Chapitre 31

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Point de vue de June

J'étais réveillée depuis un bout de temps déjà. Je me regardais dans un petit miroir de poche pour enfant qui traînait dans la cabane. Mes blessures avaient presque toutes cicatrisées. Il ne me restait plus qu'à attendre que les cicatrices partent d'elles-mêmes. J'appliquais soigneusement matin et soir la crème que la mère de Meï m'avait donnée. C'était déjà mon deuxième jour dans cet abri de fortune. Ma vie de princesse au château me manquait. Plein de doutes refaisaient surface. Avais-je fait le bon choix en m'enfuyant comme je l'ai fait ?... Quelle question ! Je n'avais pas eu le choix. C'était le seul moyen de... de protéger mon entourage. Je pris une grande respiration avant de boire les derniers centilitres de la concoction et de me jeter du haut de cette cabane en haut des arbres. Ma guérison me prenait tellement d'énergie que je devais me nourrir plus fréquemment. Enfin bon, il fallait que je fasse un peu d'exercice. Après avoir atterri sur mes deux jambes, je me suis mise à courir à toute vitesse. Cela me faisait un bien fou. Les arbres qui devenaient de plus en plus flous à cause de la vitesse, le vent qui me prenait au visage. Tout ça, ça me faisait du bien. Je gambadais comme une folle lorsque j'aperçus un lièvre au loin. N'ayant plus rien pour me nourrir, je me devais de trouver de la nourriture au plus vite et ce lièvre tombait à pic. Je me suis mise à le poursuivre sans me donner trop de peine non plus. J'aurais pu l'attraper d'un coup mais je faisais durer la chasse , histoire de bien me dégourdir les jambes. Étrangement, le lièvre me conduisait dans une zone où l'air était plus humide. Je me détachais donc de ma proie, qui en profita pour se glisser dans son terrier, pour humer l'air à la recherche d'une quelconque source d'eau. En marchant un peu, j'atterris devant un petit lac, pas très grand mais très beau. L'eau ne me donnait pas envie d'y plonger mais le paysage était assez plaisant quand même. Soudain, j'aperçus des habits au bord du lac. A qui appartenait-il ? J'allais faire demi-tour lorsque je sentis un objet pointu dans mon dos.

« -Qu'est-ce que tu fous ici ?, cria une voix grave. »

Il ne manquait plus que ça. Je repris mon souffle. Cette voix, comment pouvais-je l'oublier ? Une voix si irritante et désagréable à la fois, tout comme son propriétaire d'ailleurs.

« -Josh c'est ça ?
-Fermes-la et dis-moi ce que tu viens faire ici, dit-il agressivement.
-Je pourrais te poser la même question.
-T'es pas en position de poser des questions. »

Ni une ni deux je me suis retournée en brisant d'une seule main le bâton qu'il tenait. Nous nous retrouvions donc face à face. Il recula et fit volte-face, gêné... et moi donc. Sa nudité me prit de court. Je me remis dos à lui.

« -Tu vas rester là à me regarder encore longtemps ?, cracha le jeune homme aux cheveux blonds.
-Je ne te regarde pas. »

Je l'entendis s'éloigner.

« -Qu'est-ce que tu fous dans les bois la nouvelle ? »

Je ne lui répondis pas. Il faut que je reste sur mes gardes. Ce garçon était complètement malade. Les images d'Owen ensanglanté me revenaient à l'esprit.

« -Tu vas rester le dos tourné encore longtemps ? Je suis habillé. »

Je lâchais mon plus grand soupir avant de lui faire face. Il était accroupis près du lac et jetait des cailloux qui brouillaient la surface de l'eau. D'un coup, il dirigea son visage dans ma direction. Il avait une expression sévère.

« -Je vais pas me répéter. Qu'est-ce que tu fous ici ?
-En quoi ça te regarde ?, rétorquais-je. »

Il sourit puis se releva et s'approcha d'un pas décidé vers moi. Il approcha son visage du mien puis le passa au-dessus de mon épaule.

« -Fais gaffe, je pourrais te mordre, me chuchota-t-il à l'oreille. »

Je l'ai repoussé violemment. Quel abruti !

« -Qui est-ce que tu penses intimider ?, m'offusquais-je. »

Il se mit à rire. Qu'est-ce qu'il m'agace !

« -Ça va je rigole, répondit-il. N'empêche, t'es bien courageuse pour t'aventurer seule dans cette forêt.
-Tu le fais bien toi.
-Je connais ces bois comme ma poche... pas comme certaine. »

Je levais les yeux au ciel. Il ne manquait plus que lui. Je l'oubliais quelque instant et je me suis approchée du bord du lac afin d'y voir mon reflet. C'est vrai que je n'avais pas pensé au spectacle que je lui offrais. Mes cicatrices étaient toujours bel et bien présentes et mon accoutrement était épouvantable. Néanmoins, je n'ai reçu aucune réflexion du jeune homme. Étonnant. Josh se plaça à mes côtés et se mit à admirer son reflet également.

« -Tu devrais pas être ici, reprit-il. Je suis... C'est dangereux. »

Depuis quand était-il aussi... soucieux ?

« -Je fais ce que je veux, dis-je en tournant les talons.
-Hé ! Tu crois aller où comme ça ? »

Il m'avait attrapé par le bras.

« -La ville est de l'autre côté, poursuivit-il. »

Je l'ai repoussé violemment avant de le laisser en plan. Non mais sérieusement, il me prend pour qui ? Sans m'en rendre compte, je marchais en direction de la cabane. J'étais tellement sous tension que je ne faisais pas attention à ce qu'il se passait autour de moi. Je voyais donc la cabane qui n'était plus qu'à une vingtaine de mètres lorsqu'une main agrippa mon t-shirt. Je me suis donc stoppée. Je devinais assez facilement l'identité de la personne qui se tenait derrière moi. Nous étions donc là, tous les deux, l'un derrière l'autre, lui agrippant mon t-shirt, moi les bras croisés, assez agacée. J'allais briser la glace lorsqu'il se lança enfin :

« -June..., murmura Josh. »

Je ne me rappelais pas l'avoir déjà entendu prononcer mon prénom et encore moins de cette façon. J'en eus la chair de poule. Il lâcha mon t-shirt pour se rapprocher au plus près de mon dos, mains dans les poches. Il était tout près. Tout près et pourtant je n'entendais pas un son sortir de sa bouche. Après un temps de silence, je me suis retournée pour faire face à son large cou. Son regard n'était pas tourné vers moi. Je pouvais voir à travers ses yeux bleus la cabane qu'il fixait depuis un moment déjà. Son regard était plein de tristesse et de colère. Lorsqu'il abaissa ses pupilles sur moi, je déglutis.

« -Je te dérange pas ?, dit-il froidement.
-Pardon ?
-Tu trouves pas que t'es un peu trop près ?
-Non mais... je rêve, dis-je outrée. C'est toi qui es venu te coller à moi. »

Je mis mon poing sur son ventre et le fit reculer de force. Mon poing s'était heurté à des abdominaux bien durs et dessinés. Il affichait un sourire satisfait. C'est qu'il s'amuse bien cet idiot. Néanmoins, il perdit vite son sourire lorsqu'il vit que je continuais à me diriger vers la cabane.

« -JUNE, cria-t-il.
-QUOI ENCORE ?, m'énervais-je en me retournant à nouveau face à lui.
-Tu peux pas aller vers là-bas. La forêt est immense. Trouves-toi un autre endroit, dit-il d'un ton sec.
-Parce que c'est toi qui va m'en empêcher ?, crachais-je. »

Il se tut et ouvrit grand les yeux avant de sourire en coin.

« -Me cherches pas, rajouta le jeune homme aux cheveux blonds.
-Arrêtes de me suivre. »

Je repris ma marche. Je devais absolument m'éloigner de lui au maximum tout en m'éloignant aussi de la cabane. Il ne devait pas savoir que j'habitais là. J'allais changer de trajectoire lorsque je sentis des pas rapides se rapprocher à toute vitesse. J'eus à peine le temps de me retourner que mes pieds ne touchaient plus le sol et que le paysage pivota de 180 degrés. Je mis du temps avant de comprendre. Quel idiot !

« -JOSHHH RELACHES-MOI TOUT DE SUITE !, criais-je à travers toute la forêt. »

Black BloodSuckerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant