49/ Sans alternative

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— Je ne sais pas, Louisa ! Tu me parais un brin trop enthousiaste ! Ça va mal finir !

— Oh ! Tu n'as pas le droit ! Tu es obligée de me le dire ! C'est quelqu'un du bureau forcément... puisque tu ne ramènes jamais personne de nos sorties ! Quelqu'un que tu as découvert sous un nouveau jour... ou un nouveau... Oh ! Paul Dubois ou Éric Fortier ?

— Pourquoi ces deux-là et pas les quatre autres recrutements récents ?

— Peut-être parce que parmi les quatre autres, il y a deux femmes, et tu m'as dit savoir quels étaient tes penchants sexuels, très restrictifs selon moi, un homo et un "giovanote" qui ne joue pas dans notre cours. Donc Fortier ou Dubois ? Dubois ou Fortier ?

— Ok ! J'abandonne ! Éric... il est très sympa...

— Très sympa... Éric Fortier ? Le grand sec avec une petite barbe qui a du mal à le vieillir comme il le souhaiterait ?

— Je le savais ! Je le savais que tu allais lui trouver des trucs !

— Ne te méprends pas Irène. C'est juste qu'il ne paye pas de mine. Mais c'est justement de ceux-là dont il faut se méfier. Il s'insinue dans votre cœur sans faire de bruit.

— N'exagérons rien ! Je n'en suis pas à imaginer me marier avec ! Hein ! Il me plaît, c'est tout. Enfin, je crois. Il me ressemble.

— Et qui se ressemble s'assemble.

— Tu dis ça comme si c'était un défaut.

— Non ! Non ! C'est juste que ça donne moins d'éclat ! Ça ne sent pas la passion, tu vois ! Avec Conti ça aurait fait des étincelles !

— Avec Conti, j'aurais eu le cœur brisé par toutes ses aventures ! C'est un cavaleur...

— Ou alors, il est comme moi.

— Pardon ?

— Peut-être cherche-t-il simplement à combler le vide en attendant l'étincelle.

— Louisa... Conti ne m'a pas vraiment adressé la parole depuis deux semaines. J'ignore ce qui ne va pas chez lui. Alors n'insiste pas. Il est ce qu'il est. Mais je ne suis pas son étincelle. Pas plus que toutes les femmes qui défilent dans son loft.

— Bécasse !

La porte s'ouvre sur deux jeunes femmes en pleine discussion. Elles s'arrêtent net en voyant Irène et Louisa face à face. Elles s'observent un instant, avant qu'Irène ne sorte.

Louisa la suit. Elle ne sait pas comment faire. Toujours pas. Mais bon. Irène a l'air de vouloir s'attacher quelqu'un. Alors pourquoi pas! Louisa est son amie. Elle doit la soutenir, même si cette histoire va finir avec son petit cœur en miettes. Comme d'habitude. Louisa connaît Irène comme si elle l'avait faite. Et ce Fortier, elle ne le sent pas.

— Hé ! Irène ! Attends !

— Quoi, Louisa ? Je voulais ton aide ! Pas que tu essayes de...

— Je sais ! Je suis nulle ! Laisse tomber ! Qu'est-ce qui pose problème avec... tu sais qui ?

— Je ne sais pas comment l'aborder... sans avoir l'air de la chef qui abuse de son subalterne... Je n'aurais pas dû le prendre dans l'équipe. Ça serait moins compliqué.

— Vu ce que j'ai vu de lui, si tu ne l'avais pas pris dans l'équipe, tu ne l'aurais jamais vu...

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce qu'il est effectivement comme toi, Irène. Il se cache derrière ses écrans et ses dossiers. En plus, ça aurait été stupide de te priver d'un excellent élément.

— Tu as remarqué toi aussi qu'il était bon ?!

— N'exagérons rien...Je ne l'ai pas testé à ce point. Mais si tu veux, je peux...dit Louisa avec un sourire entendu.

— Louisa ! Espèce de débauchée ! Tu n'en rates pas une ! Tu n'as pas intérêt à t'approcher de trop près ! Il est à moi !

— Ah ! Tu vois que tu sais quoi faire ! dit Louisa en riant.

Louisa observe son amie disparaître au bout du couloir. Peut-être que ça ne finira pas par un cœur brisé. Qui sait ?

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant