dans le fait que je ne veuille pas qu'il ait d'ennuis par ma faute !
Dimitri grogna d'un air menaçant. Je sentis aussitôt le danger, et me releva d'un bond en position d'attaque en grognant à mon tour.
— Lana, calmes-toi ! s'exclama Alec d'un air suppliant.
Je lui lança un regard noir, et reporta mon attention sur Dimitri qui s'était avancé devant le Vampire lié à moi.
— Lana s'il te plaît, n'entres pas dans son jeu ! me suppliait Alec.
Je leva les yeux vers lui.
— Concentres-toi sur ma voix, et détends-toi ! continuait-il.
J'obéis, et pris une grande inspiration. Puis je me détendis lentement.
— C'est vraiment intriguant... s'amusait Aro. Incroyable même. Ce lien est vraiment incroyable. Je suis curieux de savoir ce qui arrive en plus de ça...
— Des hallucinations... murmurais-je alors. J'ai eu une hallucination tout à l'heure.
— Toi aussi ? s'étonna Alec en haussant les sourcils. J'étais ici... Et pourtant je n'y étais pas !
Je détourna le regard, mal à l'aise.
— Fascinant... chuchotait Aro. C'est vraiment fascinant. J'ai vraiment hâte d'en découvrir plus sur ce lien...
Je tourna le regard vers Aro. Que devais-je comprendre ? Que j'allais rester ici plus longtemps ?

Twilight Chapitre 5 : RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant