51/ Amours secrets

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L'aube arrive avec le sourire des amants. Irène file à la salle de bain pendant qu'Éric propose de préparer le café. Il évite le chat qui gronde sur lui dès qu'il fait mine de s'approcher. Torse nu, il déambule dans l'appartement sans se poser de question. Il s'imprègne du bazar d'Irène, sourit en voyant la table, véritable bureau annexe de l'agence. Puis, une tasse de café à la main, il va observer l'extérieur. Il voit le loft d'en face. Et l'homme qui s'y trouve en train de travailler à son propre bureau. Il relève la tête et le fixe.

Éric le reconnait aussitôt et recule hors de vue. Irène arrive à se moment-là, fraiche et pimpante. Elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis très longtemps.

— Tu sais que tu vis en face de chez Conti, l'associé de Moreau ?

Éric ignore tout de l'ancienne complicité entre Salvatore et Irène. Il est arrivé après. Il n'a pas encore ce genre de clés pour comprendre sa nouvelle compagne de batifolage. Et Irène n'a pas envie d'en parler.

— Oui. Mais ne t'en fais pas. Nous n'avons que très rarement l'occasion de nous apercevoir. Il bosse tout le temps ou s'envoie en l'air. C'est son credo : boulot et sexe.

— C'est le nôtre aussi, dit Éric en l'enlaçant tendrement.

— Oui, murmure Irène en l'embrassant. Mais...

— Mais ? répète Éric avec un froncement de sourcil.

— Il ne faut pas que ça se sache. Donc tu restes hors de vue des fenêtres.

— Je crois que c'est trop tard.

— Ah ! Il t'a vu ?

— Ouaip !

— Bon, qu'il sache lui, ça n'est pas grave. Il ne dira rien. Mais les autres de l'équipe... ça serait trop bizarre.

— Oui, chef ! Bien, chef !

— Arrête ! dit Irène en souriant.

— Mais tu es ma chef d'équipe... je baise avec ma chef d'équipe...

Est-ce la façon dont il dit ça ? Ou bien son étreinte ? Irène sent une appréhension naitre en elle. Et puis, il l'embrasse, et elle la chasse. Pourquoi s'inquiéter ? Tout va bien. Tout va même très bien !


— Je vois que tu as pris les choses en main... dit Louisa en voyant son amie le lundi suivant.

— En main et en b...

— Tut, tut, tut... Pas de détail sur le lieu de travail ! Jamais ! Surtout si tu couches avec un collègue, murmure Louisa. Par contre, au déjeuner... Je veux tout savoir.

— Je vais en garder pour moi quand même...

— Petite dévergondée ! sourit Louisa tandis qu'Irène repart vers son bureau en souriant, avec sa tasse de café.


Salvatore Conti entre dans le bureau de Louisa et ferme la porte. Il a l'air préoccupé et s'assoit lourdement sur l'un des deux fauteuils face à la jeune femme, qui abandonne le dossier sur lequel elle travaillait pour se rendre disponible. Manifestement Conti a besoin de parler. Et si, comme Irène le lui a dit, il sait pour la liaison entre son amie et Éric Fortier, Louisa se doute qu'il doit en avoir gros sur la patate. Parce que si Irène n'a pas conscience de passer à côté de quelque chose de grand et de beau avec lui, ça n'est pas le cas de Conti.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant