25/ Seule face au danger

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Céleste se réveille avec l'aube. Elle a oublié de fermer les volets la nuit dernière. Épuisée par un sommeil court et agité, son esprit est encore en pleine confusion. Il s'attarde sur ce ciel étoilé de sa chambre, dont certaines parties manquent, révélant le plâtre décrépi du plafond. Est-il sain de dormir ici ? Sans doute que non.

Puis lui revient en mémoire toute la soirée précédente.

De toute façon, elle va devoir partir. Même si Galeazzo Malatesta lui a affirmé que cela ne poserait pas de problème, il est évident que cela en posera. Ne plus avoir de compte à rendre à cette famille... Il est important qu'elle retrouve son indépendance vis-à-vis d'eux. Et ce, malgré la confusion qui règne en elle. Elle se sent fiévreuse. Mais que lui arrive-t-il ? Est-elle tombée malade ? Elle ne peut pas se le permettre.

Elle attrape ses affaires de toilettes et se rue dans la salle de bain.

Une fois dans le couloir, elle se souvient qu'elle est seule. Les autres étudiantes ont rejoint leur famille pour les fêtes. Et Olimpia est là où elle l'a laissée. À plus d'une heure de cet endroit, dans son palazzo familiale avec toute sa satanée et épuisante famille...

Pourquoi Céleste est-elle encore en colère ? Elle sent le bouillonnement qui l'a animée la veille. Il est pugnace. Il ravage sa raison. Lui donne envie de hurler. Pourtant, elle est bien seule. Personne pour la mettre en mauvaise posture. Personne pour se moquer ou la mépriser. Personne pour la juger... personne pour l'aimer... Elle est bel et bien seule.

Sous le jet d'eau chaude de la douche, sans préavis, elle sent les larmes couler sur ses joues. Elle est seule. Oui. Seule. Jusqu'à présent, elle n'en a jamais souffert. Elle peut même avouer qu'elle a recherché cette solitude qu'elle pense nécessaire pour atteindre ses objectifs. Pour réussir.

En France, elle s'est enfermée pour se protéger des autres. De sa famille. De la distraction. Elle s'est convaincue de suivre le bon chemin. D'être sur la bonne voie. Sa vie devait être faite d'abnégation et de dur labeur. Elle économisait chaque sou gagné. Elle ne dépensait jamais son temps inutilement. Efficacité et sérieux sont les deux adjectifs qui la caractérisent à tout moment. Et ce, depuis ses 15 ans. Mais elle n'a pas eu le choix. Non, elle n'a pas eu le choix. Il s'agissait de survivre. Il s'agit toujours de survivre.

L'année précédente, elle avait décidé de partir à l'étranger pour poursuivre son cursus. Pas qu'elle soit amoureuse de l'Italie - elle n'en connaissait même pas la langue - mais elle avait senti qu'il fallait qu'elle le fasse. Qu'elle sorte des clous. Qu'elle parte à l'aventure. Que c'était le moment. Elle n'aurait plus jamais une occasion pareille, surtout financièrement. Elle en était consciente. Alors elle avait sauté le pas, choisissant le pays pour lequel il y avait le moins de candidat. Un choix par défaut, en quelque sorte.

Après un long voyage dans un train de nuit, elle est restée un mois et demi seule dans la campagne toscane et elle est tombée amoureuse de ce pays. De ses habitants. De cette chaleur humaine et solaire qui illumine chaque jour. Elle a entrebâillé la porte de son cœur, et l'Italie toute entière s'y est engouffrée. Ce pays s'est offert à elle sans rien demander en contrepartie, ou si peu.

Et cette chaleur, cet enthousiasme, et à présent, cette joie qu'elle sent autour d'elle lui montrent comme elle est seule. En France, ses choix ont été biaisés dès le départ. Elle n'a vu que ce qu'on lui a laissé voir. Pas ici. Ici, elle voit tout. Elle embrasse le tableau entier de la vie et elle réalise que se condamner à la solitude n'est pas le bon choix. Ça ne l'a jamais été. Qu'elle aurait pu aussi atteindre son but en s'ouvrant aux autres. Qu'elle le peut encore.

Sauf si elle laisse la peur la tétaniser. Sauf si elle laisse la peur déployer sa colère pour la protéger de tout et de tous. La colère a été son rempart. La haine son épée. Elle a vaincu tant d'obstacle ainsi. Sera-t-elle capable d'autre chose ? Elle l'ignore, et le désastre de la veille lui montre qu'elle n'est pas prête. Qu'elle va devoir fournir d'autres efforts. Des efforts qu'elle n'a jamais envisagés jusqu'à maintenant.


Un bruit en provenance du couloir la fait sursauter. N'a-t-elle pas fermé à clé la veille ? Elle ne sait plus. Elle était dans un tel état ! Bon sang ! Quelqu'un s'est introduit dans l'appartement pour le dévaliser ! C'est sûr ! Il n'est plus question de se lamenter sur son sort ! Elle doit protéger l'appartement. Elle doit bien ça à Gianna !

Elle essuie ses yeux et attrape sa serviette de bain pour s'enrouler dedans. À la recherche d'une arme potentiel, elle avise le dessus de la chasse d'eau. Un beau morceau de porcelaine qui lui fera un battoir correct. À pas de loup, elle ouvre la porte qui donne sur le couloir, et voit de la lumière par l'entrebâillement de la porte de la cuisine.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant