Amour sous silence

Elliot Jones

Je ne vois plus le temps passer.

Allongé sur un transat de la terrasse qu'on partageait l'intello et moi, je fixe le ciel tout en fumant de la main droite et tenant la bouteille de whisky de la main gauche.

Lorsqu'elle est partie, elle a tout emporté avec elle.

A ma façon, je lui ai demandé de rester mais elle a eu que faire de ma demande.

Si elle voulait se venger, c'est réussi.

En partant, elle m'a détruit tout comme je l'avais détruite.

Je ne cesse de lire ses écrits en espérant découvrir une nouvelle fin à chaque fois.

Si j'avais son talent, j'écrirais mon point de vue.

Je pourrais enfin dire tout haut ce que je ressens.

Ouai je l'aime.

Je l'aime à en crever.

Je l'aime à me laisser vivre comme un clodo durant son absence.

Il m'a fallu du temps pour l'admettre et c'est seulement lorsqu'elle a claqué la porte de la maison à 6h du matin que je l'ai compris.

Quand je l'ai vu monter dans la voiture de Josh avec sa valise dans la main, que ma mère pleurait dans la cuisine, j'ai compris qu'elle m'abandonnait.

Si Arizona et Mag m'ont dit à plusieurs reprises d'aller la chercher et tout lui avouer, j'ai préféré me terrer dans ma chambre et noyer mon chagrin dans l'alcool, la clope et son histoire.

Trop fier, je n'irais jamais la chercher.

Si comme elle l'a écrit, elle m'aime, elle reviendra.

Elle n'a pas le droit de partir et de me laisser comme un con !

Enervé, je me redresse et balance la bouteille d'alcool contre le mur.

Eclatant en milliers de petits morceaux, le liquide ambré se répand sur le bois de la terrasse et libère des effluves qui me retournent l'estomac.

Sans attendre, je cours dans la salle de bain pour vomir mes tripes.

Ne mangeant pratiquement plus, je ne rejette que cette boisson qui me répugne mais me soulage.

La porte s'ouvre dans mon dos puis une main caresse mon dos alors que j'ai toujours la gueule dans la cuvette.

Un instant, j'espère que c'est elle.

J'imagine son corps près de moi et sa voix me rassurer.

Malheureusement pour moi, ce n'est que ma mère.

Mum : Je suis là, El...

Ne souhaitant pas la laisser me voir dans cet état, je chiale à même les chiottes dans un silence pesant.

Mum : Je sais combien elle te manque...

Dans ma tête, je la supplie d'arrêter.

J'aimerais oublier ce début d'année.

Oublier qu'elle existe.

Enfouir tout ce que je peux ressentir et redevenir le connard que j'étais.

J'aimerais retourner à la fac sans ressembler à un cadavre que les étudiants fuient.

Que les gonzesses défilent dans mon pieu en me suppliant de les ramoner encore et encore.

J'aimerais pouvoir dormir sans me réveiller en sursaut parce qu'elle hante mes rêves.

Mum : Elliot, il faut que ça cesse... Tu ne peux pas vivre comme ça... Ce n'est pas ce qu'elle voudrait...