2/ Chercher et trouver

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Ils sont une vingtaine. Sans doute ne sont-ils pas tous arrivés. Olimpia avise deux blonds à l'accent résolument anglais. Charmants. Un grand baraqué aux yeux noirs et au sourire innocent. Un grec ? Pourquoi pas. Un binocleux aux airs d'intellectuel torturé. Sans doute un français. Les autres lui paraissent sans intérêt.

Quant aux filles, elle ne les observe que pour voir si l'étrangère du premier jour fait partie du groupe. Et effectivement, elle est là. Au premier rang. Elle répond à la perfection aux questions de Marco avec un léger accent français qui donne un exotisme très attirant à ses paroles. Marco est sous le charme, incontestablement. Olimpia le voit à son regard. Il a eu le même genre de regard pour elle. Enfin, avant de se souvenir de qui elle était la sœur.

Olimpia s'attarde dans le couloir pour alpaguer son premier poisson – elle s'est décidée pour le grec. Elle n'est jamais sortie avec un grec – et ne peut s'empêcher d'entendre la conversation que l'étrangère a avec Marco.

La fille cherche une collocation dans le centre. Elle a été logée dans un appartement excentré qui lui demande de faire un long trajet tous les jours et l'empêche de trouver un travail en ville. Elle n'a aucun moyen de locomotion propre.

Olimpia sait immédiatement qu'elle a là une opportunité de mieux connaître l'étrangère et de comprendre pourquoi elle l'intrigue tant, car elle a justement ce qu'il lui faut : une chambre en ville.

– Je peux te dépanner si tu veux ? dit alors Olimpia en se mêlant à la conversation sans y avoir été invitée.

– Pia ? Quelle surprise ! Je ne t'avais pas vu ! s'exclame Marco avec une mauvaise foi évidente.

Il sait pertinemment qu'Olimpia vient faire son marché dans son cours à toutes les rentrées.

– Marco. Je suis contente de voir que tu t'occupes toujours des étrangers. Ils sont entre de bonnes mains avec toi ! dit Olimpia avant de se tourner vers la française. C'est un excellent prof.

– Mais Mlle Melville n'a pas tellement besoin de moi. En un mois, elle a appris à parler avec fluidité.

– Merci, Monsieur Conti. Mais si j'arrive à me débrouiller à l'oral, j'ai encore beaucoup à apprendre pour écrire correctement. Et il est nécessaire que j'y parvienne.

– Ça va aller très vite, j'en suis certain.

La fille se tourne alors vers Olimpia avec un sourire absolument incroyable. Deux fossettes, et des lèvres immenses transformant son visage en quelque chose de radieux. D'irrésistible. C'est ça, le truc ! L'anomalie ! Comment arrive-t-elle à faire ça ? Avec un tel sourire, elle va faire des ravages. C'est certain !

Olimpia voit Marco fondre à vue d'œil alors qu'il ne la regarde que de profil. Il ne va pas tenir longtemps à ce rythme. L'italienne trouve ridicule l'air niais qu'il affiche. Et ce réflexe débile de desserrer sa cravate comme s'il avait soudain chaud... Il faut éloigner Mlle Melville aussi vite que possible. Sans plus réfléchir, Olimpia attrape le bras de l'étudiante étrangère, et l'entraîne à sa suite, plantant là, Marco Conti et son potentiel petit ami grec, dont elle ignore encore le nom.

– Moi, c'est Olimpia Malatesta. Mais tout le monde m'appelle Pia. Et toi ?

– Céleste Melville.

– Céleste ? répète Olimpia en le prononçant à l'italienne avec un son « ch » au début et un « é » final.

– C'est ça. Céleste Melville.

– Ça va plaire à la mia nonna.

– Ta nonna ?

– Oui. C'est chez elle que je loge. Avec deux autres étudiantes, rassure-toi. C'est très grand, et elle cuisine divinement. Et... il y a une chambre de libre !

– Tu peux me dire de combien sera le loyer et les charges parce que j'ai un budget très serré...

– Ne t'inquiète pas. Je vais arranger tout ça...

– Mais...

– Pas de mais ! Tu es en Italie, ici ! Maintenant que je t'ai proposé mon aide, tu es de la famille ! Et la famille, c'est sacré !

Sur ces paroles ahurissantes pour la française, elle l'emmène vers une terrasse de café. Il fait beau, et elles ont un certain nombre de choses à se dire. Enfin, surtout Pia, Céleste est encore bien trop française et trop peu italienne pour se livrer à cœur ouvert à la première venue. Quand bien même cette dernière déploie des trésors de sympathie pour l'amadouer. C'est bien la première fois que quelqu'un cherche l'amitié de Céleste avec autant d'empressement.

À son grand désarroi, la jeune femme va bientôt découvrir qu'effectivement l'empressement ou plutôt, la détermination, caractérise l'ensemble de la famille Malatesta à des niveaux divers.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant