Black BloodSucker

Chapitre 24

Point de vue de June

Courir, encore et encore, voilà tout ce que j'avais en tête. Je courais depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. J'avais traversé le quartier à une vitesse folle. Je m'enfonçais de plus en plus dans la forêt qui entourait la ville. J'avais les larmes aux yeux et celles-ci se faisaient arracher par le vent tellement ma vitesse était fulgurante. J'arrachais les branches et les feuillages sur mon passage. J'avais presque l'impression de voler lorsque mon pied heurta violemment une pierre nichée dans le sol. Je fis une chute qui me projeta quelques mètres plus loin. Ma tête cogna un tronc d'arbre puis plus rien. C'est le trou noir.

Quand je me suis réveillée, le soleil commençait déjà à se coucher. Mon crâne me faisait un mal de chien. Je ne savais même pas où je me trouvais. Mon visage me faisait affreusement souffrir. Cette sorcière ne m'avait pas loupé. Je me relevais tant bien que mal. Mes jambes tremblaient. Je n'en pouvais plus. Je n'avais qu'une envie et c'était de me retrouver dans la salle d'eau du palais, me prélasser dans l'eau chaude bien moussante des bains pendant que les domestiques me massaient le dos. Je voulais retrouver ma vie d'avant. Je n'en pouvais plus. Je voulais juste retrouver m-ma maison. C'est un sentiment normal non ? J'en avais le droit non ?

Je marchais sans but dans la forêt, sans aucune orientation. J'étais perdue. Je marchais encore et encore, sans m'arrêter. Mes jambes me suppliaient d'arrêter mais ma tête me hurlait de continuer.

Si tu t'arrêtes, elle te tueras, pensais-je.

J'étais épuisée, blessée, effrayée.
Je savais que la vie en dehors du royaume était compliquée mais je ne l'imaginais pas aussi cruelle.

Au loin, j'aperçus une cabane abandonnée en haut des arbres. J'essuyais mes larmes pour que ma vision arrête d'être aussi trouble. Cette cabane était bel et bien réelle, ce n'était pas un mirage. Je me suis approchée. Au pied de l'arbre, il y avait quelques bouquets de fleurs fanées. Étrange. Je commençais à monter l'échelle en bois qui avait pris de l'âge déjà. Arrivée en haut, je me suis hissée sur le sol en bois. Vu la hauteur où je me trouvais, une chute pourrait être fatale, pour un humain du moins. Plus loin à mes pieds se trouvait un bouquet de fleurs toutes fraîches. Elles étaient accompagnées d'une carte.

« -Je ne t'oublierais pas, signé J, lis-je tout haut. »

J ? Qui était ce J ? Je déposais cette carte à sa place et marchais doucement vers la porte de la cabane. Le sol grinçait affreusement. Ils n'auraient pas pu supporter le poids de plus d'une personne. J'ouvris en douceur la porte de la cabane avant de m'y introduire en baissant la tête. Le plafond était bas. Je m'assis par terre en posant mon dos contre les parois en bois.

Je me demandais comment j'avais pu en arriver là. Si je n'avais pas essayé de me familiariser avec les humains, rien de tout ça ne serait arrivé. Je me maudissais, moi et ma curiosité. Soudain, mon regard se posa sur des jouets d'enfants, une ou deux voitures, des livres, des feutres, des feuilles blanches poussiéreuses et des poupées. Je pris un miroir de poche en main. Il était tout poussiéreux. Je l'ai essuyé à l'aide de ma manche pour pouvoir observer mon visage. Mon côté droit faisait toujours peine à voir. Mon œil droit était complètement fermé. Les brûlures étaient profondes. Je ne reconnaissais même pas mon propre visage. Je n'avais plus de larmes pour pleurer. Je devais me ressaisir et vite. J'ai été entraîné pour ça. Je pris une grande respiration. Il fallait que je trouve des plantes médicinales. Je me mis par la fenêtre sans vitre de la cabane. L'odeur de la pluie me fit un grand bien. Celle-ci tombait déjà depuis un moment. Je me suis allongée sur le sol et me laissée emporter par le sommeil, bercée par le rythme de la pluie.

Point de vue d'Owen

Je me réveillais tout doucement. Ma tête me faisait souffrir. Lorsque mes yeux s'ouvrît, je vis Meï, avachis sur mes genoux et Austin un peu plus loin sur le canapé. Nous étions devant la télévision. Il faisait déjà nuit noir. J'ai déposé Meï sur le canapé et me suis levé. Quelque chose clochait. Je regardais tout autours de moi. Meï... Austin...