Quelque part dans cette favéla, il est là. L'âme en peine et le visage aussi bleuté que l'océan en pleine tempête.
Caché sous sa capuche noire, il vagabonde entre les petites ruelles cherchant un moyen de s'évader.
Ses mains en sang sont cachées dans les poches de son sweat-shirt et sa lèvre laisse couler une traînée d'hémoglobine.
Les yeux noirs de haine, il réfléchit. Toutes sortes de pensées plus sordides les unes que les autres lui viennent soudainement en tête.
Des cris, des pleurs, du sang, de la douleur. Il a mal et il ne veut pas être le seul.
Il sourit en regardant le bitume fraîchement noirci par la pluie et inspire profondément en jetant sa tête en arrière vers le ciel.
L'eau lui frappe vivement le visage mais il apprécie cette sensation et doucement sa capuche glisse, laissant ses cheveux se tremper.
-Un jour ou l'autre, vous le paierez. Tous autant que vous êtes. Murmure-t-il en admirant les nuages noirs.
Il reprend sa marche hasardeuse et surveille les personnes présentes dans la rue. Il les surveille pour assurer ses arrières mais aussi trouver sa prochaine victime. Trouver cette personne qui souffrira comme il souffre. Il lui fera comprendre la véritable douleur parce qu'il est injuste que seul lui subisse cette torture.
Encore une fois, il en a pris plein la gueule. Allant des insultes aux coups. De la peur à la douleur. De la supplication à la colère. Cependant, cette fois-ci, il a réussi à fuir avant que la chose arrive et l'anéantisse une énième fois.
Alors qu'il observe tous ces gens vulnérables, rentrer chez eux pour se mettre à l'abri, il pose son épaule sur le côté d'un immeuble et écoute les sons à sa portée.
Les pneus qui crient sur le goudron mouillé. Le bruit des chaussures qui frappent régulièrement les flaques d'eau. Les lampadaires qui commencent à s'allumer en ce mois de novembre.
Il fronce les sourcils et regarde sa montre.
17h34.
Le soleil s'est couché, il ne reste plus que ces lumières artificielles qui ne font qu'exaspérer un peu plus le jeune homme.
Devant lui, une sortie d'école. Tapis dans l'ombre, il l'observe. Elle, cette brune dont il a pris l'habitude de surveiller depuis plusieurs semaines.
Il ne sait pas encore s'il va passer à l'acte ou se contenter de regarder et parvenir à réfréner cette pulsion qui lui tort le ventre d'excitation et de peur. Cette pulsion qui, une fois achevée, le fait sentir si bien.
Cette pulsion sadique.
Elle est là, souriante et naïve. Cette même naïveté qui tend l'intégralité du corps du jeune homme. Cette naïveté qui lui a été dérobée. Arrachée. Volée.
Il sert les poings et souffle avant de tourner le dos et s'apprêter à partir.
Quelque chose le retient. Un cri. Son cri.
Il se tourne instantanément et regarde la cause. Son visage se tend plus qu'il ne l'est déjà et son sang pulse à en faire péter l'artère de son coeur.
La brunette, entourée d'une bande de collégiens. Ils la poussent et l'intimident.
Il les regarde faire ne pouvant bouger et appréciant malgré lui, le spectacle.
La peur, la douleur. Elle ressent les mêmes choses que lui.
Mais ce n'est pas lui qui lui fait ressentir ça. Et quelque part, au plus profond de lui-même, il déteste ça.
Petit à petit, les poussées effectuées par les adolescents, mènent la brune aux cheveux longs contre le portail de l'établissement.
Il regarde sa montre en sortant une cigarette de son paquet. Il la coince entre ses lèvres abîmées et l'allume.
18h02.
Il aspire la fumée, tuant ses poumons un peu plus à chaque taffe.
Quitte à mourir autant que ce soit de ma main et non de la sienne. Pense-t-il en rejetant la fumée grisâtre.
Il la regarde monter vers les cieux et se perdre dans la pénombre.
-Je vous en supplie!
Son corps se gaine à cette supplication si familière.
Sa mâchoire se sert et il jette instantanément le mégot pendu entre ses lippes avant de fourrer une sucette à la fraise dans bouche et de ramasser une barre en fer qui traînait au sol. L'esprit taché par cette vision, il fonce droit vers le groupe de terreurs qui ont pris en cible la brunette.
En seulement quelques pas, il traverse la route et rejoint le trottoir d'en face où se trouve la troupe.
-Hé, cabrón. Interpelle-t-il l'adolescent qui tripote la jeune fille sans son consentement.
Le jeune se retourne suivit de ses amis mais le blessé est en position et au moment où sa tête se tourne vers lui, la barre percute de plein fouet son visage ce qui le fait tituber en arrière.
Le jeune homme sourit en entendant un crac et se tourne vers les amis de l'adolescent.
-Qui veut jouer avec moi? Je suis de bonne humeur. Proclame-t-il en faisant glisser la sucette dans sa joue.
La barre traîne sur le bitume, causant un raclement horriblement dangereux. Tandis que le capuché avance vers les quatre jeunes, ils reculent ne voulant pas se laisser approcher par ce fou.
-Je vais compter jusqu'à trois. Le plus lent d'entre vous, se verra avec un doigt en moins. Vous êtes prêts? Sourit-il.
Les adolescents prennent peur et commencent à s'enfuir.
-Impossible de s'amuser... Souffle-t-il en lâchant la barre.
Il fourre ses mains dans poches et se retourne vers la demoiselle en détresse.
Plus petite que lui, elle le regarde de haut en bas, la bouche entrouverte.
Le jeune homme fait un sourire narquois et sort la sucette de sa bouche avant de la mettre dans celui de la brune.
Elle sursaute et enlève la sucrerie avant de rougir.
-Tu habites où?
La ténébreuse le regarde encore une fois.
Il lève les yeux au ciel.
-Je vais seulement te raccompagner. Pas te violer.
-A côté de « La Péniche ».
-Va prendre tes affaires, j'ai un truc à faire avant. Je te rejoins. Lui ordonne-t-il en avançant vers le nez cassé.
Il se baisse et l'attrape par le col. L'adolescent geins de peur et pose ses mains sur son agresseur.
-Approche-toi encore d'elle et je te coupe en deux avant d'envoyer ton coeur à ta chère mère.
Il le lâche en faisant percuter sa tête au sol, l'assommant.
La brune l'attend au coin de la rue et dès qu'elle le voit, elle sourit mais n'a pas de réponse en retour. Ils se mettent silencieusement en route vers la jeune fille.
-Merci. Dit-elle à l'étrange garçon.
Encore un silence.
-Je m'appelle Thysia Théodora Castiño! Et toi? Demande-t-elle ne se laissant pas abattre par les silences à répétition.
Le brun regarde la jeune fille du coin de l'œil. Elle est surexcitée. Mais cela n'étonne pas le garçon étant donné qu'il la surveille depuis quelques temps déjà. D'ailleurs, il sait comment elle s'appelle et où elle habite. Ne pas lui demander aurait été suspect.
Étrangement, elle l'amuse alors il lui répond de manière détachée.
-Leonardo.
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EHHHHH C'EST PARTIIIIIIII!!!
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Bleu Indigo
RomanceMaltraité par ses parents depuis sa plus tendre enfance, Leonardo n'a jamais cru en l'amour. Perdu entre traumatisme, violence et sadisme, il a toujours fait en sorte de se protéger, peu importe les conséquences. Il aime faire souffrir les gens, c...