CHAPITRE 14: Précipitation

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Point de vue : Alejandro Cristóbal Martínez



C'est le cœur battant et meurtri que je conduisais sur cette route à deux cents kilomètres heure, en direction de la propriété. Nous avions reçu un appel de l'un des gardes qui avait survécu pendant que nous fêtions notre nouvel accord avec le chef des bikers en Argentine, nous expliquant la situation. Aussitôt, nous avions pris le jet pour revenir au Mexique. J'avais pris immédiatement ma voiture voulant conduire par moi même.

Je n'étais plus qu'à quelques kilomètres de la maison, plus je me rapprochai, plus je réalisai. Je venais à peine de la retrouver qu'on me l'enlevait déjà. J'accélérai. Ça ne pouvait pas être vrai. Alejandra est une femme forte. Comment avaient-ils fait ? Était-elle blessée ? Ma sœur. J'accélérai. Et si elle était déjà morte. Je n'avais aucune certitude qu'elle soit en vie. Rien qu'à cette pensé mon cœur se compressa. Pas elle. J'accélérai. Je savais qu'elle était forte, mais rien que d'imaginer qu'elle puisse être effrayée me brisait. Sans elle qu'est-ce que j'étais. Moi sans ma moitié. J'accélérai. J'accélérai. J'accélérai.

Jusqu'à enfin distinguer la propriété. Une fois arrivée, je descendis précipitamment et ne pris même pas le temps de refermer la portière. Je marchai à toute vitesse. Partout autour de moi des cadavres. C'était un véritable massacre. J'avais l'impression d'étouffer. J'accélérai la cadence. Je devais au moins servir à quelque chose et voir si elle allait bien elle. J'accélérai. Jusqu'à trottiner. J'ouvris la porte et vis la maison, ma maison dans un état pitoyable. Mais cela m'importait peu, je pris les escaliers et entrai dans sa chambre. Elle n'y était pas. Je descendis à toute vitesse et me dirigeai vers la cuisine.

Et je la vis. Par terre. À côté d'un corps. Je pouvais voir la douleur se dégager de son visage. Je me rapprochais doucement, me mis à sa hauteur, et la pris dans mes bras. Elle lâcha tout. Elle se mit à pleurer. Pour sa fille qu'on venait de lui enlever. Pour Maria qui était allongée là sans vie. Pour son alcoolisme. Pour la vie et ses épreuves difficiles. Je ne dis pas un seul mot. Je la serrai juste de toutes mes force, car cela me faisait du bien à moi aussi. Je ne laissais rien paraître, car je devais être fort pour nous deux. Mais c'était difficile. Maria avait été à de nombreuses reprises là pour moi dans les moments où ma mère n'était plus elle-même. Alors pour elle, je laissai couler une larme. Une seule larme. Pour une femme en or.

Je finis par forcer ma mère à se relever. Mais elle hurla, elle voulait rester près de Maria. La porte d'entrée s'ouvrit sur mon oncle suivi d'Enrique. Il se précipita vers ma mère pour la prendre dans ses bras alors je m'écartai. Je tournai la tête vers Enrique.

- Où est Santiago, lui demandais-je.

Il secoua la tête de droite à gauche. Les pertes étaient importantes. Trop importante. Je détournai mon regard vers mon oncle, et vis dans ses yeux le feu. Le feu de la rage. Il voulait se venger tout comme moi. Et on allait se venger et récupérer Alejandra en vie. Oui en vie, car je pouvais tout supporter dans ce bas monde de sang, de guerre, de malheur, mais pas de la perdre elle, ma moitié, mon souffle de vie.

Mon oncle s'éloigna avec ma mère en direction des escaliers. Je lançais un dernier regard au cadavre de Maria avant de m'adresser à Enrique.

- Nettoyez tout ce bordel, dis-je d'une voix froide.

Je faisais le tour de la villa afin de constater les dégâts. La plupart des dégâts étaient mineurs, il n'y avait que quelques fenêtres brisées et des traces de sang. La majorité des dégâts était concentré dans le bureau qui était totalement parti en fumée. J'avais retrouvé des traces d'explosifs. Heureusement pour mon oncle, son coffre-fort avait résisté à l'explosion.

Cartels RivauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant