15/ Nuit blanche à Paris

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La journée a été difficile comme prévu. Irène fait le dos rond. Flore cherche quelque chose, mais Irène ignore quoi. Il y a forcément un élément autre que l'intérêt que porte Conti à Irène. L'animosité de la chargée de projet à son encontre est disproportionnée.

Juste avant de partir, Irène l'a vue entrer dans le bureau de Moreau en la fusillant du regard. Porca miseria ! Flore veut sa peau ! Irène songe qu'elle va devoir refaire son CV presto. Parce que ça pue sérieusement tout ça ! Cazzo ! Elle était bien ici, avec Louisa et les autres.


Arrivée chez elle, elle s'assure que le loft est vide. Ensuite, elle met de la musique très fort... dans son casque et se met à danser en travaillant à son repas du soir : pâtes au jambon. Un vrai délice et une valeur sûre pour une soirée fille.

Irène a invité Louisa. Elles ont besoin de parler plus sérieusement. Seules. Tranquilles. Donc rien d'extraordinaire au menu. De toute façon, Irène déteste cuisiner, et Louisa le sait. Exceptionnellement, elle a acheté une boite de pâté qui se vantait d'être produit de l'année, mais qui, une fois ouvert ressemble à s'y méprendre au sachet de mou du chat. Elle regrette un peu. Mais Louisa n'est pas bégueule ! Elle mangera ses toasts comme s'il s'agissait de foie gras ! Pour finir, Irène vérifie qu'elle a encore quelques cônes de glace vanille/fraise.

Pour animer cette soirée, Irène a prévu une comédie romantique dégoulinante de bons sentiments. Elles adorent toutes les deux. Amies pour la vie !

Boomdabash balance son flow à une vitesse incroyable dans ses oreilles et elle chante ultra faux, mais elle s'en fout. Elle est chez elle et elle a besoin de lâcher la pression.

Quand elle a fini les toasts, elle le voit. Conti. Habillé cette fois. Il fume à l'une des fenêtres du loft. Il lui fait le geste qu'il veut entendre ce qu'elle écoute. Elle sourit, ôte le casque, met le son à fond et ouvre sa propre fenêtre. « Bella storia » de Fedez se déverse dans l'air du soir. Elle chante et danse dessus en riant. Puis elle voit des fenêtres s'ouvrir dans les immeubles de la rue. Elle baisse le son et ferme sa fenêtre en faisant un pied de nez à Conti qui éclate de rire.

Elle ne peut pas lui en vouloir. Il est trop sympa, mignon, intelligent, attirant, drôle, séduisant... dans l'ordre ou le désordre.

« C'est la fête ce soir ! Je peux venir ? » signe-t-il.

« No way ! C'est soirée filles ! »

« Flore ? »

« Ma dai ! Louisa ! Toujours Louisa ! »

« Dommage. »

« Flore vient ce soir ? »

« Non. Je vais chez elle ! Vous remarquerez que je donne de ma personne pour tenter d'arranger le coup ! »

« C'est ça ! Pour ce que ça marche...»

Il fait un geste d'impuissance et ferme sa fenêtre.


— Passe-moi les mouchoirs !

Irène s'exécute en en prenant un au passage. Elles sont toutes les deux sur le canapé à pleurer devant « Nuits blanches à Seattle ! », une valeur sûre. Il n'y a plus rien à manger, sauf le festin des souris.

Le chat a élu domicile sur les genoux de Louisa qui lui grattouille l'oreille. Et il ne fait rien contre ! Che cazzo ce chat ! Irène commence sérieusement a envisager des représailles. Il est temps que cet animal apprenne à la respecter. C'est elle le chef ici !

— Tu crois que Conti est amoureux de toi ?

— Mais arrête, Louisa ! Tu m'as vue ? Sérieusement ! Qu'est-ce qu'un type comme lui ferait avec moi ? Il s'amuse ! Et moi aussi ! Il est comme un bon copain pas disponible.

Louisa met un petit moment à répondre. Elle déplore le peu d'estime qu'Irène a d'elle-même. D'après elle, c'est le frein le plus grand qui l'empêche d'avoir une relation sereine avec un mec. Son amie prend tout à la rigolade et ne se formalise de rien parce qu'elle pense ne rien mériter....

— C'est un statut que je ne connais pas. Friendzone ? Non ! Parce que vous flirtez !

— Je ne flirte pas ! C'est lui !

— Tu lui as parlé du harcèlement...

— Oui... il m'a dit que j'avais commencé ! dit Irène en souriant.

— Et ça te fait sourire ? Ça te fait sourire ! J'en reviens pas ! T'es mordue !

— C'est un jeu.

— Un jeu dangereux.

— Tu le vois m'agresser ? Sérieusement ?

— Non... mais quand même.

— Rien ne m'oblige à entrer dans son jeu. En fait, je m'en fous. Ça m'amuse aussi. Enfin ça m'amusait avant que Flore soit jalouse. Bordel ! Elle se le tape ! Je ne comprends pas ce qui la dérange ! Il y a autre chose.

— Peut-être votre complicité ?

— Je fais quoi, moi ? Je lui parle plus ? C'est mon voisin d'en face !

— Et alors? Tu parles à tous tes voisins ?

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant