Le dimanche, une femme se promène dans le loft. Elle ne porte qu'une chemise à peine fermée. Elle boit son café dans la tasse de Conti. Irène ne s'attarde pas devant ses propres fenêtres. Elle a à faire.
L'appart est nickel en peu de temps. Elle part courir.
« C'est qui cette fille ? » signe la jeune femme en direction de Conti.
« Pardon ? »
« C'est qui cette fille, là ? » répète-t-elle en montrant du doigt Irène qui sort de l'immeuble.
« Ma voisine d'en face. »
« Mignonne. »
« Pas touche, sœurette. Chasse gardée. »
« Je me disais aussi. »
« Quoi ? »
« Je ne sais pas... tu as comme une coquetterie dans le regard qui fait que tu jettes sans arrêt un œil vers les fenêtres d'en face. »
« Tu pourrais t'habiller ? Parce que moi torse nu, ça a beaucoup moins d'impact sur mes voisins, que toi à moitié nue. »
La jeune femme fait un drôle de rire rauque et saccadé. Elle comprend qu'elle a touché un point sensible pour que son frère noie le poisson et change de sujet. Elle abandonne la chemise sur le sol du salon pour se diriger entièrement nue vers la salle de bain.
Salvatore porte sa main à sa tête dans un geste de pur désespoir.
La veille, il avait prévu de venir préparer le petit déjeuner du dimanche matin à Irène Manoukian comme la semaine précédente. Il voit bien que la proposition qui lui a été faite, la tracasse. N'importe qui d'autre aurait saisi l'opportunité. Pas Irène. Salvatore Conti commence à croire que Giovanni Rossi est dans le vrai en disant que la jeune femme est mystérieuse. Elle cache quelque chose, en tout cas. Il veut savoir quoi. Et compte bien sur son charme, sa persuasion et sa fabuleuse omelette pour la faire parler. Enfin, il comptait sur ça, jusqu'à ce que sa sœur s'invite de manière inopinée, dans la nuit.
Giorgia est sa cadette de plusieurs années. Elle n'est pas un canon de beauté, mais elle sait se mettre suffisamment en valeur pour séduire qui elle veut. Malheureusement pour la moitié masculine de l'humanité, elle préfère la moitié féminine de cette même humanité. Et encore plus malheureusement, certains hommes ne l'acceptent pas.
Leur père en premier lieu, qui avait voulu la marier de force à l'un de ses collaborateurs. Résultat : elle était partie sans laisser d'adresse. Puis, elle était réapparue... à Paris, chez son frère. Le cœur brisé et le portefeuille vide. Elle s'était faite plumer par une nana rencontrée sur une plage.
Il l'avait remise d'aplomb, ramenée dans la maison familiale... d'où elle était encore partie deux mois plus tard en claquant la porte. Alfredo Conti était intraitable. Et concrètement, sa fille a son caractère. Étincelle et brasier de colère garantis. Salvatore n'a pas cherché à faire plus. Il voit Giorgia régulièrement. Elle s'invite chez lui, comme la veille. Passe quelques jours à lui casser les pieds avec sa vie amoureuse et ses ennuis financiers, lui extorque de quoi repartir et disparait. Giorgia. fidèle à elle-même.
Il ramasse la chemise et la pose sur une chaise. Pas de petit déjeuner avec Irène donc. Il espère juste qu'elle a mangé avant d'aller courir.
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Fenêtre avec vue
ChickLitIrène Manoukian est une jeune femme banale. De son point de vue. Abonnée aux histoires sans lendemain et au second rôle auprès de son amie Louisa qu'elle adore, elle mène une existence tranquille. Qui lui va. Qui lui va vraiment ? La réponse ne lui...