64/ L'amie pas si prodigieuse

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— C'est qui ?

Louisa a sursauté quand la porte a claqué en se refermant. Elle fixe Irène avec surprise. Elle ne s'attendait vraiment pas à... mais à quoi s'attendait-elle ? Elle sait pourtant que son amie est très sensible. Elle est forte pour deviner les changements d'atmosphères, et les raisons qui les provoquent... sauf quand il s'agit d'elle-même.

— Pardon ?

— De qui es-tu tombée amoureuse ?

— Mais... Irène...

— Arrête ! Dis-moi qui c'est ?

— Tu ne le connais pas, finit par dire Louisa.

— Vraiment ?

— Vraiment.

— Ça n'est pas Conti ? Parce que je ne veux pas découvrir que vous vous envoyez en l'air en regardant par ma fenêtre.

— Je croyais que tu ne regardais plus chez lui.

— Ça m'arrive de regarder dehors, Louisa ! Et ne noie pas le poisson, jeune fille !

— Mais ça n'est pas Conti ! Ça ne va pas !! Il est amoureux de toi ! Tu n'as pas compris ce que j'ai dit tout à l'heure !

— Tu changes encore de sujet !

Conti est dans son bureau, plongé dans un dossier quand il entend le claquement de la porte du bureau d'à côté. Ensuite, vient la discussion dont il ne discerne rien, mais qui l'intrigue au plus haut point. C'est plus fort que lui. Il se lève pour s'approcher de la cloison qui sépare les deux bureaux. Il entend son nom, colle son oreille.

— Tu ne le connais pas. Mais je te promets de te le présenter bientôt.

— Pourquoi ne m'as-tu rien dit alors ! Tu me dis tout ! Et ça, c'est quand même la nouvelle du siècle, et je ne suis pas au courant ! Pourquoi si ça n'est pas quelqu'un que je connais...

— Parce que je voulais que tu partages mon bonheur.

— Alors là, je ne comprends plus, Louisa ! Tu voulais que je partage ton bonheur, mais tu ne me dis rien ! C'est un peu bizarre !

— Je voulais que tu sois aussi heureuse que moi ! Mais quand tu étais avec Fortier... Je ne pouvais pas, parce que je sentais qu'il y avait un truc qui clochait. Et puis, je voulais te réconcilier avec Conti ! Je voulais que votre histoire ait une chance de vivre ! Je voulais trouver un moyen de vous rapprocher de nouveau ! Mais vous êtes deux mules !

— Tu es en train de dire que si tu ne m'as rien dit, c'est de ma faute ! Elle est bien bonne, celle-là ! Louisa, entre Conti et moi, il n'y a rien. Capisce ! Un type comme lui ne remarque pas une fille comme moi. Jamais. Il trouvait ça drôle de me mettre en boite, et je trouvais drôle de jouer le jeu. Basta cosi ! J'ai eu beaucoup plus souvent envie de lui envoyer un truc à la figure que de l'enlacer ! Alors arrête de te faire un film sur nous ! Il n'y a pas de nous. Il n'y en a jamais eu ! Et puis avec cette histoire avec Fortier, crois-moi, je ne suis pas près de refaire confiance à un homme... d'ici au moins un demi-siècle ! Maintenant, tu as intérêt à m'inviter fissa pour que je rencontre celui qui, par je ne sais quel miracle divin, a enfin pris au piège Louisa Rossi, la plus grande baiseuse de la capitale !

Louisa est debout derrière son bureau. Elle a ses mains devant sa bouche de surprise. Puis elle se met à rire. Derrière la vitre de son bureau, Salvatore Conti les fixe, éberlué.

— Cazzo ! Toujours là quand on n'a pas besoin de lui ! marmonne Irène. Il est là depuis quand ?

Louisa hausse les épaules, car elle l'ignore.

Irène ouvre avec brutalité la porte et sort pour rejoindre son propre bureau à l'autre bout de l'openspace. Elle ne jette même pas un œil à Conti, ni ne lui adresse la parole.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant