Céleste éclate de rire devant un Giambattista rhabillé par Stefano. Le jeune lycéen est affublé d'un pantalon à carreaux dans les tons marron et d'un pull jaune soleil. Toute cette lumière fait ressortir le noir de ses yeux et de ses cheveux. Il est parfait !
– Stefano, Je crois que je déteins sur toi !
– C'est parce que tu aimes que tu dis ça ? Petite païenne sans vergogne ! C'est peut-être que tu commences à avoir du gout grâce à moi, en fait !
– En attendant, je ne peux pas mettre ça au lycée ! s'exclame Battista en se regardant dans le miroir du magasin.
– Et pourquoi ? Tu es parfait ! Même Céleste est d'accord !
– Peut-être, mais j'ai eu assez de problème comme ça... si tu vois ce que je veux dire.
– Je vois parfaitement et je t'invite à leur faire un bras d'honneur à questi stronzzi.
– Je ne peux pas, Stefano. On en a déjà parlé.
Céleste écoute le dialogue sans broncher. Stefano à quatre ans de plus que Giambattista. Cela se sent particulièrement en cet instant. À sa manière d'accepter sa différence. À sa manière de l'affirmer sans en faire trop cependant. Il n'est pas là pour se donner en spectacle. Mais il refuse de nier une partie de ce qui le définit en tant qu'individu.
Il aime les hommes. Et alors ? Il aime plus particulièrement Giambattista que Céleste lui a présenté il y a plus d'un mois. Et alors ? Et alors, Battista, lui, n'arrive pas encore à s'affranchir de l'ombre que l'on a jeté sur lui à Florence, dans son ancien lycée. Le rire moqueur de Lorenzo hante certaines de ses nuits comme un fantôme. Ce qui a été dit et fait ensuite s'invite en cauchemar, parfois. Il est des traumas difficiles à surmonter
Stefano n'insiste pas. Il se contente de s'approcher du jeune homme et l'enlace tendrement. Il y a dans ce geste, tout l'amour qu'il porte à Giambattista qui niche sa tête au creux de son cou. C'est beau et c'est apaisé. Céleste en viendrait presque à leur envier cette entente tacite, loin des discussions enflammées qu'elle a avec Galeazzo. Elle sourit. À chacun sa manière d'aimer.
Stefanoi finit par déposer un baiser léger sur les lèvres de Giambattista et s'écarte pour trouver d'autres vêtements, mais le jeune homme n'en a pas fini avec lui manifestement. Il l'arrête en lui attrapant le bras et le pousse gentiment contre le fond de la cabine pour l'embrasser avec passion. Stefano est étonné et ravi. Il ne va pas cracher dans la soupe !
Céleste rigole et ferme le rideau.
– Je crois que je vais vous laisser les garçons !
– Pas question ! s'écrie Stefano. Tu surveilles la porte !
– Rhoooo ! Tu ne vas pas me demander ça ! Hé ! Ça suffit ! Je vais rouvrir le rideau ! Espèces de dévergondés !
Giambattista sort alors en souriant. Il rayonne presque autant que son pull jaune. Stefano le suit, passablement décoiffé et rose de plaisir.
– Ça n'est pas de ma faute, si ce jeune homme est un vrai débauché !
– Qui est un débauché ? demande Olimpia en arrivant vêtue d'une robe bleu turquoise au décolleté stupéfiant.
– Ton frère... commence Céleste avant de voir ce que porte son amie. Tu ne peux définitivement pas venir ce week-end avec une telle robe !
– Pourquoi ? Ça pourrait faire diversion...
– Ou rendre la situation totalement incontrôlable.
– Moi, je ne la trouve pas terrible cette robe, dit Battista en tournant autour de sa sœur.
– Ah, bon ?
– La couleur... La couleur ne va pas.
– C'est vrai. Ça te fait un teint verdâtre. Tu devrais choisir cette petite chose rouge et pailletée que je t'ai vue essayer tout à l'heure, rajoute Stefano.
– La robe pailletée ?! C'est une blague, les garçons ! M. Malatesta va faire une syncope !
Les trois italiens éclatent de rire devant le visage décomposé de Céleste. Ils n'en reviennent pas que la petite française appréhende autant de revoir Alessandro Malatesta. Elle, si combattive d'ordinaire, tremble comme un agneau devant rencontrer un loup.
– Hé ! Céleste ! Secoue-toi ! Elle est passée où la passionaria qui lutte contre le grand capitalisme !
– Mais je ne suis pas...
Nouveaux éclats de rire. Olimpia vient s'asseoir près de Céleste et la prend dans ses bras.
– Tout va bien se passer. Il suffit que tu restes toi.
– C'est justement ça le problème. Je ne suis pas sûre qu'en restant moi, il m'accepte comme vous semblez tous le croire.
– Bien sûr que si. Il respectera le choix de Galeazzo. De toute façon, son ainé rayonne tellement quand tu es près de lui qu'il ne pourra rien faire contre ça ! Il ne pourra que se rendre à l'évidence. Et il t'acceptera telle que tu es.
– Humpf, grogne Céleste qui doute de cette affirmation pourtant dite avec beaucoup de certitude.
Pour achever de la convaincre et lui rendre le sourire, les deux garçons se joignent à Olimpia pour un câlin collectif.
– Si vous continuez comme ça, ça va jaser, dit en riant Céleste qui ne peut s'empêcher d'être heureuse malgré la perspective de revoir Alessandro Malatesta. Comment pourrait-il en être autrement avec de tels amis ?
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Romance à l'italienne
ЧиклитÉtudiante française, Céleste vient d'arriver en Italie, prête pour une année d'étude dont elle a rêvée. Elle est prête à tout donner pour revenir auréolée de succès. Mais c'était sans compter la famille Malatesta. D'abord la fille cadette, Olimpia q...