26/ Goldeneye

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Alors, comment dire. Quand Louisa a quitté son sud natal, elle n'est pas partie seule. Elle a mis dans sa valise son plus jeune frère, d'un an son aînée. Giovanni Rossi. Le garçon était loin d'être con, et il s'est rapidement fait une place dans une agence de publicité. Mais ça ne s'arrête pas là.

Il n'est pas le genre bellâtre. Il est plutôt pilier de rugby ou viking, côté silhouette. Costaud quoi. Blond. Et barbu. Et pas content d'avoir été dérangé.

Il écarte de son battoir gauche le type qui a osé enlacer sa sœur. Attrape la dite sœur et la pose sur son épaule comme un sac de linge, tandis qu'Irène ouvre le chemin jusqu'à l'extérieur. La scène provoque l'hilarité générale. D'autant plus que Louisa fait des pouces de la victoire en souriant dans le dos de son frère.

Les deux types qui les avaient branchées lourdement ne pipent pas mots. Finalement, ils ne sont pas totalement stupides. L'instinct de préservation est puissant, même quand on est en état d'ébriété avancé.

— Je te préviens, Louisa ! Si tu gerbes dans ma caisse, tu la nettoies !

Louisa est couchée sur la banquette arrière. Elle lève encore un pouce et ferme les yeux.

— Pourquoi ? demande l'homme des bois.

Ah ! Oui ! Il est laconique aussi. C'est pas un bavard, quoi !

Irène a toujours eu un petit faible pour lui. Quand on a une meilleure amie avec trois frères, c'est inévitable d'avoir des penchants pour au moins l'un d'entre eux. Bon, Irène avait eu le béguin pour les trois à des moments différents de sa vie... mais c'était avant. Dans sa vie de fille du sud.

Et puis, Louisa, elle, elle ne s'était pas contentée d'avoir le béguin pour les frères d'Irène - Parce qu'Irène à quatre frères. Oui, sa famille est dans l'excès, même quand il s'agit du repeuplement de la planète -, elle est sortie avec l'un d'entre eux pendant... trois mois ! Comme prévu, Vincente lui avait brisé le cœur. À moins que ce soit Louisa qui le lui ait brisé... Irène ne sait plus.

Bref, Giovanni éveille toujours une certaine douceur inaccessible dans le cœur d'Irène Manoukian. Elle le voit rarement. Il est le numéro d'urgence ultra urgente. Le dernier recours. Parce que Giovanni n'approuve pas la vie amoureuse de sa sœur. Il aurait aimé qu'elle se pose. Qu'elle trouve quelqu'un de bien. Et surtout qu'elle le garde. Comme lui a fait. Et oui. Giovanni, lui, a trouvé l'amour. Il est donc bien une douceur très, très inaccessible.

— On a eu une semaine difficile.

— Au point de se bourrer et de prendre des risques ?

— Non. Sans doute que non. Mais elle n'a pas bu tant que ça. D'habitude...

— Elle descend plus sans broncher ?

— Oui. Je ne sais pas ce qui s'est passé aujourd'hui...

— Brochicolo ! hurle Louisa en se redressant avant de se rendormir.

Irène voit Giovanni sourire.

— C'est quoi ça, brochicolo ?

— Elle ne t'en a jamais parlé ? Ah, mais non ! Pourquoi faire ! Tu ne bois pas d'alcool ! Tu n'en bois toujours pas ?

— Non. J'essaye, je t'assure, mais vraiment, c'est pas ma came...

Deuxième petit sourire. Il n'est pas si grognon.

— Alors le brachicolo ?

— Brochicolo. Le brochicolo est une recette familiale que l'on ingurgite en prévision d'une soirée arrosée. Je te passe la liste des ingrédients... Ça ferait vomir une buveuse de tisane comme toi...

— Buveuse de tisane, toi-même ! La soirée n'était pas prévue. Elle n'a pas pu se préparer... la petite cachottière. Moi qui croyais naïvement qu'elle était d'acier !

— La fin d'un mythe...

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant