21/ Règlement de compte à OK Coral

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— Bien joué, Mlle Vintanier ! Vous vous en êtes sortie avec une pirouette digne d'une grande artiste de cirque. Vous pouvez dire merci à votre équipe qui vient de sauver votre tête !

— Pardon ? Je ne vois pas de quoi vous parlez, M. Conti, dit alors Flore avec suffisance en jetant tout de même un œil à Nicole qui ne dit rien, mais observe ses employés avec attention. La directrice attend la suite.

Flore sait qu'elle joue une partition délicate, mais elle ne se démonte pas. Conti est un nouveau venu. Il ne peut pas encore avoir la totale confiance de Moreau. Pas comme elle.

— Oh ! Je suis sûr du contraire. M. Delagrange est votre serpillière personnelle. Prêt à tout pour vous éviter de vous ramasser devant un client. Même à endommager du matériel coûteux. Quant à Mlle Manoukian, vu son niveau de compétence, elle n'aurait pas dû mettre plus d'une semaine à plier ce dossier, si vous n'aviez pas minutieusement et méthodiquement saboté son travail.

— Le niveau de compétence de Mlle Manoukian ! Ah ! Parlons-en ! Vraiment ! Je peux vous montrer que vous vous trompez sur cette... employée !

— Vraiment ! J'ai hâte de voir ça ! J'espère seulement que vous ne tablez pas uniquement sur les quelques fichiers du cloud ! Il se trouve que je m'y connais un peu en informatique et que j'ai pu accéder aux fichiers d'origine. Sans compter que je vous ai vu à l'œuvre de très prés.

Irène n'en croit pas ses oreilles. Conti utilise sa vie personnelle et son aventure avec Vintanier pour l'écraser. Il est dingue !

Flore est blême. Elle serre les poings. Elle est furieuse, mais elle n'a pas dit son dernier mot.

— Je pensais que vous étiez plus professionnel que ça ! Le fait que nous ayons couché ensemble ne devrait même pas être évoqué ici ! Mais puisque vous insistez ! Vous savez ce que les mots « procès pour harcèlement » veulent dire ? Parce que c'est exactement ce qui va vous arriver.

— Je ne crois pas, dit alors Nicole Moreau en s'asseyant avec élégance dans l'un des fauteuils en bout de table.

Elle leur fait face. Elle a le regard aiguisé de la femme de tête qu'elle est au demeurant. Une femme qui a réussi à se faire une place dans un monde ultra compétitif et qui n'entend pas baisser les bras.

— Assis ! Tous !

Flore Vintanier s'assoit de mauvaise grâce d'un côté de la longue table. Conti de l'autre. Comme un couple en plein divorce.

— Mlle Manoukian, puisque vous êtes encore debout, veuillez aller chercher Mlle Rossi, M. Delagrange, M. Hauteville et M. Salman. Dominique doit être dans le bureau du fond.

Voyant qu'Irène hésite en observant Vintanier et Conti, Nicole ajoute.

— Vous n'allez rien manquer. Nous allons attendre que tout le monde soit là. Chez moi, le linge sale se lave en famille. Maintenant allez-y !


Le silence est pesant. Irène s'est assise en dernier, près de Louisa, au niveau de l'arrondi de la table. Pas de prise de position comme Mathieu et Louis, qui se sont résolument assis de chaque côté de Flore. Pas comme Salman qui s'est affalé près de Conti, totalement ignorant du drame en cours.

Nicole Moreau regarde son petit monde. Il manque plusieurs chefs de projet. Mais ça n'est pas grave. Ceux qui vont être directement impactés par ce qu'elle s'apprête à leur dire, sont présents.

— Bien. Je n'ai pas été suffisamment précise quand j'ai présenté M. Salvatore Conti. Mais j'avais mes raisons. Il n'a pas intégré l'agence en tant que chargé de projet. Enfin pas seulement. Il l'a intégré comme associé.

— Quoi ! s'exclament Vintanier et Salman à l'unisson.

Salman s'est tourné vers Conti avec un air plus étonné qu'outré. Vintanier s'est levée, encore plus furieuse qu'elle n'était.

— Asseyez-vous, Mlle Vintanier, je vous prie. Je n'ai pas fini. L'an dernier, nous avons perdu deux excellents collaborateurs. Partis à l'ennemi, si je puis m'exprimer ainsi. L'année d'avant, c'était un chargé de projet et plusieurs techniciens et graphistes. Et cette année, Paul Courcelle, un jeune homme travailleur et compétent. Pas le meilleur d'entre nous, certes, mais un bon élément.

Irène entend parfaitement le souffle de mépris de Flore qui fixe maintenant la nuit qui est tombée sur la ville, par la fenêtre derrière Conti et Salman.

— Il m'était impossible de ne pas me poser des questions, Mlle Vintanier, M. Salman. Toutes ces personnes avaient travaillé pour l'un ou l'autre d'entre vous. Pour vous, M. Salman, il a été facile de déterminer le problème. Vous n'aimez plus ce que vous faites. Alors vous déléguez en continuant à récolter les lauriers... et le salaire. Vous usez vos collaborateurs. Et puis, quand ils comprennent que la vraie compétence est en eux, ils s'en vont. Et je perds de précieux éléments. Je vais vous demander de réfléchir à tout cela ce week-end, Dominique. Nous en reparlerons lundi, si vous le voulez bien.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant