46/ La fin du temps des cerises

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— T'es pas croyable ! Mais je suis fière de toi ! Résister à mon idiot de frère n'est pas facile ! Je sais comme il peut être persuasif !

— Je ne suis pas sûre d'avoir eu raison... En fait, je ne sais pas ce qui m'a pris...

— Tu veux une réponse ?

— Pas sûre d'avoir envie de l'entendre.

— Conti...

Irène se contente de hausser les épaules.

Les deux amies sont devant la machine à café. Irène fait une pause dans son tout premier travail en tant que chef d'équipe tech : parcourir les dossiers de ses futurs subordonnés. Il est à peine 10h, et elle n'en peut déjà plus d'éplucher les CV et les compte-rendu de projet. D'autant qu'elle s'est rendue compte que tous ceux qui avaient eu un avis défavorable de Vintanier se retrouvaient systématiquement dans la pile des collaborateurs potentiels. Elle n'est absolument pas objective sur ce coup-là ! Il faut qu'elle réfléchisse autrement. Le café est donc le bienvenu.

— Pas sûr que si j'avais été à ta place, je lui aurais dit non... Bon sang ! Je vais en entendre parler pendant des années !

— Désolée, dit Irène en grimaçant.

— Ne le sois pas ! Ça lui fait du bien de se manger un râteau ! Pour une fois ! Mais bon ! Ça veut aussi dire que tu n'as toujours pas eu ta dose de sexe !

— Ça va, Louisa ! Arrête avec ça ! Tout le monde n'a pas besoin d'être aussi active que toi ! l'abstinence n'a jamais fait de mal à personne !

— Là, on ne parle même pas d'abstinence ! On parle de vide abyssal ! dit Louisa en joignant les gestes à la parole.

— Vide abyssal ? dois-je demander le sujet de votre conversation ou dois-je m'abstenir ? demande Conti en insérant des pièces dans la machine.

— Vous abstenir ! s'écrie Irène.

— Demander ! s'écrie Louisa.

— J'en conclus que vous discutez de la soirée d'hier.

— Bien vu, dit Louisa tout sourire. Je faisais remarquer à mon amie pour la vie qu'elle avait un besoin urgent de tendresse et que ça n'était pas avec un voisin comme vous que ça allait s'arranger.

— Je pensais avoir été utile pourtant.

— Vous l'avez été ! Ne l'écoutez pas ! C'est parce que c'est son frère...

— Hé ! Pas du tout ! s'exclame Louisa en tentant d'échapper à la poigne d'Irène qui veut l'entraîner loin de Conti.

— Louisa !

— Irène ! répond la belle blonde sur le même ton.

Conti les observe, amusé, en buvant son café brûlant. Les deux jeunes femmes finissent par se faire les gros yeux.

— Votre relation est un véritable spectacle en soi. Il va falloir que vous me racontiez votre enfance un de ces quatre, dit-il avant de disparaître.

— C'est bizarre, dit Louisa en fronçant les sourcils.

— Quoi ?

— D'habitude, il est plus... intrusif.

Irène hausse les épaules. Pour le moment, elle a d'autres chats à fouetter que de comprendre le comportement, soudain très soft, de l'associé de Nicole Moreau. Et quand, plus tard, elle y repense, elle est dans son appart et voit Conti en train de chevaucher une femme inconnue sur son canapé.

Il ne lui fait pas de signe. Pas de clin d'œil. Pas de sourire. Il est comme une bête furieuse sur cette femme qui ne semble pas indisposée de son comportement. Au contraire.

Irène s'efface. Fini la connivence visiblement. Elle se demande ce qu'elle a bien pu faire ? À part inviter Giovanni à entrer dans son appart et le jeter, bien sûr !

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant