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On marcha un petit moment dans la forêt. La première pensée qui me traversa l'esprit, c'était la raison pour laquelle il s'éloignait de tout le monde. Sans doute ne voulait-il pas que tout le monde entende.
La forêt était si sauvage, que si je n'avais pas été un Vampire, la marche hors des sentiers aurait été compliquée. Mais je constatais que Paul qui était sous forme humaine, n'avait pas non plus de difficultés à avancer. J'étais fascinée par ses gestes gracieux, et ses muscles qui roulaient sous sa peau, tandis qu'ils étaient contractés par ses poings toujours serrés.
Je sentais qu'il savait que je le suivais, malgré le silence de mes pas. J'étais devenue le meilleur chasseur de cette planète. Pourtant, Paul sentait ma présence derrière lui. Et à aucun moment, il me demanda de m'arrêter.
Les questions se bousculaient dans ma tête sur les raisons de son éloignement. Je ne comprenais pas.

Au bout d'un moment, il s'arrêta en s'appuyant à un arbre, la main à plat contre le tronc, et la tête baissée vers le sol. Je m'arrêta à mon tour à quelques centimètres de lui, sans mot dire. Je restais là, sans bouger, à regarder son dos se soulever au rythme de sa respiration rapide. Son esprit était fermé, mais je sentais des émotions contradictoires émaner de lui. Une lutte entre le soulagement et la colère faisait rage en lui, et il réfléchissait à laquelle en sortirait vainqueur.
Les minutes s'écoulaient. Moi même je me demandais si je devais le faire réagir, ou attendre qu'il le fasse de son propre chef. Hésitante, je posais ma main sur son omoplate en douceur, craignant de le blesser si j'étais trop brusque, puis il se retourna brusquement, et me prit dans ses bras, en me serrant fort contre lui.
J'écarquillais les yeux de surprise en le laissant faire, les bras le long de mon corps, bloqués par les siens qui me tenaient contre lui. Si j'avais été humaine, mon coeur aurait explosé dans ma poitrine, et j'aurais rougis plus que de raison. Je sentais sa chaleur brûlante émaner de lui, et me sentais bien dans ses bras, malgré ma surprise. Son coeur battait la chamade, tandis qu'il me serrait contre lui d'une manière qui m'aurait fait souffrir autrefois, mais que j'appréciais plus que je ne l'aurais cru à cet instant.
Son nez était plongé dans ma chevelure, et le regardais la cime des arbres danser au rythme de la brise en hauteur. Un rayon de soleil se déplaça à cause d'une branche qui venait de bouger, et vînt se refléter contre nos peau, faisant briller la mienne comme des milliards de diamants incrustés.
Je ne sus dire combien de temps on resta comme ça. Mais lorsqu'il se détacha de moi, je me disais que c'était trop tôt. J'avais la sensation que ça n'avait duré qu'un dixième de seconde, le temps d'un soupir.

Il s'éloigna de moi, tout en gardant une distance raisonnable en détaillant mon visage lumineux, silencieusement. Une main se posa sur ma joue et je fermais les yeux par tant de douceur. J'avais perdue l'habitude de ce genre de contact après toutes ces années sans en recevoir. Ce n'était pas monnaie courante à Hollywood. Avoir un coeur de pierre était essentiel, quand on vivait et travaillait dans ce milieux. Maintenant que mon coeur était réellement de pierre, j'appréciais ce genre de douceur.
Je laissais aller mon visage contre la paume de sa main. Et quand j'ouvris les yeux pour plonger mon regard dans le sien, cette lutte avait disparue, remplacée pas une profonde tendresse et une certaine surprise.
— J'ai cru que je t'avais perdu... murmura-t-il si bas, que je n'aurais pu entendre de mes oreilles humaines. Les autres n'y croyaient pas, mais je te sentais en danger dès l'instant où je ne t'ai pas vu revenir avec Jasper. Ça commençait à me rendre fou.
Ma bouche forma un O parfait, sous la surprise de ses confessions.
— J'ai senti ce lien entre toi et ce Vampire, mais je me refusais à y croire. Je m'étais dit que ce n'était que de la jalousie de ma part. Mais je ne m'étais pas trompé, souriait-il tristement. Il y en a bien un...
— Je te promets que si ça avait été mon choix, jamais je n'aurais eu de lien avec lui, soufflais-je.
— Je le sais Lana. Mais tu te sentais en sécurité avec lui. Reconnais-le.
Il laissa tomber sa main le long de son corps, et s'éloigna de moi en soupirant. Je le regardais faire, en sentant comme une émotion étrange. Comme une sensation d'oppression. Je pensais que je ne ressentirais jamais de telles émotions étant inhumaine, et pourtant, il arrivait à me faire ressentir des émotions humaines. De la peine. Une souffrance qui prenait ma cage thoracique en otage et qui m'étreignait. Je sentais sa peine, et sans le voir je l'en faisais mienne.
— Je le reconnais.
Il était inutile de lui mentir. C'était comme si il était branché en direct sur mes émotions.
— Mais de vous deux, c'est avec toi que je me sens le plus en sécurité.
Il se figea sous la surprise, et se tourna lentement vers moi. J'en profitais alors pour avancer lentement, et lui pris les deux mains dans les miennes, une fois à sa hauteur.
— Je ne saurais l'expliquer, mais tu me fais sentir humaine. Je n'ai pas l'impression d'être un monstre assoiffé de sang, comme on en voit dans ces livres de Bram Stocker. Quand je suis avec toi, j'ai l'impression d'être cette femme que j'étais en arrivant ici. Je ne me croyais pas capable de ressentir des émotions comme celles-ci, et pourtant, je ressens la peine que je t'ai faite. Je ressens cette lutte qu'il y a en toi à cet instant précis. Cette confusion.
Il fronça les sourcils en prenant une grande inspiration.
— Je ressens que tu as envie de me prendre dans les bras et me garder au près de toi. Mais je ressens aussi ton envie de partir. De t'éloigner de moi malgré cette attraction qu'il y a entre nous.
Son coeur s'accéléra, quand mes mains glissaient le long de ses avant-bras en remontant jusqu'à ses biceps, en me rapprochant de lui lentement. Mes yeux étaient plongés dans les siens. Il n'avait pas l'air de savoir comment réagir, surprit par mon rapprochement. Cependant, il ne me repoussa pas.
— C'est étrange... chuchotais-je. J'ai la sensation que j'ai toujours été lié à toi. C'est comme si je l'avais inconsciemment réalisé en te voyant pour la première fois dans la camionnette de Bella.
Je lus de la surprise tout à coup.
— C'est à ce moment-là que je me suis imprégné de toi, murmurait-il le souffle coupé.
Je souriais de soulagement, trahissant cependant de la surprise. C'était bien là une preuve de notre lien.
Le bout de mes doigts glissèrent le long de ses clavicules en provocant des frissons sur leur passage. Mes doigts décrivirent un arc de cercle vers le bas, et se posèrent sur sa poitrine. Les bras de Paul m'entourèrent m'incitant à me rapprocher un peu plus, jusqu'à ce que mon corps fut contre le sien. Étrangement, mon souffle se coupa. Je haussais les sourcils de surprise. J'avais aussi des frissons, tandis qu'il parvenait à réchauffer mon corps. Je ressentis alors une sensation de soif au fond de ma gorge, que je décidais d'ignorer.
Inconsciemment, je me mis sur la pointe des pieds pour être un peu plus à sa hauteur. Puis sans crier gare, son visage fondit sur le mien et ses lèvres se posèrent sur les mienne presque aussi vite. J'écarquillais les yeux de surprise, et retins mon souffle. Sa bouche était brûlante contre la mienne qui était glacée, mais j'aimais cette sensation.
Je ressentis comme un sentiment de victoire, serrée dans ses bras. Comme l'accomplissement de toute une vie. Comme si nous étions faits pour nous rencontrer. Comme si tout ce que j'avais endurée pour en être là, n'étaient que des pièces de puzzles que j'avais j'avais pris le temps d'assembler. À présent tout devenait cohérent.
Je passais mes bras autour de son cou, en glissant une mes mains dans ses cheveux. Je détachais mes lèvres des siennes, pour qu'il puisse prendre sa respiration. Il colla alors son front au mien, avant de me regarder dans les yeux.
— C'est comme un rêve qui prend forme... Comme si j'étais né pour être avec toi, souffla-t-il entre deux respiration. Ta peau n'est même pas glacée...
Une de ses mains quitta mon dos, et posa sur ma joue avec tendresse.
— Je ne sais pas si je vais osé te le dire maintenant...
Je fronça les sourcils dans comprendre.
— Me dire quoi ?
Il plissa ses yeux l'air de réfléchir. Qu'avait-il à me dire, qui puisse le mettre dans cet état d'inquiétude ?
— Que je t'aime, Lana.
Je haussa les sourcils de surprise. Avais-je bien entendu ce qu'il venait de me dire ?
— Tu... tu m'aimes ?
— J'ai pas cessé de me demander quel était ce sentiment que je ressentais, tout au long de cette semaine. Quelle était la raison de cette inquiétude que je ressentais pour toi. Et je l'ai compris quand je t'ai vu agenouillée devant ce Volturis. J'ai compris que si nous étions arrivés plus tard que prévu, je t'aurais perdu pour toujours. J'aurais perdu la femme que j'aime.
Ses paroles s'incrustaient au fond de moi, réchauffant mon coeur de pierre. Je pourrais presque jurer que je venais de le sentir battre, même si ce n'était pas possible.
— Je ne sais pas quel est ce sentiment que je ressens... murmurais-je. Mais je crois que je t'aime, moi aussi. 

Twilight Chapitre 5 : RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant