Céleste ouvre la petite boite et reste sans voix pendant une seconde. La broche repose sur un petit coussin de velours bleu qui met en valeur la pierre translucide en son centre et rehausse le rose de celles qui l'entourent. C'est magnifique et d'une délicatesse rare.
– C'est... beaucoup trop... Galeazzo ! On avait dit pas de cadeau hors de prix ! Je ne peux pas aller à la fac avec une telle merveille ! Ça a dû te couter un rein au moins, sinon les deux !
Galeazzo sourit. Il s'est habitué aux remarques de Célestes concernant l'argent. Il n'y prête pas plus attention que d'habitude. En fait, ça l'amuse plutôt. Elle n'arrive pas à concevoir qu'il n'a et n'aura sans doute jamais de difficulté à la couvrir de cadeaux.
– En fait, ça ne m'a rien couté.
– Pardon ? L'aurais-tu volée à quelque matrone en passant ?
– Il y a de ça...
– Quoi !!!
– C'est nonna Maria qui me l'a donnée. Elle est dans sa famille depuis des lustres. Un truc qu'une ancêtre cantatrice portait pour lui porter bonheur sur scène...dans ce genre-là.
– Tu n'as pas retenu l'histoire du bijou ?! Tu t'es contenté de le prendre ?! Galeazzo !
– Je me suis dit que tu aimerais entendre l'histoire de la bouche même de Maria. Ce qui ne manquera pas d'arriver si tu portes la broche au prochain repas familial.
– Ah ! À ce sujet...
– Non.
– Quoi, non ?
– Non, tu n'y couperas pas. Ça fait trois mois que nous nous voyons en « secret ». En gros, à part mon père, tout Sienne est au courant, et c'est de plus en plus difficile de le lui cacher. Il faut que tu viennes. Je veux que tu viennes.
La détermination de Galeazzo est au moins aussi grande que celle de Céleste. C'est pour cette raison que leur relation demeure explosive. Pas d'apaisement consensuel encore. Céleste demeure une sacrée tête de mule, et lui, un italien pur jus !
La française tente de surpasser la confrontation de son monde avec celui de Galeazzo. Elle cherche à se frayer un chemin sans y perdre des plumes, car elle ne tient pas à intégrer cette famille et s'y perdre. Elle veut conserver son identité et ses particularités.
Elle se retrouve donc souvent à mettre un frein à la générosité de cet homme qui l'aime au point de vouloir la faire sienne totalement. Au point de la vouloir chaque seconde à ses côtés. Elle lui montre qu'elle n'est pas seulement sa petite-amie. Elle est une personne à part entière et entend le rester.
Elle accepte ses cadeaux, mais refuse une exemption de loyer, même si nonna Gianna s'est fâchée à cause de son « obstination stupide de française mal éduquée », qu'elle a teinté d'une ribambelle de mots en patois d'Italie du sud que Céleste n'a pas compris, avant de lui fourrer des canestrini sous le nez en bougonnant toujours - Nonna Gianna dans toute sa splendeur -.
Céleste reste Céleste. Alors elle râle et cherche des excuses pour en pas aller à ce repas qu'elle redoute tant. Alessandro Malatesta est le seul obstacle à sa pleine et entière intégration à la famille. Il est le patriarche qu'elle va devoir amadouer après lui avoir tenu tête... ça risque d'être un peu chaud... Elle ne se sent pas prête. Mais le sera-t-elle jamais ? Il va bien falloir, car Galeazzo est décidé et ne changera pas d'avis. Pas cette fois.
Lui ne voit qu'une chose : le départ prochain de sa dulcinée, car Céleste va devoir rentrer en France pour valider son année de fac. Il veut pouvoir venir avec elle. Et ça ne sera possible que si Alessandro donne son accord pour que son fils, son bras droit dans l'entreprise, disparaisse des affaires pendant quelques semaines, voire quelques mois, le temps pour la jeune femme de régler tout ce qui doit l'être avant son retour dans sa nouvelle patrie. Parce que pour ça, Céleste est d'accord.
Vivre en Italie. Travailler en Italie, ou bien même, pourquoi pas, continuer ses études en Italie. Mais surtout partager sa vie avec Galeazzo en Italie. Aimer Galeazzo en Italie.
Car elle l'aime. Elle l'aime même parfois à ne pas savoir quoi dire, et se retrouve souvent avec ses lèvres sur les siennes à savourer le silence et la douceur. Leurs deux corps s'accordent à la perfection, et les quelques nuits qu'ils ont partagées – Toutes dans l'appartement de Galeazzo. Impossible de faire quoique ce soit dans la chambre de Céleste, aussi près des oreilles des autres Malatesta ! -, ont été des moments inoubliables. Intenses. Autant que leur relation, en fait. Il y a de l'amour. Il y a de la passion. Il y a un sentiment fort qui les lie quoi qu'il arrive. Une attraction à laquelle ils ne veulent pas échapper.
– Écoute. Il n'y aura pas de problème. Ok ? Je t'assure. Il ne dira rien.
– Il a déjà dit beaucoup.
– Tu sais comme nous sommes, maintenant. Il va falloir mettre...
– Oui, je sais, un peu d'eau dans mon vin... même si je ne bois pas de vin...
– Même si tu ne bois pas de vin, répète-t-il avec le sourire en lui serrant les doigts gentiment.
Il l'attire à lui et l'embrasse.
– Cette broche ira à merveille avec n'importe lequel de tes horribles vêtements...
– Cazzo ! s'exclame-t-elle en riant.
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Romance à l'italienne
ChickLitÉtudiante française, Céleste vient d'arriver en Italie, prête pour une année d'étude dont elle a rêvée. Elle est prête à tout donner pour revenir auréolée de succès. Mais c'était sans compter la famille Malatesta. D'abord la fille cadette, Olimpia q...