12/ Contrariétés et honneur familial

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Céleste fulmine. Giuseppe l'a filmée ! Et non seulement ça, mais il a mis la vidéo en ligne ! Elle va le tuer ! Questo cavolo ! Et justement, il arrive avec son verre et un immense sourire. Mais voyant le regard de la française, il bifurque vers une autre table où il a visiblement fort à faire.

Il ne va pas s'en tirer comme ça ! Céleste va se lever quand Galeazzo vient s'asseoir sur la banquette bien trop près d'elle à son goût.

– Quoiqu'il ait pu faire, il est inutile de vous énerver, il recommencera dès qu'il le pourra. Et puis, il n'est pas en état...

– Merci du conseil M. Malatesta, mais je crois que je vais quand même aller lui dire ce que je pense !

– Galeazzo.

– Pardon ?

– Arrêtez avec M. Malatesta. Monsieur Malatesta, c'est mon père. Moi ce sera juste Galeazzo.

– Très bien. Galeazzo. Je vais aller dire deux mots à Giuseppe, dit-elle en se levant.

Il lève son verre en signe d'assentiment. Elle déteste le regard qu'il lui lance et reste figée.

– Et bien, vous n'y allez pas ?

– Pourquoi... Non rien ! J'y vais ! Et elle se retourne le laissant là avec ses interrogations quant à savoir ce qu'elle a voulu lui dire. Mais peut-être ne préfère-t-il pas y penser, car vue son dernier regard, ce ne devait pas être des choses très agréables.

Il soupire en l'observant se ruer vers Giù. Son frère a l'air contrit une seconde, tout au plus. Ensuite, il se met à rire et l'entraîne vers la piste de danse sans ménagement.


Céleste se dit que finalement, elle aurait mieux fait d'écouter l'aîné des Malatesta. Giuseppe a un peu trop bu. C'est évident. Et elle ne fait pas le poids face à lui. Elle ne veut pas faire un esclandre, mais ne voit aucun moyen d'échapper de manière sereine à l'italien, d'ordinaire si gentil avec elle. Elle cherche Pia des yeux, mais ne la voit nulle part. Évidemment.

Le couple mal assorti se noie dans la foule de la piste de danse. Giuseppe tient si fermement Céleste contre lui, qu'elle est encore plus blanche que d'habitude si c'est possible. Il ne la regarde pas. Il semble être ailleurs, mais ne tient pas à la laisser s'échapper.

– Tu permets, dit alors une voix derrière lui. Je crois que j'aimerais bien danser avec elle aussi.

Galeazzo sourit à son frère avec un air un peu canaille. Genre, on partage la fille, et c'est buono. Céleste a envie de hurler de rage, mais elle se sent prête à n'importe quoi pour échapper à la poigne de Giuseppe.

– Enfin ! Tu te décides, fratello mio ! C'est pas trop tôt ! Allez ! Je te la laisse... de toute façon...

Il n'achève pas sa phrase, manquant de tomber en s'écartant de sa compagne. Céleste comprend soudain que s'il la tenait si fort jusque-là, c'était probablement pour ne pas tomber. C'est étrange ! Elle ne l'a pas vu boire tant que ça... Galeazzo aide son frère à se rétablir. Puis, il prend Céleste par le bras et l'éloigne. Il se dirige directement vers la sortie où il trouve Olimpia et Petrus en train de s'embrasser...

– Pia, occupes-toi de Giuseppe ! Il n'est plus en état ! J'appelle Battista et ses potes pour qu'ils rentrent par eux-mêmes. Je raccompagne la française.

– Mais pourquoi...

– Plus tard, Pia ! Fais ce que je te dis sans poser de question, pour une fois !

Il n'attend pas sa réponse et entraîne Céleste qui n'a même pas eu le temps de placer un mot.

Au bout de quelques mètres néanmoins, elle s'arrête net et l'oblige à s'arrêter aussi.

– Quoi ?

– Vous me faites mal ! Et je ne suis pas un simple paquet à livrer ! Je peux rentrer seule ! Je n'ai pas besoin de vous pour me tenir la main comme una bambina !

– Plus.

– Quoi ?

– Plus besoin de vous ! Parce que dans le club, vous aviez besoin de moi.

– J'avais effectivement besoin de quelqu'un ! Mais pas forcément de vous !

– Bene, dit-il en soupirant et en se appuyant ses doigts sur ses yeux. Vous voulez rentrer seule ! Je m'en contrefous ! J'ai juste évité à mon frère de se retrouver dans une situation délicate !

– Ah ! C'est moi qui étais dans une situation délicate ! Pas lui !

– Sauf que personne ne vous connaît. Alors que Giuseppe...

– Giuseppe est un Malatesta ! C'est vrai ! L'honneur de la famille prime ! Moi, je ne suis rien ! Vous avez totalement raison ! Peu importe ce qui peut m'arriver ! Raison de plus pour me laisser rentrer seule ! Vai ! Si j'étais vous, j'y retournerais presto, parce que Pia ne sera peut-être pas à la hauteur de vos espérances...

Et sur ces paroles, elle part d'un pas déterminé. L'appartement n'est qu'à quelques rues. Rien de bien compliqué. Elle regrette juste d'avoir laissé son manteau sur la banquette du club. Elle espère que Pia pensera à le lui prendre.

Galeazzo la fixe un moment, avant de repartir vers le club l'air contrarié. Il a une urgence familiale ! Il n'a pas de temps à perdre à s'occuper des états d'âme de cette satanée française !

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant