– C'est une plaisanterie ?
– Pas du tout.
– Cette fille ? Parmi toutes celles qui t'entourent, te cherchent et te tomberaient volontiers dans les bras, tu choisis cette fille ?!
– Cette fille, comme tu le dis si peu agréablement, est la femme avec qui je veux vivre, père. Et je n'ai pas l'intention d'en discuter avec vous. J'ai le droit de choisir, il me semble...
– Ça suffit ! Je pourrais accepter n'importe qui, mais pas cette fille !
– Et pourquoi donc ? Qu'a-t-elle fait qui vous mette si en colère...
– Elle est... Elle est...
– Si je ne vous connaissais pas, père, j'en viendrais à me demander si vous n'en êtes pas tombé amoureux vous aussi...dit Galeazzo avec un demi sourire en se souvenant de la colère qui l'habitait lorsqu'il tentait de résister à l'attirance qu'il avait pour Céleste.
– Porca miseria ! Galeazzo ! lâche Alessandro en foudroyant son fils du regard.
– Père.
– T'es-tu seulement renseigné sur elle ?
– Inutile.
– Comment ça, inutile ? Tu es mon héritier ! La fortune de notre famille ne peut tomber entre les mains d'une intrigante.
Galeazzo ne peut se retenir plus longtemps. Il éclate de rire. Comparer Céleste à une intrigante, alors qu'elle rechigne tant à accepter le moindre cadeau, est pour le moins cocasse. Sans compter qu'il y a un autre détail qui le chiffonne ;
– Père. Que les choses soit bien clair. Je suis l'ainé de vos fils. Je prends avec plaisir la charge de vous succéder à la tête de l'entreprise familiale. J'aime ce que je fais et j'apprécie la confiance que vous mettez en moi. Toutefois, je ne suis pas votre unique fils. Giuseppe et Giambattista sont aussi vos héritiers. Sur leurs épaules, repose également une partie de la fortune familiale. Allez-vous également tenter de leur imposer vos considérations sentimentales ? Parce que si c'est le cas, je crains que vous n'essuyiez encore quelques déconvenues. Et sinon, je me demande pourquoi vous me réservez ce traitement. Y-t-il quelque chose que vous auriez à me reprocher ?
Alessandro n'a pas le temps de répondre. La porte de la bibliothèque s'ouvre en même temps que sa bouche qui reste pourtant silencieuse tant ce qu'il voit le stupéfie. Nonna Gianna et Nonna Maria sont là toutes les deux. Et elles sont furibondes
– Alessandro Malatesta ! Veux-tu cesser de torturer ceux que j'ai eu tant de mal à réunir ! hurle Nonna Gianna camper à l'entrée en mettant ses poings sur ses hanches.
Nonna Maria ne dit rien, mais à ses yeux, Alessandro sait qu'elle n'en pense pas moins. Il se demande brièvement comment la française a pu ensorceler toute sa famille sans qu'il ne se doute de rien. Sans qu'il ne voit rien venir. Cette fille est dangereuse. Il n'en démord pas.
Sa colère tombe cependant comme un soufflet. En bon fils, Alessandro n'a jamais su résister à sa mère. Surtout lorsqu'elle est en colère. C'est que cette petite femme qui ne paye pas de mine dans la foule, a l'âme d'un général en campagne. Rien ne lui résiste. Tous se plie à sa volonté sans exception sans rancune, ni rigueur. D'ailleurs, ceux qui plient devant elle, malgré leur orgueil malmené, sont bien obligés de reconnaitre qu'elle avait raison. Encore une fois. Pourquoi Alessandro ferait-il exception ?
– Mamma !
La conversation qui s'ensuit est spectaculaire. Le patriarche n'entend pas baisser les armes immédiatement. Ça ne se fait pas dans la famille Malatesta – ni dans aucune famille italienne, à ma connaissance. La discussion, il n'y a que ça de vrai ! -, et certainement pas entre un fils et sa mère.
Céleste qui a opté pour un retrait stratégique dans le jardin, histoire de se calmer les nerfs, ne perd finalement pas une miette de ce qui se passe dans la bibliothèque. Elle se rapproche même quand nonna Gianna décide de démontrer par A+B que si elle avait laissé faire Giancarlo et Romano Sanmaggiore, Alessandro n'aurait jamais épousé Fausta !
Puis la voix de Galeazzo s'élève, s'impose, et tous font silence brusquement.
– Je l'aime, Père. Céleste est sans conteste la femme de ma vie. Je...
Le jeune homme n'a pas le temps d'en rajouter, qu'une petite furie multicolore bondit sur lui et l'enlace avec force. Céleste n'a pas pu résister. Elle est la femme de sa vie ! Elle n'en croit pas ses oreilles. Il l'aime. Il le clame haut et fort devant son père. Devant tout le monde. Et elle ? Elle ne peut pas résister, voilà ! C'est comme ça ! On ne peut pas tout expliquer. Et surtout, on ne peut pas toujours se battre. Il faut savoir aimer. Et elle aime Galeazzo Malatesta.
– Comment tu veux t'opposer à ça, figlio mio ! Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir que ces deux-là sont faits pour être heureux ensemble. Alors ne t'avise pas de contrecarrer mes plans, murmure Nonna Gianna à l'intention de son fils en lui donnant un coup de coude.
Alessandro doit reconnaitre que l'étreinte des deux jeunes gens est émouvante. Il y a une force qu'il regrette lui-même. Il hausse les épaules et soupire, avant de s'assoir lourdement dans le premier fauteuil qu'il trouve. Triomphante, Nonna Gianna va se moquer de Galeazzo et Céleste, histoire de faire retomber la pression et de les faire atterrir. Parce que lorsqu'ils sont comme ça, il n'y a plus grand-chose qui les touche. Parce que quand le cœur explose, rien ne le contient plus que les bras de ceux qui cause cette explosion.
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Romance à l'italienne
ChickLitÉtudiante française, Céleste vient d'arriver en Italie, prête pour une année d'étude dont elle a rêvée. Elle est prête à tout donner pour revenir auréolée de succès. Mais c'était sans compter la famille Malatesta. D'abord la fille cadette, Olimpia q...