32/ Francesca vs Olimpia

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– J'avais peur que tu ne prennes une mauvaise décision sur un coup de tête.

– Une mauvaise décision sur un coup de tête ? Mais pourquoi, je ferais ça ? C'est absurde ! Qu'est-ce que tu as encore bien pu imaginer pour arriver à cette conclusion ?

– Je n'imagine rien !

– Ah, oui ? Alors ? Qu'est-ce qui te fait penser que je vais épouser Francesca ?

– Tu veux m'épouser, mi amore ?

Francesca est là. À la porte. Elle sourit, et Pia pense immédiatement à une hyène. Elle a le sourire carnassier d'une charogne. Cette fille n'est pas une dinde, finalement.

Francesca Castello louvoie même avec habileté.


Elle les a suivis pour savoir pourquoi Olimpia voulait parler à son frère. Elle suspecte quelques manigances contre elle. Et il n'est pas question que la petite sœur lui casse son coup de noël. Elle fréquente l'aîné des Malatesta – l'un des célibataires les plus courus de Toscane - depuis bientôt six mois. Elle compte bien que ça dure encore. Il lui fait toujours des cadeaux somptueux – le bracelet que le « père noël » lui a apporté après le dîner ne fait pas exception - , et elle espère en profiter un maximum au cas où elle ne parviendrait pas à lui passer la corde au cou. Enfin, ça c'était avant que cette chère Olimpia lui serve son frère sur un plateau.

L'aubaine est trop belle, car, comme son père, Galeazzo déteste le scandale. Il ne peut pas contredire sa « fiancée » ! Pas à noël ! Pas dans de telles circonstances ! Il est trop bien élevé pour ça ! Elle en est convaincue. Francesca joue donc à fond la carte de la fille submergée par l'émotion. Elle se jette au cou de Galeazzo et l'embrasse avec fougue, espérant que n'importe quel membre de la grande famille Malatesta passe justement du côté de la bibliothèque à ce moment précis.


Pia grimace avec dégoût. Cette fille lui file la chair de poule. Son jeu d'actrice est si bien huilé ! Et elle, elle s'est faite avoir en beauté ! Maintenant Galeazzo est coincé ! Et à cause d'elle en plus ! Elle cherche un moyen de contrecarrer la tragédienne dans son final de l'amour parfait, sans faire un scandale, mais n'en trouve aucun.

Et puis, tout s'arrête.

Galeazzo écarte Francesca sans aucune douceur et met de la distance entre eux.

De l'avis d'Olimpia lorsqu'elle le raconte un peu plus tard à Giù qui a tout loupé, trop occupé à battre son petit frère et ses cousins à un stupide jeu de course, ce qui suivi avait été épique.

Azzo qui explique calmement à Francesca qu'il est bien trop tôt pour envisager un mariage entre eux. La fille qui se décompose à vue d'œil et qui dès qu'elle le peut, se met à chouiner en criant qu'elle ne comprend pas. Une grande scène de désespoir digne des plus grandes actrices du moment suit, attirant, bien sûr, Alessandro Malatesta dans la bibliothèque.

Évidemment, le patriarche met son grain de sel dans l'histoire en disant d'un ton assez sec qu'il ne voit pas où est le problème. Francesca lui plaît beaucoup, et il serait ravi d'en faire sa belle-fille. Il faut ajouter à cet instant que Mlle Castello appartient à une famille romaine très en vue. Le patriarche des Malatesta ne perd jamais le nord quand il s'agit d'alliances qui peuvent potentiellement lui rapporter quelque chose.

Contre toute attente et à la surprise générale, Galeazzo répond avec humeur « que s'il l'apprécie tant, il n'a qu'à l'épouser, lui ! », avant de sortir dans le jardin par la porte fenêtre, seule issue disponible, puisque son père se tient devant la porte donnant sur le couloir.

Contrarié, Alessandro se tourne alors vers Pia encore stupéfaite de ce qu'elle vient de vivre – la rébellion de Galeazzo n'est quand même pas une petite affaire – et l'a accusée de semer la zizanie dans cette maison ! Que ça commence à bien faire et que si ça continue, il va lui interdire l'université ! Puis, sans lui laisser le temps de répondre, il est sorti à son tour en claquant la porte de la bibliothèque.

Pia s'était retrouvée seule avec la hyène. Sentant le danger venir, elle avait amorcé un replis stratégique à la suite de son père.


Giù a sifflé, plié en quatre de rire.

– Ma Pia ! Tu n'en rates pas une ! Où est Azzo, maintenant.

– Je ne sais pas. Dans le jardin.

– Mais il neige !

– Comment ça, il neige ?

– Il neige. Va voir par toi-même !

Pia va à la fenêtre et se met à contempler les flocons tomber sur le perron du palazzo. La lune étant voilée, elle ne peut pas voir plus loin que l'espace illuminé par les fenêtres. Mais à la frange, elle devine le dos d'Azzo. Le va et vient lent de sa main lui indique qu'il fume. Il a arrêté plusieurs années auparavant. Ça ne va pas. Vraiment pas. Et elle n'a pas amélioré les choses. Mais alors, pas du tout.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant