44/ Comment respirer hors de l'eau

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Porca miseria ! Irène refuse d'être un boulet comme les autres membres de sa famille. Elle, elle va de l'avant ! Elle, elle explore de nouveaux horizons ! Elle, elle est une aventurière, bordel ! Elle a tout quitté pour se reconstruire ailleurs ! Elle n'a pas eu peur d'être seule, même si elle le regrette parfois ! Elle n'a pas peur ! Ça suffit maintenant !

Irène se redresse et frappe un grand coup sur son bureau qui tremble sous l'assaut. Louisa a un mouvement de recul instinctif qui la fait tomber en arrière. Assise sur ces fesses face à une Irène soudain combative et déterminée, elle éclate de rire. Enzo qui est revenu avec une montagne de truc à boire et à manger, les fixe, incrédule. Puis son regard croise celui de Conti qui n'a toujours pas bougé et attend patiemment de pouvoir entrer dans le jeu.

— Allez ! Dai, Enzo ! File-moi ces madeleines au chocolat ! J'ai un réacteur en fusion à nourrir. Il lui faut de l'énergie pour la suite, lance Irène en relevant Louisa qui l'étreint avec force en faisant un clin d'œil à Conti qui s'est approché en silence.

Irène lui tourne le dos. Elle se sert dans les bras du stagiaire.

— Mlle Manoukian, serait-il possible de savoir qui vous avez l'intention d'allumer en vous gavant de cochonneries hyper sucrées et grasses ?

Irène sursaute et lâche la canette de soda qu'elle vient d'attraper. Fort heureusement, elle n'a pas eu le temps de l'ouvrir.

— Cazzo ! Mais je vais vous mettre des grelots... C'est pas possible ! On dirait mon chat ! En pire !

— Des grelots ? Intéressant. Peut-on se voir dans mon bureau, Mlle Manoukian ?

Irène regarde Louisa qui regarde Conti.

— J'ai le droit d'amener un joker ?

— Je crains que non.

— J'aurais essayé. Adieu Louisa... Adieu Enzo, je t'aimais bien, dit Irène alors que Conti l'attrape par le bras et la traîne dans son bureau en faisant les gros yeux.


— Assise.

— Oui, chef.

— Bien... Vous avez pris les madeleines ? s'exclame Conti en voyant ce à quoi s'agrippe la jeune femme comme à une bouée. Ça ne vous sauvera pas en cas de noyade.

— C'est en cas d'urgence. Vous voyez, la dernière fois que je me suis trouvée dans une salle fermée avec vous, je me suis évanouie ! Alors je prends les devants.

Conti a posé sa tête entre ses mains. Il rigole intérieurement. Puis, il se reprend, mais il voit alors le visage de Louisa posté juste derrière la vitre du bureau. Enzo se tient près d'elle et mange des chips.

Irène leur sourit et fait des pouces victorieux.

— Non, mais c'est pas vrai ! dit Conti en se levant. Il va fermer le store faisant disparaître les spectateurs.

— Vous savez que ça va jaser maintenant... Vous, moi, dans un bureau fermé...

— Qui pourrait croire que vous, moi dans un bureau fermé, pourrait avoir autre chose à faire que travailler ?

— C'est vrai ! Pas votre genre.

— Tout à fait, dit Conti en se rasseyant.

Il a du mal à garder son sérieux.

— Bien. Maintenant que nous sommes seuls.

— Très seuls.

— Tout à fait seuls. Et si nous laissons de côté le psychodrame qui vient d'avoir lieu à votre propre bureau et dont nous reparlerons, soyez en sûre, puis-je espérer une réponse positive quant à la proposition de nouveau poste ?

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant