Galeazzo répond immédiatement au téléphone. Olimpia l'appelle rarement directement. Il est parfaitement conscient qu'elle est plus proche de ses deux autres frères. En général, elle se contente de discuter avec lui le week-end lors des repas autour de la table familiale. L'affaire doit donc avoir quel qu'importance pour qu'elle s'adresse à lui
– Si, Pia. Tu as un problème ?
– Ah ! Si, Azzo ! Battista n'a pas trouvé le temps de prendre sa voiture au garage, et Giù ne peut pas tout mettre dans la sienne. Questo cretino ! Avec sa voiture de sport, il peut à peine transporter plus d'une personne ! J'ai besoin que tu viennes avec ton char !
– Mon char ? Mais ... de quoi tu parles ?
– Je dois transporter un certain nombre de sacs d'un point A à un point B. Le point B étant l'appartement de nonna. Et j'ai besoin d'une voiture suffisamment grande et de bras musclés. Ton char fera parfaitement l'affaire. Et tes bras... Et bien, nous ferons avec...
Galeazzo ne peut s'empêcher de sourire. Sa sœur est une vraie peste quand elle veut, mais il l'adore. D'où la protection rapprochée qu'il exerce avec ses deux autres frères.
– Ça ne peut pas attendre ce week-end ? demande-t-il en contemplant le dossier sur lequel il travaille.
C'est à ce moment de la conversation, que Galeazzo entend une autre voix que celle de sa sœur. Une voix avec un accent étranger qui tente de convaincre Pia d'attendre, de ne pas déranger tout le monde pour elle. Peine perdue, bien sûr. Quand Pia a une idée en tête, il est souvent inutile de tenter de lui faire changer d'avis. Il n'y a que son père, Alessandro Malatesta, qui a l'autorité nécessaire pour y parvenir.
– C'est bon, Pia. Je vais venir. Mais laisse-moi une heure.
– Une heure !
– Pia....
– Ok ! Ok ! s'exclame la jeune fille consciente qu'il ne faut quand même pas pousser trop loin.
– C'est réglé !
– Tu n'aurais pas dû déranger ton grand frère pour moi. Je suis extrêmement gênée. Je vais être redevable à ta famille pour longtemps.
– Trééééés longtemps ! L'éternité et au-delà même ! s'écrie Pia en sautant du lit vers la porte. Allez viens, il faut que tous tes sacs soient prêts, sinon Azzo va en faire un fromage. Genre gars super important que je dérange pour une broutille...
– C'est pas le cas ?
– Si, mais je suis sa sœur ! Sa sœur ! Il devrait venir immédiatement !
Un quart d'heure de bus et une demi-heure de frénésie plus tard, les sacs sont faits, la chambre rangée et nettoyée. Il n'y aura aucun adieu. Les colocataires de Célestes ne sont pas encore arrivés de leur pays respectif. Elle a vécu seule dans ce grand appartement en pleine campagne pendant un mois et demi.
Olimpia n'en croit pas ses oreilles. Pas de sortie en soirée. Pas de shopping sur un coup de tête. Pas d'amis à proximité. Même pas une trattoria. Rien. Nada. Nothing. Nichts, Niente.
Olimpia en est sidérée.
Convaincue par sa vie familiale que la solitude est synonyme d'ennui profond, voire de mort imminente, elle se félicite secrètement d'avoir sauvé Céleste Melville d'une fin tragique. Elle va lui faire découvrir ce qu'est réellement l'Italie, et surtout, ce que sont les italiens !
À aucun moment Olimpia Malatesta ne se demande pourquoi elle fait tout ça pour la française. Elle le fait, c'est tout.
À aucun moment, Céleste n'imagine ce que cette simple décision va changer à sa vie.
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Romance à l'italienne
ChickLitÉtudiante française, Céleste vient d'arriver en Italie, prête pour une année d'étude dont elle a rêvée. Elle est prête à tout donner pour revenir auréolée de succès. Mais c'était sans compter la famille Malatesta. D'abord la fille cadette, Olimpia q...