Chapitre 3

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Mon sac sur le dos, je me dirigeais vers mon refuge. J'aurais bien voulu courir à toute vitesse mais je risquais d'attirer l'attention. Après une longue marche rapide, j'étais arrivée à destination. Bizarrement, le portail était fermé à clef. Je fis le tour de celui-ci et l'escaladais sans soucis. Je restais tout de même méfiante. J'étais sur mes gardes. J'entrais dans la maison sur la pointe des pieds et tendis l'oreille afin d'inspecter les moindres parcelles de cette demeure. J'entendais la pendule sur le mur du salon, les battements des ailes des oiseaux dans le grenier, mais aucune trace d'humains. Je soufflais un coup puis montais au grenier. Après avoir chassé les oiseaux qui étaient rentrés par la fenêtre que j'avais ouverte le matin même, je m'assis sur le canapé pour me reposer. Cette sensation d'affaiblissement avait diminué mais persistait tout de même. Je m'endormis.

CLLLLAAAAAP

Je me réveillais en sursaut et utilisait ma vitesse pour me cacher derrière la porte en renversant quelques objets au passage. Une porte, sans doute la porte d'entrée venait de se fermer dans un bruit assourdissant. Des bruits de pas animaient cette demeure d'habitude si calme. Les pas étaient lourds, ce doit être un homme. Il faut que je m'en aille. La nuit commençait déjà à tomber. Je pouvais m'en aller par derrière en passant par le jardin. Je pris mon sac et rangeais toutes mes affaires. J'allais sauter par la fenêtre mais je me souvins de ma précieuse dernière poche de sang laissée dans le réfrigérateur se trouvant dans la cuisine au rez-de-chaussée. Je pris mon courage à deux mains et me lançais à vive allure à travers les couloirs de cette immense maison. Ni une ni deux, j'arrivais au niveau de la cuisine. Elle était vide. J'y entrais et attrapais ma poche de sang à une vitesse hallucinante, sans un bruit. Je me dirigeais de nouveau vers la fenêtre de la cuisine lorsque j'entendis un son. (🎶) Ce son m'était familier. Mais qu'est-ce qui me prend ? Mon corps avait réagi tout seul et se dirigeait vers la source de la mélodie qui était de plus en plus forte et de plus en plus claire. C'était du piano. Je ne pouvais plus m'arrêter. Je devais connaître l'identité de la personne qui jouait ce morceau c-car... seule ma mère le jouait. Oui, je m'en souviens maintenant. Personne au royaume ne put me donner ne serait-ce que le nom de ce morceau. Cela faisait des années que je ne l'avais pas entendu. Je m'étais jurée de ne jamais toucher à un instrument de musique tant que personne ne trouvait cette mélodie. Cette mélodie qui était chère à mon coeur, l'un des seuls souvenirs qui me restaient de ma mère. Sans m'en rendre compte, je m'étais retrouvée au premier étage, mon sac sur le dos, devant une grande porte en bois entrouverte. La mélodie résonnait dans ma tête. Celle-ci était collée contre  la porte pour mieux écouter. J'étais comme une enfant. Seule ma mère pouvait jouer de ce morceau. Se pourrait-il que... ?  Non impossible, ma mère est morte. Et pourtant... Rien que l'idée qu'elle soit toujours vivante et derrière cette porte me fit perdre mes moyens. J'ouvris grand la porte en oubliant toute discrétion. Je découvris un jeune homme de dos dont les cheveux me disaient quelque chose. Il s'arrêta de jouer. Avant qu'il ne se retourne, je me suis cachée sous un meuble non loin de là.

« - Il y a quelqu'un ?, cria-t-il.»

Il ne reçut aucune réponse et décida de mettre un terme à sa performance, à mon grand malheur. Il se leva et sortit de la pièce. Il faut que je me sorte de là. La pièce ne possédant aucune fenêtre, il fallait que je remonte dans le grenier pour m'évader sans faire de bruit. Je soufflais un bon coup puis me dirigeais à vive allure vers le grenier lorsque je me heurtais à quelque chose de dur dans le pas de la porte. Sous le choc dû à la vitesse, j'ai reculé brusquement. Un bruit de chute me remit les idées en place. Lorsque je relevais la tête, je me retrouvais devant le corps du jeune homme allongé par terre. Était-il inconscient ? Qu'est-ce qu'ils sont fragiles ces humains ! Je pouvais bien m'échapper maintenant mais la culpabilité d'avoir tué une personne serait trop lourde à porter. Je n'avais encore aucune mort à mon actif et j'aimerais que cela reste le cas. Je m'approchais donc prêt de lui avec méfiance. Je n'avais jamais eu de contact direct avec un humain que je n'avais pas hypnotisé, comme le directeur du lycée par exemple pour qu'il m'inscrive sans difficulté. Je me suis mise sur les genoux à la hauteur de son buste. Je le reconnus aussitôt.  Ses cheveux noirs, ses grains de beauté... Comment s'appelait-il déjà ? Je t'entendis l'oreille pour écouter ses signes vitaux. Sa respiration était correcte et son coeur battait toujours. Je fus soulagée. Que faire maintenant ? S'il me découvre ici, ma couverture était fichue. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je ne remarquais même pas que ses sourcils se fronçaient. Où vais-je aller maintenant ? Devais-je changer d'identité encore une fois ? Toutes ces questions me traversaient l'esprit lorsque le bras du jeune homme se replia afin de déposer son avant bras sur ses yeux. Quelque chose attira mon attention, une marque sur son poignet, un symbole que j'avais déjà vu quelque part... Mais où ça ? Qui pouvait-il bien être ? Quel était son nom déjà ? Je l'ai entendu plûtot...O...Ow...

« - Owen, murmurais -je
- Hummmm, grogna-t-il. »

Je me figeais. Il était réveillé. A l'entente de son nom, il se redressa et passa son bras derrière sa tête afin de caresser de sa grande main la partie de son corps qui avait heurté si brutalement le sol, par ma faute. Ses yeux étaient ouverts et regardaient droit devant lui. Il n'avait toujours pas détecté ma présence. J'allais m'éclipser en vitesse lorsqu'il tourna sa tête vers moi. Il était tout chamboulé et moi, j'étais paniquée.

« - T'es qui toi ?, s'interrogea-t-il. »

C'était le pire scénario possible. En plus de devoir me trouver un autre lieu pour m'y cacher, je mettais en danger ma couverture. Il fallait que je lui efface la mémoire. Je rapprochais ma tête de la sienne et plongeais mes yeux dans les siens. Il retira sa main derrière sa tête et la déposa sur le sol tout en faisant un mouvement de recul. Mes yeux ont viré aux rouges et je dis :

« - Tu oublieras tout de ce qui s'est passé. Tu oublieras ma présence en ces lieux et ne te souviendras plus de moi. Dès que je te taperai dans mes mains, tu t'endormiras. »

J'ai alors détaché mon regard du sien et j'ai reculé. Je tapais alors  dans mes mains en attendant que l'hypnose face effet.

...

Il ne bronchait pas. Qu'est-ce qui se passe ? Je tapais dans mes mains, une, deux, même trois fois. RIEN. Il pencha la tête sur le côté.

« - A quoi tu joues là ?, me cracha-t-il à la figure. »

J'étais morte de honte. Mon hypnose n'avait pas fonctionné.

« - Je t'ai posé une question je crois, s'impatientait mon interlocuteur.
- Je... »

Je ne savais pas quoi répondre. Je perdais tous mes moyens. Je n'arrivais plus à utiliser mes pouvoirs. J'étais complètement paralysée. Pour ne rien arranger, il se rapprocha de moi. Par réflexe, je reculais mais il se rapprochait encore jusqu'à ce que mon dos heurte un mur. J'étais coincée. A quoi est-ce que je m'attendais ? Je n'avais jamais envisagé cette situation. Étant extrêmement stressée, lorsque mon taux de panique atteint un certain seuil, je ne peux plus utiliser mes pouvoirs et ceci est très contraignant. Seules les membres de ma famille, mon garde personnel et ma demoiselle étaient au courant de ce secret que personne ne devait découvrir. Mais pourtant, j'ai parfaitement exécuté mon hypnose. Je ne comprenais plus rien et je n'eus même pas le temps d'y réfléchir. Ce garçon rapprochait dangereusement son visage du mien. Je pris peur et je me suis recroquevillée sur moi même en fermant les yeux.

« - Qu'est-ce qu'ils ont tes yeux ?, me demanda-t-il.»

Je m'étais mise dans une sacrée mouise. Son corps était proche, trop proche. Plus il se rapprochait et plus je sentais cette odeur, cette délicieuse odeur que j'avais sentie plus tôt. C'était lui qui sentait comme ça. Même si mes pouvoirs m'ont lâché, il faut que je sorte d'ici avant que ça ne dégénère.

J'ai pris mon courage à deux mains et me suis levée d'un coup. Je l'ai enjambé et j'ai tenté un sprint jusqu'à la porte d'entrée... Sans succès. De ses longs membres, il m'attrapa la cheville ce qui me fit tomber à la renverse. Je lui assainis un léger coup de pied afin qu'il me relâche et je me suis relevée aussitôt. Il en fit de même. Je me mis à courir dans les escaliers, lui à mes trousses. Sous l'adrénaline, je lui balançais mon sac au passage afin de le ralentir. J'entendis mon sac percutait le sol signe de mon échec. J'arrivais enfin près de la porte d'entrée. J'ai attrapé la poignée de toutes mes dernières forces et ai tiré comme une malade mais rien à faire, la porte ne bougeait pas.

« - C'est ça que tu cherches, dit une voix dans mon dos. »

Black BloodSuckerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant