7/ Les gens du sud

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— Alors ce...

— Théo.

— Ce Théo ! Manifestement un étalon ! s'exclame Irène en soupirant.

Ça n'est pas elle qui pourrait se trouver un type de ce genre pour passer une nuit torride ! Attention, elle n'en veut pas à Louisa ! Grâce à son amie, elle vit des amours ardentes par procuration. Au moins, ça lui permet de croire que c'est possible ! Et rien que pour ça, elle est très reconnaissante. Elle imagine si sa meilleure amie avait été aussi mal prédisposée à l'amour et au sexe qu'elle ! Autant en finir tout de suite !

Louisa tient sa fourchette à hauteur de sa bouche entrouverte, les yeux dans le vague. Même comme ça, à cette table hideuse du café en face de la boite, elle est si sublime que même Irène pourrait avoir envie de l'embrasser !

— Arrête d'être aussi divine ! Ai pitié ! Si tu continues, le serveur va te prendre direct sur la table entre la corbeille de pain et mon assiette de pâtes ! dit Irène en souriant.

Louisa éclate de rire tandis qu'elle avale enfin sa bouchée. Le serveur en question passe en gardant la blonde dans son viseur. Il est prêt à accomplir des prouesses pour elle. Il est nouveau. Ça lui passera. À moins que Louisa ne jette son dévolu sur lui. Il est pas mal. Peut-être un peu jeune. Mais ça n'arrêtera sans doute pas la magnifique blonde croqueuse d'hommes.

— Tu sais ! Ça ne durera pas ! Alors j'en profite avant d'être moche et flétrie... ça arrive si vite.

Et oui, Louisa est obsédée par le passage du temps. C'est la seule revanche d'Irène sur son amie. Elle, elle s'en fout totalement. Elle sera pareil dans dix ans. C'est dire si elle est déjà vieille ! Ou le paraît !

— Théo est vraiment exceptionnel... il est ... comment dire sans être vulgaire...

— Mais soit vulgaire, ma poulette ! Dai ! J'adore quand tu dis des choses sales avec ta jolie bouche rouge cerise... avec un peu de chance, l'un de nos compagnons de misère entendra quelques bribes et manquera de s'étouffer avec son steak trop cuit ou ses frites molles.

— Tu n'as pas eu assez d'animation, aujourd'hui ! Ce Conti... hummm... j'en ferais bien mon quatre-heure ! Mais bon ! Manifestement, il n'a d'yeux que pour toi !

— C'est ça ! Oui ! Si tu t'imagines des trucs ! Je t'arrête de suite ! Je l'ai vu à moitié à poil et inversement ! C'est tout !

— Quoi ! éclate Louisa en posant définitivement sa fourchette.

Elle croise ses mains sous son menton. Aïe ! Mauvais signe ! Elle va vouloir en savoir plus ! Faire des plans ! Imaginer des fins romantiques à défaut de bouillantes ! Alerte maximum ! Rediriger la conversation est urgent !

— Où tu l'as rencontré, ce Théo... peut-être que je peux aller y faire un tour. Sait-on jamais ? Il y aura peut-être un type ou deux assez désespérés pour me parler... mais il ne faudra pas que tu viennes... sinon je n'aurai aucune chance !

— Bien essayé, ma jolie ! Mais je veux tout savoir de ce monsieur Conti...

Bon. Pas moyen d'y échapper. Louisa peut être extrêmement déterminée. Dans l'océan, elle serait à coup sûr un poisson magnifique et dangereux que les insignifiantes sardines comme Irène ne pourraient éviter d'aucune manière.

Parfois, elle se demande comment elles peuvent être amies. Ah ! Si ! Elle sait. Parce que Louisa la fait rire et réciproquement. Parce qu'elles sont sœurs de cœur ! Et aussi parce qu'Irène l'a connue avant qu'elle ne devienne sublime ! Elle l'a connue avec un appareil et des boutons. Des lunettes épaisses et des nattes. Avant la métamorphose.

Parce que Louisa, comme Irène, a quitté le sud. Mais beaucoup plus tôt. Beaucoup, beaucoup plus tôt ! Dès qu'elle a su qu'elle serait autre chose qu'un vilain petit canard. La nichée dont elle est issue n'aurait pas supporté son éclat de toute façon !

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