22/ Pussycat kill ! Kill !

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Salman a quitté la pièce en leur souhaitant à tous un bon week-end. C'était bizarre.

— Bien. À nous, Mlle Vintanier. Vous me posez un problème bien plus complexe que M. Salman. Vous êtes compétente. Créative. Intelligente. Vous aimez ce que vous faites. Malheureusement, humainement, vous êtes ce que je pourrais appeler poliment une véritable psychopathe. En d'autres mots "une belle charogne".

Flore Vintanier et ses collaborateurs sont bouche bée. Nicole Moreau n'use jamais d'un tel langage. Jamais. Louisa étouffe un petit ricanement tandis qu'Irène lui donne un coup de coude pour la faire cesser. Ça n'est pas le moment d'attirer l'attention alors que ça tire à vue.

Conti, lui, s'est adossé à sa chaise et a croisé ses mains devant lui. Son regard est fixé sur Flore Vintanier. Il a posé son téléphone en évidence devant lui. Il porte sur le visage un masque qu'Irène ne lui a jamais vu. Sérieux et concentré. La jeune femme comprend, qu'il est tout autre que le voisin rigolard et légèrement obsédé, le collaborateur insistant et drôle. Il est tout autre. Ou plutôt, il n'est pas seulement ça. Elle est prête à parier qu'il enregistre la séance.

— Il se trouve que, contrairement aux autres, M. Courcelle est venu expliquer la raison de son départ. La vraie raison s'entend, pas une vague excuse de meilleures opportunités, parfois même imaginaires. Savez-vous où travaille Isabelle Lecomte aujourd'hui ? Vous savez la jeune graphiste qui est partie de manière assez précipitée il y a deux ans. Elle m'avait parlé d'une proposition à l'étranger... en réalité, Elle est secrétaire de mairie... Je l'ai rencontrée tout à fait par hasard. Nous avons discuté. Elle m'a avoué les vraies raisons de son départ. Je n'en ai pas fait grand cas, en vérité. Pas jusqu'à Courcelle.

— Je n'ai pas à supporter cela ici et devant tous ces... ! s'écrie vivement Flore sans finir, mais avec un tel mépris dans le regard qu'il n'est pas difficile d'imaginer la suite. Si vous avez des choses à me reprocher, nous pouvons en discuter en privé !

— Non, Mlle Vintanier. Nous avons autour de cette table, les derniers protagonistes du drame en cours, dont vous êtes encore, malheureusement pour vous, le catalyseur principal. Où en étais-je ?

— Le départ de Paul, dit Conti sans quitter Flore des yeux.

— Ah ! Oui ! Le départ de Paul Courcelle, qui se trouve être une connaissance de M. Conti.

— Je vois ! Alors parce que j'ai refusé de baiser avec Courcelle, vous m'avez baisée avant de me jeter ! C'est ça ! Petite vengeance entre potes ! Bravo ! Tout ça m'a l'air très pro ! Je vais vous foutre un procès au cul ! À tous ! crie soudain Flore en se levant et en tapant son poing sur la table.

— Mlle Vintanier ! Asseyez-vous et taisez-vous ! Vos relations sexuelles n'intéressent personne ici ! J'aurais préféré que M. Conti s'abstienne, mais peut-être aura-t-il quelque chose à me dire à ce sujet en temps voulu. Pour le moment, je vous parle de vos relations avec vos collaborateurs directs, Mlle Vintanier ! Relations qui ont poussé plusieurs d'entre eux à abandonner l'agence, voire le métier pour lequel ils s'étaient dédiés ! Vous parliez de harcèlement ! Nous sommes en plein dedans ! Et le dernier exemple est ce que vous nous avez offert avec Mlle Manoukian ces deux dernières semaines ! C'est pourtant vous qui l'avez choisie !

Irène n'en croit pas ses oreilles. Vintanier l'a choisie ? Mais alors pourquoi tant de difficultés ? Tant de récriminations ? Elle se tourne vers la chargée de projet, perplexe. Et alors, elle comprend. Flore la fixe avec une telle haine. Mais pas seulement elle. Louisa aussi.

Ça y est ! Tu imprimes ! pense Irène. Ce qu'elle a été stupide ! Ça n'est pas la pauvre attention que lui montrait Conti qui rendait Flore Vintanier jalouse – enfin un peu quand même - , c'était sa relation avec Louisa Rossi. Incroyable !

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant