11/ Un karaoké sinon rien !

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Inattendu ? Non ! Ça n'est pas assez fort. Stupéfiant ! Oui ! Stupéfiant ! Pas sa voix somme toute assez banale, mais ce rythme ! Et cet accent !

Giuseppe rit aux éclats en écoutant sa petite française multicolore embobiner toute la salle avec son mambo gonflé à l'électro. Pia a embarqué Petrus pour danser avec d'autres jeunes. C'est extra ! Giù filme, bien sûr, avec l'un de ses comptes vidéo. Ce qui a pour résultat une publication immédiate et en direct sur les réseaux sociaux. Si Céleste pensait pouvoir passer inaperçue, c'est raté. Même si elle ne le sait pas encore.

Lorsqu'elle a enfin fini, elle est épuisée et a la gorge sèche, mais elle est heureuse. Comme presque tout le monde, elle chante sous la douche. Jamais elle n'aurait pensé pouvoir le faire devant d'autres personnes, et certainement pas devant des inconnus. À présent, elle se rend compte que chanter est libérateur. Vraiment.

– T'es une vraie vedette ! Toi ! Quand je pense que tu ne voulais pas venir ! Ma !

– Je dois reconnaître que c'était amusant... super amusant même, répond-elle avec l'un de ses larges et radieux sourire.

Giuseppe la fixe avec un regard brillant qu'elle ne lui connaît pas, mais elle ne s'en préoccupe pas. Elle est encore inondée du plaisir d'avoir chanté. Et d'avoir bien chanté en plus !

– Céleste, la diva ! s'exclame Pia essoufflée par le rythme endiablé du mambo. Tu ne pourras plus jamais te faire prier ! On va instaurer un soir de karaoké par semaine, avec au moins deux chansons pour toi !

– Mais je ne connaissais que celle-là !

– Sur les deux cents chansons proposées ?

– Deux cents chansons ? Mais il n'y en avait qu'une quinzaine...

– Et plusieurs pages... éclate Giù en riant.

– Bon, ben, en attendant j'ai soif ! Aubergiste ! Une pinte de votre meilleur hydromel ! s'exclame Céleste en français vers le jeune et fringant barman qui la fixe avec des yeux rieurs.

– Mais avec le plus grand plaisir, gente demoiselle, répond-il en français.

C'est bien sa veine ! Le barman comprend sa langue natale ! La jeune femme rougit jusqu'à la racine des cheveux.

– Pardon. Je me contenterai d'un jus de fruit... dit-elle en italien cette fois.

– Pas de problème. C'était plutôt amusant. Surtout venant d'une fille aussi petite et colorée.

Céleste ne sait pas si c'est un compliment ou une boutade. Elle décide que c'est un compliment et sourit. Après tout, ces deux adjectifs s'appliquent parfaitement à sa personne. Petite, elle l'est avec son mètre soixante. Et colorée, elle l'est aussi, indubitablement. Et plutôt deux fois qu'une. Toujours. Parce que, à bien y regarder, sa vie n'a jamais eu assez de couleurs.

– Pomme, orange, fraise, abricot, ananas ?

– Ananas !

– Et je mets quoi avec...

– Rien... Juste du jus d'ananas ! Et je peux avoir une paille ?

– Juste du jus de fruit ? Bon, ok... Je peux aussi mettre une ombrelle ! Mais faites attention, je vais finir par vous demander votre carte d'identité pour connaître votre âge avec des goûts pareils...

– Elle est majeure et vaccinée, répond Giù en enveloppant Céleste de son bras.

La jeune femme le fixe avec étonnement. Puis, elle se met à rire en s'extirpant de sa protection de mâle dominant. Elle attrape son verre et s'éloigne en lançant un :

– T'es pas croyable, Giù !

Le jeune italien et le barman échangent un regard avant de hausser les épaules. Il y a des combats que l'on ne peut gagner facilement. La conquête de Céleste Melville en est un.

La jeune femme réintègre la banquette avec bonheur pour siroter son verre tranquille en regardant d'autres personnes tenter le moins de fausses notes possibles sur des morceaux parfois ringards. Céleste est contente d'elle. Elle s'en est bien sortie comparé à certains.

– Pas mal la française ! entend-elle derrière elle. Il va falloir recommencer avec un autre morceau pour nous prouver que ça n'était pas la chance du débutant !

Giambattista et deux autres garçons de son âge viennent d'arriver. Il a vu la vidéo de Giù et est venu participer à cette soirée qui s'annonce géniale à plus d'un titre.

– Battista ! Mais je croyais que tu ne pouvais pas sortir tard en semaine ?

– Non. À part quand je demande la permission et qu'on me la donne. Va savoir ce qui a bien pu amadouer mon chaperon dit-il en montrant une haute silhouette accoudée au bar. Galeazzo Malatesta en personne !

« Cazzo ! » pense Céleste qui semble se recroqueviller dans son siège.

– Bah ! Laisse tomber ! Il t'a vu de toute façon ! Je lui ai montré la vidéo !

– Quelle vidéo ? demande Céleste en se redressant comme si elle avait été montée sur ressort.

– Demande à Giù ! Nous, on va chanter !

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant