Les jours suivants, Céleste s'immerge totalement dans son mémoire. Elle ne veut penser à rien d'autre. Son travail d'écriture est si colossal qu'elle y parvient parfaitement, malgré les tentatives répétées d'Olimpia pour la sortir de son tunnel de travail.
La française sort dès les premières heures pour aller à la bibliothèque et ne revient que tardivement le soir. Pia et Gianna s'inquiètent, car il est évident que Céleste ne se nourrit pas suffisamment. Elle refuse poliment toute sorte d'aide, prétextant qu'elle a pris du retard.
La nonna sent que quelque chose est arrivé, mais elle ne parvient pas à savoir quoi. Sa petite fille ne sait rien de plus qu'elle, ce qui l'incite à penser qu'il s'agit de quelque chose en lien avec Galeazzo. Mais quoi ? La française refuse d'en parler. Elle s'est enfermée en elle-même.
– Je crois qu'on a besoin de Giù.
– Giù ? Mais il n'est plus du tout disponible ! Il passe son temps avec sa mystérieuse copine...
– Et l'autre ? Le type qu'elle a rencontré à Noël ?
– Stefano ? Peut-être... Je vais voir s'il est disponible.
– Le mieux ce serait les deux. Occupe-toi de ce Stefano, moi, je m'occupe de Giù et Battista. Il faut arriver à la faire parler... il faut qu'elle vienne avec nous à la fête du premier de l'an.
– Là, nonna, tu rêves ! Jamais elle acceptera. Je crois qu'elle en a marre de nous... le mieux ce serait peut-être de la laisser tranquille...
– Elle ne mange rien et elle se tue au travail, Pia ! Tu veux la retrouver à l'hôpital ! Mais quelle sorte d'amie es-tu ?
– Nonna ! Je n'ai plus d'idée !
– Appelle ce Stefano et ton Petrus aussi ! On va avoir besoin de tous ces hommes pour la convaincre ! Pas question de la laisser seule...
Galeazzo Malatesta a eu beaucoup de mal à se sortir Céleste Melville de la tête. Il a eu plusieurs jours de flottement durant lesquels il s'imaginait la revoir par hasard au bureau. Ce qui était parfaitement impossible vu que l'équipe de ménage ne reviendra qu'après le nouvel an, et que son propre emploi du temps est particulièrement chargé. La société finalise un gros projet avec l'Allemagne. Comme il en est l'instigateur, il a la responsabilité de sa supervision.
Le travail a finalement pris le pas sur le reste. Galeazzo a fait comme d'habitude. Il a claquemuré les élans de son cœur et s'est plongé dans ses dossiers.
Et puis, le 31 décembre, son père lui a demandé de prendre en charge à l'aéroport plusieurs de ses collaborateurs étrangers, invités à la soirée de nouvel an organisée par la société. Giuseppe s'occuperait, quant à lui, de la fratrie et des nonne. Car tout le monde doit venir. C'est une tradition plus encore que celle de Noël. Montrer un front uni - une famille parfaite - à cette soirée professionnelle.
Ses passagers travaillent tous les trois pour un sous-traitant Allemand. Galeazzo remarque tout de suite la relation d'autorité qui lie la femme au plus jeune des deux hommes. Elle le toise avec une certaine suffisance, et lui l'observe en douce avec crainte. Une maîtresse femme et son esclave visiblement. Hypothèse confirmée lorsqu'elle s'adresse à Galeazzo pour le remercier d'être venu les chercher. Elle parle avec l'assurance de celles qui se savent puissantes et compétentes.
Le deuxième homme semble s'ennuyer au possible, mais Azzo ne peut dire s'il s'agit d'un subordonné. Son père ne lui a donné que leurs noms. Lauren Piberg, Anders Sorensen et Hans Volker.
Seule Lauren parle parfaitement italien. Elle s'assoit à l'avant et s'occupe de faire la conversation pour combler le silence de la voiture durant le trajet. Les deux hommes à l'arrière observent le paysage distraitement.
– C'est la première fois que votre société nous invite, M. Malatesta. On nous a dit beaucoup de bien de cette soirée du nouvel an. Une vraie réussite d'année en année.
– Je suis content que ce soit le sentiment général. Mon père y tient beaucoup. C'est une tradition à laquelle il ne dérogerait pour rien au monde.
– Pardonnez ma franchise et ma curiosité, mais est-il toujours célibataire ?
– Qui ? Mon père ?
– Oui.
– Il est surtout très veuf...
– Ça je sais, mais ça fait longtemps maintenant... et des bruits courent sur une femme plus jeune qui serait sur les rangs pour s'attribuer ses faveurs. Et d'expérience, je sais que les hommes de son âge qui se lancent dans ce genre d'aventure sont parfois moins présents côté professionnel...
Galeazzo se retient de rire avant de répondre.
– Je ne sais pas où vous avez entendu ça, mais mon père n'est pas prêt à se remarier.
– Qui a parlé de mariage ? Je parlais d'aventure. Ce qui est beaucoup plus préjudiciable, croyez-moi.
– Une aventure ? Je crois que je serai au courant. Je travaille avec lui. Et c'est mon père.
– Vous êtes bien naïf... Un homme qui recherche une aventure trouve toujours le temps et sait très bien la cacher, dit-elle en lui lançant une œillade sans équivoque.
La soirée s'annonce intéressante.
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Romance à l'italienne
ChickLitÉtudiante française, Céleste vient d'arriver en Italie, prête pour une année d'étude dont elle a rêvée. Elle est prête à tout donner pour revenir auréolée de succès. Mais c'était sans compter la famille Malatesta. D'abord la fille cadette, Olimpia q...