61/ Le secret de ma meilleure amie

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Le soir même, Irène reprend possession de son appartement et de son chat. Elle est allée le récupérer. Finalement, il n'aimait pas plus Louisa qu'elle. Ni même son frère. Giovanni après avoir passé une soirée à tenter de l'amadouer, a finalement abandonné en le chassant violemment dans un recoin.

Le chat est donc de retour. Et, contre toute attente, Irène en est contente.

Presque tout est redevenu normal. Presque. Conti est à son bureau du loft. Il travaille. Il ne signe toujours pas. Ni ne la regarde. Il lui en veut ? Elle l'ignore. Avec lui, elle ne sait plus trop comment faire.

Sa façon d'agir à présent est si perturbante. Beaucoup plus qu'avant, quand il la taquinait gentiment... quelque chose lui échappe avec cet homme. Définitivement.

Devant sa fenêtre, elle boit une gorgée brûlante de café, les yeux dans le vague.

Conti s'étire, la remarque. Il vient se mettre face à elle. Il est en chemise. Les choses changent.

« Ça va ? » signe-t-elle.

« Oui. Beaucoup de boulot. »

« Oui. Je sais. Mais autrement ? »

« Autrement ? » signe-t-il en souriant.

Irène hausse les épaules. Il sait parfaitement ce qu'elle veut savoir.

« Stupido ! » signe-t-elle avant de s'éloigner.

Elle ne le voit pas sourire d'une oreille à l'autre en retournant à son bureau. Salvatore Conti se bat encore avec lui-même. Mais il est capable de reconnaître que ces petits jeux avec Irène lui manquaient.

Il s'inquiète pour elle. Ce qu'elle vient de vivre jette une ombre sur sa vie sentimentale. Il sent qu'elle va se mettre encore plus en retrait désormais. Et lui, ne peut pas se permettre de tenter de la faire sourire comme avant. Trop dangereux pour lui. Beaucoup trop.


Louisa se tourne vers Luc. Assis l'un contre l'autre sur son canapé, ils regardent un vieux film auquel Louisa ne comprend rien. Elle tente de dissimuler un bâillement dans sa main, et son compagnon sourit.

— Enfin ! J'ai cru que nous allions devoir regarder ce truc jusqu'au bout !

— Comment ? Mais c'est toi qui as proposé de regarder ce film ?!

— C'est vrai ! Mais c'était un test. Je voulais connaître ta résistance à l'ennui...

— Oh ! Cazzo ! Mais comment tu oses... lance-t-elle en le bousculant gentiment. Ce film est un bon moyen de s'endormir. Et je n'avais pas envie de m'endormir... enfin, pas tout de suite !

— Moi non plus, dit l'homme en l'enlaçant. Mais je ne voulais pas te bousculer non plus.

— Luc. Ne t'inquiète pas pour moi. D'accord ? Je vais bien. J'ai frôlé le pire, mais juste frôlé. Tout va bien.

— Je n'arrête pas d'imaginer ce qui aurait pu arriver, Louisa. Je m'en veux de ne pas avoir été là pour toi.

— Mais Luc... Tu te rends bien compte que tout est de ma faute ! Irène n'a même pas encore entendu parler de toi. Ni Giovanni... ni personne, d'ailleurs. Si je t'avais amené ce soir-là, rien de tout cela ne serait arrivé.

— Mais vous n'auriez peut-être pas pu arrêter Fortier.

— Probablement. Je préfère voir ça comme ça. Ça me donne le rôle de l'héroïne.

— Mais c'est ce que tu es.

— Oh ! Arrête ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi !

— Comment ça « aussi » ? Qui est le fieffé coquin qui te cire les pompes de cette manière ?

— J'adore quand tu parles comme ça, monsieur le professeur ! s'esclaffe Louisa. Irène pense que je suis l'héroïne de l'histoire. Alors qu'elle n'est que le second rôle... et avec ce qui s'est passé, elle ne risque pas de changer d'avis...

— Je l'aime bien cette Irène. Il faut que tu me la présentes. Même si elle est seule. Je suis sûre qu'elle ne sera pas malheureuse de ce qui nous arrive.

— J'ai peur qu'elle ne fasse le parallèle avec le fiasco de sa vie amoureuse.

— Tu crois sincèrement que ça la rendra malheureuse... Allons ! Louisa ! Tu la connais mieux que personne ! Irène Manoukian, telle que tu me l'as décrit, ne pourra que se réjouir de notre amour.

— Je suis égoïste. J'ai envie de te garder pour moi. Exclusivement.

— Mlle Rossi, je refuse d'être uniquement votre jouet sexuel. Je ne suis pas un objet ! J'ai une âme aussi ! Et un cœur ! s'exclame-t-il l'air faussement outré. Puis il la prend dans ses bras. Et mon cœur est plein de toi, ma Lou.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant