Amour sous silence

Madyson Stevens

2 jours avant la rentrée

Je me gare sur le parking de la pharmacie pour me rendre à la bibliothèque juste de l'autre côté de la rue.

Talia m'a conseillé d'y aller, complimentant leur rayon New Romance à longueur de temps.

La bibliothécaire me salue poliment, non sans me dévisager mais reste tout même souriante.

Est-ce que tout le monde se connait ici ?

Si à New-York, personne ne peut se connaitre tellement la ville est grande, ce n'est pas le cas d'Austin.

On dirait qu'on m'a collé une affiche disant que je suis nouvelle.

Tout le monde m'observe.

Sans leur prêter plus d'attention, je parcours les différentes allées avant de trouver mon rayon de prédilection.

Tous les bouquins présents sont soit dans ma chambre, soit dans ma Kindle.

Désespérée, je pousse un profond soupir puis commence à rebrousser chemin lorsqu'une blonde, faisant ma taille, me rentre dedans.

... : Oh pardon, je suis désolé. Je ne regardais pas où j'allais.

Moi : Ce n'est rien, je ne regardais pas non plus, je suis désolé.

Elle relève sur moi un regard aussi azur que le mien et replace ses lunettes noires sur son nez.

... : Tu es nouvelle, non ?

Moi : Hm...

... : Je le sais parce que personne ne vient jamais dans cette allée sauf moi. Je m'appelle Arizona mais tu peux m'appeler Ari.

Moi : Madyson, tu peux m'appeler Mady.

Son large sourire est accueillant et solaire ce qui me rassure un peu.

Arizona : Tu cherchais un livre en particulier ?

Moi : Pas vraiment. Je regardais surtout si je trouvais des nouveautés.

Arizona : Les dernières sorties sont en tête de gondole. Il faut te soumettre aux regards des autres pour chercher la perle rare.

Moi : Sympa...

Arizona : T'inquiètes ! Si moi aussi au départ je faisais attention à leurs tronches déconfites devant ce rayon qu'ils appellent « adolescent », je ne le fais clairement plus. Ils ne savent pas de quoi regorgent ses bouquins, si tu vois ce que je veux dire.

Elle me fait un clin d'œil qui en dit long sur notre style de lecture.

Arizona : Viens, je t'accompagne.

Passant son bras sous le mien, elle m'attire vers la tête de gondole, en plein milieu de la bibliothèque.

Certains lecteurs nous observent du coin de l'œil mais je fais comme elle me l'a dit, je n'y prête aucune attention.

Arizona : Tu cherche un cadre en particulier ?

Moi : Puisque je vais y entrer, pourquoi pas la fac.

Arizona : Tu rentres à la fac d'Austin toi aussi ? Quel programme ?

Moi : Littérature. Et toi ?

Elle glousse puis m'annonce qu'elle a pris le même programme que moi et que par conséquent, on suivra les mêmes cours.

Arizona : Comme tu ne connais personne, on pourrait se retrouver lundi sur le parvis. Je connais tout le monde mais on va dire que je ne suis pas le genre de nana à se mélanger. Je préfère nettement la compagnie des livres que celle des abrutis du coin.