CHAPITRE 2: Sinaloa

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3 mois plus tard...

Point de vue: Nacho

Culiacán, Sinaloa
8h56


Je me tenais debout face à Elias qui avait l'air absorbé par la splendeur de son jardin. Les bras croisés derrière son dos, il était debout en face de la baie vitrée de son bureau. À ma droite La quica et Diente, les meilleurs sicarios de ce cartel, se tenaient dans la même position que moi.

- Alors, qu'est-ce que vous en pensez patron, demandais-je fièrement.

Nous étions dans ce bureau depuis déjà quinze minutes et je venais d'exposer à Elias de nouvelles méthodes pour faire passer la drogue discrètement.

- Está muy bien et quand pourra être livrée la prochaine cargaison ? Parce que ces putains d'Italiens me prennent la tête, dit-il avec agacement. ( c'est très bien )

Elias détourna les yeux de son jardin et prit place sur le grand fauteuil en cuir face à sa table de bureau. Il prit une cigarette dans le paquet posé sur la table avant de l'allumer.

- La coca devrait normalement être livrée dans deux semaines, le temps que le laboratoire qui se trouve à Mazatlán finisse le travail, lui répondit Diente.

- Et que la marchandise puisse être chargée dans les camions en direction de Culiacán, ajouta La Quica.

Elias hocha lentement la tête, tout en recrachant la fumée de sa cigarette.

- Le pilote qui a accepté de transporter la marchandise du Mexique à l'Italie arrive demain soir à Culiacán, l'informais-je.

Je ne pus m'empêcher de me demander s'il allait être à la hauteur, car Elias ne laissait place à la médiocrité.

-Ok quiero verlo. ( je veux le voir )

Maintenant il fallait aborder le sujet fâcheux, je tournais brièvement les yeux vers La Quica, mais celui-ci fit comme s'il ne voyait rien tout en souriant. Qué pendejo. Il ne semblait pas prêt à m'aider, alors je pris courageusement la parole et dis:

- Patron hay un problema. ( il y a un problème )

Elias releva rapidement les yeux vers moi. Son regard était à présent ardent. Il avait toujours été très colérique et il détestait par-dessus tout, les imprévus. Bien que nous nous connaissions depuis longtemps, il y avait des moments où je savais qu'Elias était capable de me tuer. Depuis qu'il était devenu officiellement chef du cartel de Sinaloa, il était encore pire qu'avant. Sans émotion, j'avais l'impression de ne plus le connaitre. Il ne restait plus qu'el león comme il se faisait appeler dans tout le Sinaloa.

Depuis la mort de Don Alberto, Elias avait pleinement assumé son rôle, Il nous avait ouvert la voie vers l'Europe. En effet, nous étions les premiers mexicains à faire affaire avec les Italiens. La famille Mancini était à la tête de la plus grande mafia d'Italie. Elle possédait également de nombreux casinos et ils avaient la main mise sur les autorités. De mon côté, je m'étais occupé de recruter et former plusieurs hommes afin d'agrandir nos rangs, comme l'avait demandé Elias. Nous étions en train de devenir le plus grand cartel du Mexique et je sentais que cela allait bientôt nous porter préjudices.

Cependant, il y a quelques jours, un de nos petits clients m'avait fait part d'un manque de quelques kilos dans sa commande. Et je savais déjà qui étaient les responsables.

- Que está pasando, demanda Elias les sourcils froncés . ( Qu'est ce qu'il se passe )

Je déglutis avant de répondre :

- Certains fils de pute se permettent de voler des kilos de coca dans notre dos, dis-je en appréhendant sa réaction.

- C'est pour ça que la mercancía des Mancini ne pourra pas être livrée avant deux semaines, termina La Quica. ( marchandise )

À cette nouvelle Elias donna un grand coup de poing sur son bureau et hurla le visage déformé par la colère :

- Maldita mierda ! ( putain de merde ) Sortez et réunissez-les tous dehors, je vais leurs montrez moi, ce que je fais aux ladrones. ( voleurs )

À ces mots, nous sortions rapidement. Diente et La Quica se dirigèrent vers l'extérieur, pour prévenir les hommes étant restés à la dépendance.

- Réunis tout le monde dehors, ordonnais-je froidement à l'un de mes subordonnés avant d'aller chercher une corde au sous-sol.

Quand j'arrivais dans le jardin, Elias y était déjà avec tous nos hommes. Je rejoignis La Quica et Diente dans la foule. L'atmosphère était morbide et il y avait un silence de plomb. Avant de prendre la parole, Elias nous fit un signe de la tête. La Quica, Diente et moi comprimes aussitôt. Nous nous approchions alors des cinq hommes coupables. D'une voix glaciale Diente leurs ordonna :

- Alignez-vous devant votre chef !

Les hommes obéirent immédiatement et avancèrent presque tous d'un pas tremblant. Nous les ligotions les uns aux autres. Ils ne pouvaient pas s'enfuir car s'ils bougeaient ils recevraient immédiatement une balle dans la tête.

Mais je sentais bien que malgré cette menace, deux d'entre eux paraissais moins paniqué que les autres.

- J'ai appris que parmi vous, commença Elias dans un semblant de calme, il y a quelques petits audacieux qui s'amusent à jouer aux ladrones, mais dans mon cartel, on ne touche pas à la marchandise, continua-t-il en élevant la voix. Les voici, ces hommes si courageux qui ont osé voler mi coca, hurla-t-il en montrant les cinq hommes attachés.

Il s'approcha dangereusement de ces hommes, son glock 17 à la main puis tira de sang froid, une balle dans la tête du premier ce qui fit sursauter l'homme à côté. Puis une seconde détonation retentit, cette fois ci la balle se logeait dans les couilles du second, il s'écroula au sol dans un hurlement strident. Les hommes autour regardaient ce massacre avec crainte. Et le visage déformé par la rage, Elias jeta son glock 17 par terre, sortit un couteau de sa poche et trancha d'un mouvement vif la gorge du troisième, il s'écroula lentement dans un bruit d'étouffement. La violence d'Elias était sans limites. Les deux derniers ne cillaient pas, aucun d'eux n'avait frémi. Mais je sentais dans leurs regards une légère crainte qu'ils tentaient de masquer. Tandis que la colère d'Elias ne faisait que redoubler. Le visage couvert de sang, il abordait un sourire sadique.

Je savais que ce sourire n'annonçait rien de bon.

Elias planta ses yeux noisette dans ceux de l'un des deux hommes et articula avec un sourire en coin :

- Étant donné que tu fais preuve d'un grand courage, je vais m'assurer de t'offrir une mort délicieuse.

Ces mots n'avaient été audibles que par Diente, La Quica et moi. La réaction de l'homme fut immédiate, il tremblait à présent de peur.

- Ta langue, demanda Elias sur un ton joueur.

Terrifié que son supplice dure plus longtemps, l'homme obéit rapidement. Elias lui sectionna la langue la laissant retomber par terre et l'homme se plia de douleur dans un gémissement atroce, crachant du sang. Pendant que cet homme était à l'agonie, moi j'étais sûr que cet événement ne sombrerait jamais dans l'oubli. Dans un mouvement brusque par je ne sais quel moyen, le dernier homme avait réussi à se détacher et pris la fuite. Mais il n'eut même pas le temps de faire cinq pas qu'il s'écroula sur la pelouse. Notre jefe venait de lui lancer son couteau à l'arrière du crâne.

À présent, le visage et les mains d'Elias étaient recouvertes de sang, il se tourna et hurla à tous ses hommes y compris moi :

- Et que ça vous serve d'exemple, parce que la prochaine fois que l'un de vous essaie de me baiser je ne serai pas aussi tendre ! Maintenant nettoyez moi tout ça. Sur ces dernières paroles, il s'en alla en direction de la maison d'une démarche assurée et claqua la porte derrière lui.

Aujourd'hui on le respectait tous, il méritait sa place de jefe car il avait l'étoffe d'un chef. Il arrivait toujours à mettre de l'ordre dans ce cartel et c'est ce que j'admirais chez lui, il était destiné à être notre meneur.




Elias Ruiz Ortega...

Cartels RivauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant