Fenêtre avec vue

13/ Au service secret de... personne

À la réunion du matin de Moreau, Flore affiche un gigantesque sourire effrayant. Mathieu, lui, est effondré. Il sait. Irène aurait presque pitié. Conti se tient loin de sa conquête de la veille. Il est adossé au mur et écoute Nicole avec attention. Il est bien le seul.

— Tu crois qu'elle a eu plus de 10 minutes de plaisirs, murmure Louisa en se penchant vers Irène.

— J'espère...

— Tu n'as rien vu ? Ils sont allés chez elle ?

— Si seulement...

— Non ! s'exclame Louisa suffisamment fort pour attirer l'attention de Nicole sur elle.

— Oui, Mlle Rossi ? Une réflexion sur le projet de M. Salman ?

Louisa qui a jeté un œil rapide au dossier que lui a transmis Irène le matin même, commence par ouvrir la bouche, et alors le miracle se produit. Il faut savoir que Louisa Rossi n'est pas qu'une jolie blonde au corps parfait.

Elle est beaucoup plus. Beaucoup, beaucoup plus. Un cerveau efficace et nettement supérieur à la moyenne. Si elle n'est qu'une technicienne, une petite main, comme Irène, c'est que ça l'arrange. Pas trop de travail pour elle, et des horaires qui lui permettent d'avoir une vie active en dehors. Voire très active. Elle est juste un peu moins créative qu'Irène, mais ses idées sont souvent percutantes.

Comme d'habitude, elle éblouit Nicole, qui se demande toujours pourquoi cette beauté à l'intelligence évidente n'a jamais demandé à passer chargée de projet. Elle aurait sûrement été parfaite. Il faudrait qu'elles en parlent.

Louisa se tait. Le silence subsiste une seconde avant que Conti n'intervienne et ajoute deux ou trois éléments intéressants qui complètent parfaitement ce que vient de dire Louisa. Alors là, c'est carrément surréaliste ! Salman a la bouche ouverte sur le vide qui encombre brusquement son cerveau. Il n'a rien à ajouter. Le dossier est pourtant le sien.

Irène fixe Conti qui lui fait un clin d'œil. Porca miseria ! Il bosse vraiment, le con !

— Tu as vu la tête de Flore à la fin de la réunion ?

— Oui. Rien qui me rassure. Elle va nous avoir dans le collimateur toutes les deux, si ça continue. J'ai vu qu'elle avait fait modifier par Mathieu, plusieurs trucs qu'elle m'avait dit vouloir garder. Je suis sûre qu'elle va essayer de saper mon travail...

— Lui mettre Conti dans les pattes n'aura pas suffi.

— Ou alors, elle n'a eu que 10 minutes de plaisir...

— Je peux vous assurer que non. J'ai dû donner de ma personne une bonne partie de la nuit ! dit alors Conti qui se tient accoudé à son endroit préféré de la cloison d'Irène.

— Via ! Via ! Je ne veux pas savoir ! Partez immédiatement ! Vai !

— J'adore quand vous parlez italien, dit-il en souriant avant de faire le mètre qui le sépare de son bureau. Puis il signe « Le spectacle était à votre goût hier soir ? »

« Pervers ! »

« Pour vous servir ! »

Irène pose sa tête dans ses mains. Il est incorrigible, cet idiot !