66/ Mes pires voisins

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— Bonjour, beauté du matin...

Irène ouvre un œil. Puis l'autre. Puis se redresse brusquement, tombant immanquablement du canapé, puisqu'elle était sur le bord. Elle a les cheveux en bataille, les fringues froissées et sa tête des mauvais jours.

— Cazzo ! Quelle heure il est ?

— 8h.

— Mais qui se lève à cette heure-là le samedi matin ?

— Nous sommes vendredi.

— Quoi ! hurle Irène en se levant comme si elle avait un ressort dans les fesses.

Salvatore, torse nu bien évidemment, se sert un jus de fruit en riant franchement, tandis que Giorgia s'étire totalement hermétique à l'inquiétude d'Irène qui cherche ses baskets et son pull, avec frénésie.

— Irène, c'est une blague !

— Quoi ?

— C'est une blague. On est bien samedi. Tenez ! Un jus de fruit ?

Irène fonce sur Conti et attrape le verre pour le boire d'un trait avant de le poser avec détermination sur le comptoir en le fixant d'un œil noir.

— Très drôle !

— Ça l'était ! Vraiment ! Vous auriez vu votre tête !

Giorgia s'est assise au comptoir et les observe avec beaucoup d'attention. Son visage affiche un petit sourire. Le regard d'Irène passe de l'un à l'autre avec lenteur. Lui avec son air satisfait. Elle avec une certaine malice dans les yeux. La jeune femme a soudain un affreux doute.

« Tu as vraiment été larguée ? »

« Un nombre incalculable de fois » répond la sœur de Conti avec un grand sourire.

Irène attrape son pull et fonce sur la porte.

— Attendez !

Mais c'est trop tard. Elle est déjà sortie.

« Tu crois qu'elle m'en veut beaucoup ? Je ne voulais pas passer la soirée seule. »

« Et pourquoi ne pas lui avoir dit simplement ? »

« Parce qu'elle ne serait pas venue ici. »

« Elle n'avait pas besoin de venir ici. Tu pouvais aussi bien aller chez elle. Tu connais déjà le chemin, non ? »

« Je voulais que tu la vois. »

Conti fixe sa sœur. Il réentend la conversation entre Louisa et Irène dans le bureau la veille.

« Ça ne sert à rien, sœurette. Il n'y a rien entre nous. »

« Idiot ! »

« Pardon ? »

« Tu es un idiot ! En fait, j'ai même l'impression que vous êtes de beaux idiots tous les deux. »

Conti sourit à sa sœur et lui ébouriffe les cheveux.

« C'est comme ça que tu parles à ton aîné ? Celui qui te nourrit et de loge ? »

« Y'a rien dans le frigo. J'ai une faim de loup. Je vais faire des courses. Toi, arrange les choses. »

« Je n'ai rien à arranger. C'est toi qui dois t'expliquer ! »

« Idiot ! » signe une dernière fois Giorgia avant d'entrer dans la salle de bain.


Salvatore voit Irène qui va et vient dans son appart. Elle est en train de faire du ménage ? Il voit ses lèvres bouger, mais ne comprend pas. Elle chante ? Probablement... ou alors, elle hurle contre eux depuis chez elle.

Le chat vient se poser sur le bord de la fenêtre ouverte. Il fixe le loft d'un œil aussi noir que celui de sa maitresse. Si le chat s'y met aussi !

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant