65/ La petite sœur

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La fin de journée a été plus calme que le début. Louisa est venue faire amende honorable en lui proposant de sortir avec l'amour de sa vie le lendemain soir. Elle lui montre même une photo. À sa grande surprise, le type n'a pas vraiment de signe particulier. Il n'est pas sublime comme sa conquête. Il est même plutôt normal. Elle se demande ce que lui trouve Louisa. Il doit bien y avoir autre chose que le sexe. Forcément. Irène a hâte de le connaitre. Elle veut oublier les jours sombres de ses propres amours et se noyer dans les jours ensoleillés de sa meilleure amie. elle a besoin de joie et de franchise.


Irène se sert un verre de jus de fruit et s'adosse au comptoir. Le loft est éclairé, mais elle ne voit personne. Le spectacle sera sans doute pour plus tard. Conti doit attendre une conquête.

Mais ça n'est pas Salvatore qui apparaît. C'est sa sœur. Giorgia.

« J'ai besoin de compagnie, Irène »

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je me suis fait larguer comme une vieille chaussette. Tu peux venir ? »

« Ton frère n'est pas là ? »

« Non. Il est à une fête. Il ne rentrera pas ce soir. »

« Bon. J'arrive. Mais je n'ai rien à manger. »

« Au moins une chose qui ne change pas. »

Irène est contente d'avoir arraché un maigre sourire à la jeune fille. Elle a l'air vraiment malheureuse. Elle ne peut pas la laisser comme ça. Elle se souvient du déjeuner en pleine nuit. Elle doit faire quelque chose à son tour. Et peu importe ce que lui a dit Conti sur l'attirance de sa sœur pour elle. C'est probablement faux de toute façon. Il avait dû inventer ça pour la gêner.


Le loft est encore plus grand, vu de l'intérieur. Elle regarde son deux-pièces. Conti a vraiment une vue sur son appart. Fascinant.

« Merci » signe Giorgia avant de se jeter dans les bras d'Irène qui lui rend son étreinte.

« Alors, il a quoi dans son frigo, ton frère ? Que je te prépare un festin de reine ! »

« Tu cuisines ? »

« Non. Jamais. Mais il doit bien y avoir des trucs à tartiner ou à manger tel quel ! »

Giorgia, qui sourit, se laisse tomber sur le canapé qui a vu tant d'ébats amoureux.

« Si j'étais toi, j'éviterais le canapé. »

« Pourquoi... ohhh ! » signe Giorgia en se relevant pour se mettre dans le fauteuil à côté.

Puis, elle se met à émettre cet étrange rire qui ressemble tant à celui du frère d'Irène. La jeune femme sourit en sortant du pain de mie et de la tapenade toute neuve.

« Tu vois, il a un truc à manger... qu'est-ce que tu veux à boire ? Eau minérale ? Eau gazeuse ? Et... heu... eau du robinet ? »

Giorgia s'est relevée pour attraper une bouteille qui se trouvait sous le comptoir. De l'alcool.

« Je ne bois pas de ce truc bizarre, qui me paraît limite légale. Je vais donc prendre de l'eau gazeuse... ça sera festif ! » dit Irène en souriant. Puis elle ajoute:

«Tu es sûre que tu as l'âge de boire ce tord-boyau ?»

Giorgia rit de nouveau.


Elles ont fini par recouvrir le canapé avec la couette du lit de la chambre d'ami. Elles se sont décidées pour « Quand Harry rencontre Sally ». Elles adorent toutes les deux ce film. Giorgia imite à la perfection la scène d'orgasme tandis qu'Irène tente de la faire taire en riant. Ensuite, elles discutent de tout et de rien. De Fortier. De leur malchance amoureuse. Jusqu'à s'endormir ensemble sur le canapé.

Giorgia est une fille très sympa. Irène songe sérieusement à la présenter à Louisa. Parce qu'elle pourrait facilement trouver sa place dans leur duo de choc. Et aussi parce que si Louisa a réellement un amoureux, elle risque d'avoir un peu moins de temps pour sa meilleure amie. Et ça ne serait que justice. Le second rôle s'efface devant l'amour. Toujours.


Salvatore Conti rentre tard. Très tard. Seul, car il n'a pas eu envie de ramener qui que ce soit. Ses amis lui ont trouvé une petite mine. Les femmes ne l'ont trouvé, ni amusant, ni charmant. C'est sans doute, qu'il ne l'était pas. Pas envie.

Et heureusement, puisque son canapé est occupé par deux femmes qui dorment paisiblement. Sa sœur et Irène Manoukian. Avec leurs fringues horribles, on dirait deux gamines à une soirée pyjama. Il hésite à les réveiller. Puis décide que non, et il va se coucher.

Il monte l'escalier en métal et s'arrête pour les observer encore un instant. Il ne peut s'empêcher de remarquer la chevelure d'Irène qui s'est répandu en étoile sur le coussin sous sa tête. Ça lui donne un air de sirène endormie.

Sa main délicate qui pend dans le vide. Car oui, Irène a des mains délicates, avec des doigts fins et longs. Pas de vernis, il ne faut pas pousser, mais des ongles coupés bien droit pour éviter d'être dérangée quand elle tape sur son clavier.

La courbe harmonieuse de ses reins. De ses s... Holà ! Il faut qu'il s'arrête immédiatement, à moins de vouloir la mettre sur son épaule et la porter dans sa chambre pour une nuit torride !

Il n'est pas prêt. Elle non plus, sans aucun doute. Pas après Fortier !

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant