Amour sous silence

Madyson Stevens

Carole Stevens, la célèbre avocate vient de gagner son procès contre Harvey Weinstein.
Le producteur vient d'être accusé coupable pour viols et agressions.
Sa peine s'élève à 23 ans de prison...

Arizona : Qu'est-ce que tu fais ?

Je coupe rapidement la page internet sur mon portable.

Moi : Je regardais les infos. Prête ?

Arizona : Arrête, plus de deux semaines d'attente. J'en peux plus.

Moi : Mag n'est pas là ?

Arizona : Pff, depuis qu'il a ouvert son propre salon, Monsieur passe plus de temps avec ses clients qu'avec moi.

Je souris à sa manière de râler.

Toujours aussi jalouse, elle a littéralement pété un plomb quand elle a constaté que pratiquement tous les clients de Magnus étaient des femmes.

Ce qui l'a rendu encore plus folle, c'est qu'elles ont tout âges et que même les plus vieilles se permettent de le draguer.

Arizona : El n'a pas pu se libérer ?

Moi : Il devait s'occuper des enfants ce matin.

Arizona : Son groupe pour handicapé fonctionne bien ?

Moi : Tellement bien qu'il va devoir en faire un second. Josh est ravi.

Arizona : Pour le second ranch, ça donne quoi ?

Moi : Josh et Talia viennent de signer les papiers. Avec tout ce que j'ai mis de côté plus ce qu'Elliot a, on va pouvoir effectuer les travaux de la maison.

Mon amie sourit à pleines dents.

Arizona : Tu te souviens de la première fois que tu l'as vu ?

Ce souvenir m'arrache un large sourire à mon tour.

Moi : Quel con !

On éclate de rire.

Arizona : Je me souviens t'avoir dit de ne pas l'approcher.

Moi : Je ne l'ai pas approché. Tu constateras que même encore aujourd'hui, il est toujours sur mon chemin.

Arizona : Pff, ouai ! A d'autres, Stevens !

Passant son bras sous le mien, elle m'entraine vers le bâtiment de littérature.

Arizona : J'espère qu'on a tout arraché.

Moi : Ton histoire est géniale. Je suis certaine qu'elle leur a plu.

Arizona : Qu'est-ce qu'une histoire de viking vampire va pouvoir rivaliser avec ton récit ? Sérieux, je n'ai jamais autant pleuré en lisant un bouquin. Je te déteste et je t'aime.

Moi : Que de sentiments contradictoires...

Me moquant d'elle, elle me donne un coup de coude.

Arizona : Tu comptes faire quoi après ?

Moi : Tu sais, je crois que j'ai trop aimé écrire...

Ma meilleure amie, enjouée, se retourne et se place face à moi en me tenant les épaules.

Arizona : Tu vas continuer d'écrire ?!

Moi : Eh bien pourquoi pas. Tout en bossant au ranch, je vais tenter le coup.

Elle pousse un cri de joie ce qui nous vaux quelques regards curieux.

Arizona : Tu es un auteur né, Mady ! Tu es faite pour ça !

Moi : Attends, calme-toi. Il faut déjà que mon récit ai plu et pas seulement à mon entourage. Si le jury l'a apprécié, je pourrais peut-être essayer de le publier.

Arizona : Putain dépêche j'en ai assez de faire des suppositions.

Cette fois, elle me traine jusqu'à la salle.

Le jury est présent.

Alors qu'on ne les avait jamais rencontrés, je découvre qui est l'éditeur qui en fait partie.

Arizona : Merde...

L'éditeur en question me fait signe de le rejoindre.

... : Madyson...

Moi : Sebastian...

Son large sourire ainsi que son regard brillant m'avaient manqué.

Des années qu'il est parti pour son travail et même si nous nous appelons régulièrement, je suis toujours heureuse de le revoir.

Sebastian : Ça me fait plaisir de te voir, ma douce.

Moi : Moi aussi.

Sebastian : Je ne te rendrais pas ton récit.

Surprise, je le fixe sans comprendre.

Sebastian : Il est trop bien pour qu'il reste entre tes mains. Si j'ai ton accord, je vais te publier.

Ma bouche s'ouvre en grand ce qui lui arrache un rire.

Moi : Je...

Sebastian : Dis simplement oui.

Moi : Oui.

Toujours rieur, il me prend dans ses bras.

Arizona saute sur place, se retenant de crier devant tout le monde.

Sebastian : Alors on se voit bientôt. Félicitation, tu viens d'obtenir ton diplôme avec la plus haute mention, ma douce.

Cette fois, contre toute attente, je cri de joie et lui saute dans les bras...

Josh : Je lève mon verre à vos diplômes.

Arizona : A nos diplômes !

On trinque tous ensemble pour fêter la fin de nos études.

L'histoire d'Arizona a tellement plu qu'elle a aussi eu une proposition de publication mais elle a préféré refuser.

Elliot : Au fait, tu ne m'as pas dit qui était ton éditeur.

Je me mords la lèvre, lance un regard complice à Arizona et répond à mon homme.

Moi : Sebastian.

Soudain, il recrache sa gorgée de bière en s'étouffant.

Mag lui donne une violente tape dans le dos pour l'aider à reprendre sa respiration.

Elliot : Je te demande pardon ?

Moi : Sebastian faisait parti du jury et plutôt que de me rendre mon récit, il l'a gardé et m'a proposé de me publier.

Elliot : Enf...

Moi : Non !

La bouche ouverte mais la mâchoire contractée, il me fixe droit dans les yeux.

Elliot : Ouai ok ! Mais enfoiré quand même !

Tout le monde éclate de rire.

Il ne changera pas et d'ailleurs, est-ce que je veux qu'il soit différent ?

Non.

J'aime trop ce con.