45/ Un astre Céleste

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Il ne croyait pas si bien dire.

Il boit une gorgée de champagne en présence de Lauren et de quelques autres personnes quand Giuseppe arrive enfin. Il est accompagné d'une jeune fille brune assez banale qui arbore un sourire de façade. Elle est terrorisée manifestement. Galeazzo quitte ses convives pour l'accueillir.

– Je crois que tu devrais dire à ton amie de se détendre, Giù, dit Galeazzo en le saluant. Sinon, elle ne tiendra pas la soirée.

– Sofia Maléon. Mon frère ainé, Galeazzo.

– En... Enchantée, répond-elle avec un accent espagnol.

Une autre étrangère. À croire que la fratrie Malatesta ne peut rien chasser d'autre... Alessandro va encore être contrarié. Se désintéressant de la fille, Galeazzo reprend.

– Pia n'est pas avec toi ?

– Si ! Si ! Elle arrive. Petrus avait besoin de refaire son nœud de cravate. Et Céleste ne voulait pas rentrer sans eux, et Battista lui tient compagnie... une vraie bande de boulets !

– Céleste ? Céleste Melville est ici ? Mais...

– Elle ne voulait pas venir, mais Pia ne lui a pas laissé le choix. Nonna non plus ! Et comme Pia est assez fâchée du réveillon de noël raté. Elle a décidé qu'elle avait bien le droit d'amener son amie avec elle. Je crois qu'elle cherche un peu papà... mais il ne dira rien ce soir. Pas devant ses connaissances professionnelles. Alors, pas d'inquiétude... Dis donc, c'est qui cette femme qui te couve des yeux comme une brioche au four ?

Galeazzo suit son regard et tombe sur Lauren qui lui fait un sourire charmant qu'il ne lui rend pas. Il est contrarié. Céleste Melville est là. Ça se complique. Ou non. L'endroit est suffisamment grand et bondé pour qu'il ne la croise pas. Il rectifie sa propre cravate qui est pourtant parfaitement ordonnée et s'éloigne de son frère. Mieux vaut ne pas être là à l'arrivée de Pia... et de ses compagnons.


– Dis-donc, il y a vraiment beaucoup de monde ! s'exclame Céleste un peu gênée.

Elle est sur ses gardes. Elle s'est laissée convaincre, elle était si fatiguée de lutter contre tous ses amis. Gianna a eu l'argument déterminant. Elle n'irait simplement pas sans elle. Céleste a cédé sous l'assaut, sachant que les Malatesta ne lui pardonneraient pas d'être à l'origine d'une telle crise familiale. Qu'était-elle pour provoquer ce genre de guerre ? Pourtant, elle redoute ce qui pourrait arriver ce soir. Entre Alessandro et Galeazzo Malatesta, elle a de quoi s'inquiéter. Son seul espoir est qu'ils soient suffisamment occupés pour ne pas s'apercevoir de sa présence. La foule la rassure un peu.

– L'entreprise de mon père est importante. Désolée pour ta fibre révolutionnaire...Ne pique pas les salières en argent ! Mon père y tient particulièrement.

– D'abord, il n'y a pas de salière. Et ensuite, les révolutionnaires ne volent rien avant d'avoir eu un bon bain de sang. Tu devrais plutôt t'inquiéter de ce que je cache dans les plis de ma robe.

– Facile ! Rien ! Vu que ta robe n'a pas de plis...

– Pas faux.

– Allez viens, le buffet est toujours super bon... même si ce ne sont aucune de mes deux nonne qui s'en occupe !


Galeazzo voit d'abord sa sœur avancer avec fluidité vers les tables du buffet. Elle porte une robe noir à la coupe impeccable agrémenté d'un châle carmin d'une grande délicatesse posé comme un voile sur ses épaules. Elle est très en beauté. Elle a attrapé au vol une flûte de champagne et papote avec quelqu'un que la grande silhouette de Petrus lui cache. Puis, le grec se déplace pour s'emparer de quelques petits fours, et il la voit. Céleste Melville.

Ses cheveux sont simplement coiffé en chignon. Elle porte une robe style année cinquante bleu roi et son gilet est vert canard comme ses ballerines. Sa tenue aurait pu redonner la vue à un aveugle. Mais le pire, c'est que ça lui va bien.

Puis il voit la grimace sur le visage d'Alessandro la découvrant au buffet, et manque de se mettre à rire.

– Pourquoi souriez-vous, M. Malatesta ?

– Oh, Mon père a eu une mauvaise surprise, et je trouve ça amusant.

– Oh ! Quel vilain garçon vous faites ! De quelle mauvaise surprise parlez-vous ?

– Rien qui puisse vous inquiéter. Rassurez-vous, répond-il en voyant son père s'approcher du buffet et de la faute vestimentaire de Céleste.

Romance à l'italienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant