56/ Quand tombe le masque

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Louisa entend les larmes dans la voix d'Irène. Cet enfoiré est en train de la faire pleurer ! Louisa a envie de se lever et d'aller le taser un bon coup ! Elle les entend murmurer. Louisa n'aime pas ça. Elle va pour prendre son téléphone et se rend compte qu'il est resté dans son sac dans le salon.

Elle se redresse au moment où Irène arrive dans la chambre.

— Ma Louisa. Éric va te ramener chez toi. Il a appelé un taxi. Il a raison. Tu seras mieux dans ton lit.

— Oui. Il a raison, Irène, dit Louisa en se levant péniblement.

Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle a l'impression de quitter la réalité. Comme si... Comme si... Bordel ! Comme si elle avait été droguée ! Elle trouve la force de se précipiter dans la salle de bain et s'enfonce les doigt dans la gorge, même si ça ne servira probablement à rien. Elle vomit dans les toilettes.

— Louisa... La voix d'Irène est pathétique.

— C'est bon, Irène. Je m'en charge ! dit Éric en repoussant gentiment mais fermement la jeune femme en dehors de la salle de bain.

— Non ! Irène ! Ne pars pas !

— C'est bon ! Louisa ! Elle n'a pas besoin de te voir gerber non plus ! L'amitié a ses limites ! lance Éric en la soulevant pour qu'elle se lève.

La jeune femme se laisse faire mais a du mal à tenir sur ses jambes.

— Je veux mon téléphone, ânonne-t-elle.

— Tu l'auras en temps et en heure. Pour le moment, tu te casses vite-fait, murmure Fortier à son oreille.

L'enfoiré. C'est lui ! C'est sûr ! Mais pourquoi l'avoir mise dans cet état ? Pourquoi l'avoir mise KO ? Elle est plus difficile à faire décamper... À moins que...

Louisa frémit. Il va la ramener en taxi chez elle. Il va entrer chez elle. Il va la soutenir jusqu'à son lit... C'est impossible ! Non ! Fortier ne peut pas être ce genre de type... Non. Pas Fortier ! Pas l'homme dont Irène est amoureuse !

Quand Louisa passe près d'Irène, elle va pour attraper son sac, mais Fortier le prend d'office.

— Allez ! hop ! Un petit effort, Mlle Rossi ! Le taxi est en bas !

Louisa fait un effort, en effet. Elle parvient à échapper à sa poigne et tente de rejoindre Irène qui la regarde éberluée. Elle ne comprend pas le problème. Elle ne comprend pas Louisa. Se méprend sur son intention. Fortier la remet d'aplomb en se moquant et en feignant de rire. Et la pousse dehors.

Le taxi est en bas. Il s'inquiète de l'état de la petite dame. Il aimerait autant qu'elle ne vomisse pas dans sa voiture. Fortier lui assure qu'elle ne vomira pas et monte avec elle. Il sourit comme si Louisa lui faisait une bonne blague. Comme s'ils étaient en couple. Louisa est révulsée, mais ne peut rien faire. Elle est comme anesthésiée. Elle espère juste se tromper sur Fortier.


Louisa habite un bel appartement légué par ses parents dans un quartier chic. Fortier siffle en voyant l'immeuble.

— Et bien, on ne se refuse rien, Mlle Rossi. J'ai hâte de voir l'appartement.

— C'est bon, parvient-elle à marmonner. Je peux rentrer maintenant, dit Louisa qui a encore l'espoir qu'il la laisse là.

— Pas question. J'ai promis à Irène de te mettre au lit. Alors je vais te mettre au lit. Ne t'inquiète pas, ça va te plaire...

Ça façon de le dire fait de nouveau frémir Louisa. Si elle avait un doute quant aux intentions d'Éric Fortier, elle n'en a plus aucun. Il compte la violer dans son appartement. La question, c'est comment compte-t-il s'en sortir ? Il ne pense tout de même pas qu'elle va se taire ? Il n'a aucun moyen de pression... À moins que...

Il l'adosse au miroir dans l'ascenseur et la fixe pendant que la cabine monte. Son regard est effrayant.

— Tu sais que c'est mal de voler les biens d'autrui...dit-il alors. Surtout quand il s'agit de moi... Tu n'as pas réussi à l'ouvrir, alors tu l'as ramené... Encore heureux pour toi. Mais j'ai des images qui te montrent en train de le prendre, Louisa. Le téléphone. J'ai la preuve que tu es une sale petite voleuse. La question, c'est pourquoi ? La chance qu'on a, c'est qu'on va pouvoir discuter un peu. Pendant que je m'occupe de toi...

Si elle le pouvait, Louisa s'évanouirait bien en cet instant. Mais alors elle serait totalement à sa merci. Et tant qu'elle en a encore la force, elle lui opposera de la résistance.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant