Chapitre 47 : "Le cœur brisé..."

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Aichetou s'était levée très tôt afin de ranger ses affaires. Elle ne voulait surtout pas rater son vol. Modou lui avait proposé de l'emmener à l'aéroport, mais Maimouna l'avait supplié de laisser son mari et elle le faire. Elle aurait préféré y aller avec Modou mais ne voulait surtout pas vexer sa meilleure amie. Modou comprit parfaitement. Ils se parlèrent au téléphone jusqu'à ce que Maimouna et son mari viennent la chercher. Ils s'étaient promis de tout faire pour que leur relation marche et ce, malgré la distance. Une chose était sûre : ils commençaient à s'attacher mutuellement.

Modou avait deux réunions de prévu. L'une avec ses employés, l'autre avec quelques personne bienveillantes avec qui il souhaiterait parler de son projet d'aide aux étudiants et chômeurs.

Il avait fait venir le cousin de Rokhaya afin qu'il puisse connaitre le fonctionnement de l'entreprise.

Modou avait également prévu de voir Fatima. Ils s'étaient envoyés des sms et Modou lui avait proposé de sortir prendre un verre. Fatima aurait voulu couper les ponts avec Modou le temps vu la nature de ses sentiment.

Mais elle ne pouvait pas ; Pour le moment, c'était son cœur qui l'emportait sur sa raison. Elle se posait beaucoup de questions. Comment ferait-elle pour que Modou ne remarque pas qu'elle en est raide dingue ?

Comme on dit : « les mots peuvent mentir, mais le regard jamais ».

Le visage de Fatima était si expressif que cela n'était pas facile pour elle de camoufler certaines choses. Cela faisait pratiquement une semaine non-stop que la mère de Fatima avait remarqué que sa fille était devenue solidaire et triste. N'ayant rien pu obtenir de cette dernière, elle demanda alors à sa cousine qui lui déversa tout. Elle avait la langue pendue et, ne savait pas garder de secrets. La maman de Fatima la remercia avant de lui demander de la laisser prier. Elle verrouilla sa porte puis prit son téléphone. Elle adorait Modou et avait beaucoup d'estime pour lui. Sa fille méritait d'avoir un homme pareil à ses côtés. Il n'était pas question de laisser la Mauritanienne tout gâcher. Elle téléphona à sa meilleure amie et lui expliqua la situation.

La meilleure amie de la maman de Fatima était le genre de femme très affairée. Maman Oumou s'était trouvée une nouvelle mission celle de faire des prières en douce pour que Modou épouse Fatima.

Maman Oumou était tout sauf un exemple de femme modèle et vertueuse. Elle était tellement matérialiste qu'elle avait obligé toutes ses filles à des hommes fortunés. C'était le genre de mère à exiger des dots d'un montant minimum de deux millions, hors parure.

Sa fille cadette Anta était follement amoureuse de son copain. Il avait fait de longues études, mais n'arrivait pas à trouver un emploi stable. Il ne dénichait que des stages ; Parfois rémunéré, parfois non. Mais il s'arrangeait toujours pour faire plaisir à sa chérie. Il venait très souvent lui rendre visite et leur relation se passait très bien jusqu'au jour où sa mère décida de s'en mêler. Anta était dans la cuisine pour récupérer à boire pour son invité quand maman Oumou la rejoignit et lui posa des questions du genre : qui sont ses parents ? que fait-il dans la vie ? où habite-t-il ? étaient-ils en location ou était-ce leur maison ?

Elle trouva les réponses de Coura peu convaincantes et lui demanda donc de mettre un terme à leur relation car c'était un cas social. Après tout leur investissement, il n'était pas question qu'une de ses filles vivent d'amour et d'eau fraiche.

Au début le copain d'Anta continuait à venir même si maman Oumou le traitait mal. Mais cela devenait de plus en plus humiliant et il finit par rompre. Mère Oumou s'était arrangée pour que sa fille finisse dans les bras de Junior. Un prétendant de longue date dont les parents étaient très aisés.

Ce dernier était le genre de fils à papa qui ne faisait rien. Il se nourrissait des sous de sa famille. Il était immature et inconscient. C'est d'ailleurs pour cela qu'Anta n'avait jamais voulu être avec. Mais tout ce que sa mère voyait, c'était l'argent. Mère Oumou passait son temps à réclamer des sous à ses filles, elle les ruinaient.

Divorcée deux fois, elle avait du mal à trouver une nouvelle victime. Ses ex maris et ses anciennes amies avait réussi à ternir sa réputation. Personne n'osait l'approcher. Dans tous les cas, elle était tellement occupée à gérer la vie de ses enfants qu'elle n'avait même pas trop de temps pour elle. Manipuler et contrôler ses filles était son boulot à plein temps...

Modou venait de sortir de ses interminables réunions. Il téléphona à Fatima pour lui dire qu'il était en route pour le restau habituel.

Il avait voulu aller la chercher mais elle avait préféré prendre sa voiture car elle avait des courses à faire juste après. Ils arrivèrent pratiquement à la même heure. Ils avaient l'habitude de s'assoir à la même table à chaque fois, dans ce même restaurant. Ils commandèrent à boire et à grignoter. Ils racontèrent chacun leur journée.

Quelque minutes après, leur commande arriva.

Pendant qu'ils savouraient chacun leur cocktail, Modou confia à Fatima qu'il sortait avec Aichetou. Ils avaient décidé de donner une chance. Même s'il savait qu'elle avait des sentiments pour lui, il se devait d'être honnête avec elle. Elle ne méritait qu'il lui donne de faux espoirs. Fatima esquissa un sourire pour la forme.

Tout ce dont elle avait envie, c'était de crier. Son intuition ne l'avait pas trompée. Modou en pinçait vraiment pour cette Mauritanienne. Elle se demandait ce qu'elle avait de plus qu'elle. Qu'avait-elle de plus qu'elle ?

La suite de la discussion ne l'intéressât plus. Elle voulait retrouver sa voiture et verser toutes les larmes de son corps.

Et c'est ce qu'elle fit dès que Modou démarra sa voiture puis partit. Elle resta dans le noir et se mit à pleurer comme un bébé. Elle avait mal, elle était blessée et offensée. Ce qu'elle ressentait était pire que de prendre une balle en plein cœur.

Il fallait obligatoirement qu'elle prenne un peu de recul par rapport à tout ça et qu'elle coupe les ponts avec lui. Le temps de se retrouver et de savoir quelle attitude adopter face à tout ça. Modou venait de lui briser le cœur brisé en dix mille morceaux...

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