45/ Le goût amer des bonbons d'antan

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Louisa a amené Giovanni avec elle. Irène n'en croit pas ses yeux. Elle le voit approcher, un sourire aux lèvres et elle sent l'air se raréfier dans le club. C'est elle ou il fait soudain très chaud !

Irène se souvient de ce qu'elle a dit au sujet des bonbons que l'on aimait enfant ! Elle s'en souvient parfaitement ! Mais, cazzo ! Giovanni est très séduisant ! Et elle est en manque de sexe et d'affection ! Alors ce grand gaillard qui lui fait les yeux doux avec l'assentiment de sa sœur, ça peut le faire ! Sérieux !

— C'est mon cadeau pour mon spectaculaire courage ? demande-t-elle à Louisa en aparté.

— Comme tu n'as pas été capable de ferrer Conti ! Je me demande comment c'est possible d'ailleurs, sérieux ! Tous les deux, seuls dans un bureau pendant au moins... un quart d'heure ! Bref ! Il a fallu que je trouve un lot de consolation à la va-vite ! Maintenant ne me fais pas regretter de l'avoir autorisé à venir ! Et quand il t'aura brisé ton petit cœur de midinette, ne me dis pas que je ne t'avais pas prévenue !

— Merci de me laisser faire un essai comme une grande, dit Irène en déposant un petit baiser sur la joue de son amie.

— Je t'ai à l'œil, dit Louisa en souriant cependant.


La soirée a été agréable. Amusante. Et pleine de promesses. Giovanni est maintenant dans son salon. Précision importante : il est seul avec elle dans son salon. Irène a l'impression que sa vie reprend après une longue pause faite de contrariétés et de coups du sort. Elle prend conscience que ses derniers échecs sentimentaux associés à la sape en règle de Vintanier ont failli faire chavirer sa barque. Mais elle ne s'est pas noyée. Grâce à Louisa et Conti. Conti. Salvatore.

Irène jette un œil vers le loft. Obscurité et calme. Aucun mouvement. Sorti ? En chasse ?

Giovanni a bu son café d'un trait. Il pose sa tasse, le regard rivé sur Irène. Les choses deviennent sérieuses. Il s'approche. Prend le visage de la jeune femme entre ses mains et l'embrasse sans plus de cérémonie. C'est un peu vexant. Pas de badinage. Pas de séduction intense et chaude qui fait frémir et rend tout chose.

Elle n'est plus la fille mystérieuse. Fini le mystère. Action. Action ? Sûre ?


Dans l'obscurité du loft, Salvatore Conti fume. Demain, il sera bon pour aérer tout l'espace. Il aime fumer occasionnellement, mais déteste quand l'appart empeste la cigarette froide. Pour l'instant, cependant, il s'en fout. Il ne peut pas ouvrir. Et il a besoin de fumer. Vraiment besoin.

Les yeux rivés sur l'appart en face, il regarde le frère de Louisa embrasser Irène. Il sent une colère froide remuer en lui. Il a juste envie de lui casser la gueule à cet homme des cavernes qui ose poser ses mains sur SA voisine.

Et pourquoi donc ? Irène Manoukian ne lui appartient pas. Il ne fait que flirter avec elle, comme avec beaucoup d'autres femmes. Il n'a jamais été sérieux. D'ailleurs, elle en est bien consciente puisqu'elle amène ce type dans son appart. Il devrait en rire avec elle.

Pourtant, Conti ne peut pas s'empêcher d'être furieux.

Il s'approche des interrupteurs du loft pour allumer la lumière. Il veut les pousser à disparaître du salon. Qu'ils aillent au moins dans la chambre ! Il ne manquerait plus qu'il assiste à leur partie de jambe en l'air ! Déjà qu'il ne peut s'empêcher de l'imaginer...

Puis, il s'arrête.

Irène a repoussé Giovanni. Gentiment, mais sûrement. Le grand gaillard essaie de la reprendre dans ses bras. Elle lui échappe à nouveau. Elle discute et ce qu'elle dit ne semble pas plaire au viking. Il se rapproche encore. Sa haute silhouette avale la jeune femme.

Conti hésite. Il va frapper à la porte ou la lumière du loft suffira à interrompre la dispute ? Il allume toutes les lumières et fait comme s'il rentrait.

Giovanni s'écarte brusquement d'Irène. Il semble très contrarié. Ils discutent encore en montrant les fenêtres. Il fait de grands gestes comme les gens du sud savent si bien faire quand ils s'enflamment. Le grand blond est donc plus italien que teuton, finalement. Puis Giovanni envoie un objet à travers la pièce et sort en claquant la porte de l'appartement.

Irène apparaît à sa fenêtre. Elle fait face à Salvatore.

« Merci » signe-t-elle.

Elle n'est pas dupe. Tout à l'heure, elle a vu l'éclat du mégot de cigarette dans l'obscurité du loft. Elle sait qu'il était là depuis le début.

« Ça va ? »

« Oui. Maintenant, oui. »

Il lève un pouce. Puis, il prend sa veste et sort. Peu de temps après, Irène entend le vrombissement de la moto. Le loft est de nouveau dans l'obscurité. La jeune femme est toujours debout immobile. Elle sourit cependant.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant