🎻64🎻

232 30 41
                                    

Sabo me fit un sourire sincère.

"Pas besoin de huit ans. Pour moi, t'en es déjà un, de prodige. Les juges t'ont repéré.

_C'est un tout petit concours...

_Mmh... T'es sûr de ça ?"

Mon jumeau me fit un clin d'œil.

"Toi, tu le vis comme un grand concours. T'as toujours tout vécu à fond. Et ce sont les petits concours qui t'ouvrent les portes des grandes compétitions, n'est-ce pas ?

_T'as peut-être raison."

Il tapa gentiment mon épaule.

Nous entrâmes dans le métro.

"Bon, Marco, ça a l'air de s'arranger, quand même.

_Ouais... Mais il doit reporter son opération, c'est pas rien.

_On sait qu'il y a eu un contre-temps. Un contre-temps, rien d'autre ! Tu vois, il va bien. Ça se fera de toutes façons. Ça va aller.

_Mmh... C'est quand même super inquiétant.

_Pourquoi ça n'a pas été fait avant ?

_Ce n'était pas possible, la tumeur était encore trop mal placée pour opérer. Normalement, il aurait dû faire une chimiothérapie pour empêcher ça, elle était trop petite pour manipuler quoi que ce soit correctement et sans risque. Mais il ne veut pas. Donc ça a traîné...

_Pourquoi s'être mis en danger ? Pourquoi ne pas faire la chimio ?

_Il a eu une mauvaise expérience et ça lui a fait très mal. Donc il ne veut pas recommencer. Et... Je suspecte aussi qu'il ai peur que ses cheveux tombent.

_Mh. Je comprends.

_Ça... Doit plus être une question de fierté et de peur du regard des gens qu'une simple question d'esthétisme. Et si il a eu vraiment mal... Je peux comprendre qu'il ne veuille pas le faire. Mais... De toute façon il va se faire opérer. Ça va aller, tant que la prochaine opération se passe bien. C'est une question de temps. Encore. C'est toujours une question de temps...

_L'attente n'as jamais été simple, pour toi. Tu angoisses.

_Oui... C'est insoutenable. Je veux juste qu'il soit enfin tiré de là.

_Moi aussi. Je l'aime beaucoup, Marco. Et je lui suis très reconnaissant de ce qu'il fait pour nous. T'as intérêt à le garder, hein.

_Je compte pas le lâcher.

_Tu te rends compte...?"

Il marqua une pause, se rattrapant à la barre quand le métro s'arrêta violemment à une station.

"Il a fallu attendre que quelqu'un d'extérieur nous dise comment nous sortir de là. Alors qu'on est adultes. On aurait dû tout faire pour être en sécurité. Surtout pour le petit frère. Surtout pour toi. Ce type... C'était devenu habituel, ses violences. Alors que c'est vraiment pas normal...

_Oui... Je m'en veux de n'avoir rien fait pour vous deux.

_Rien fait ?"

Il émit un rire sarcastique, presque triste.

"Tu t'es laissé martyrisé, littéralement, pour nous deux. T'as pas rien fait."

Je baissai les yeux, il enchaîna :

"C'était bête. C'était vraiment pas la chose à faire. Mais tu l'as fait pour nous. Tu n'imagines pas à quel point Luffy et moi nous nous sentons coupables. T'avais pas à faire ça pour nous. Depuis le début de tout ça, c'est comme si c'était toi, notre père."

Il ajouta, à voix basse :

"En plus, on a le même âge, à deux minutes près, ça la fout mal..."

Sabo se racla la gorge.

"Mais t'es juste un enfant, comme nous. T'étais terrifié, comme nous. Et tu souffres de l'absence de papa, comme nous."

Mon jumeau inspira profondément.

"On aurait pas dû hésiter autant. On aurait dû le prévenir dès les premières violences. C'était bête, de simplement penser que ça le dérangerai dans sa mission. Notre bien-être, ton bien-être, ça aurait dû être la priorité. Ça le sera pour papa. Je ne vois même plus, aujourd'hui, pourquoi on ne l'a pas fait dès le départ. La peur, ça paralyse, j'imagine..."

Le blondinet retint un sanglot.

Je murmurai :

"Ce sera bientôt fini..."

Nous descendîmes du métro.

"Marco nous a ouvert les yeux. C'est une bonne personne. Il est doux et attentionné avec toi, vous êtes dingues l'un de l'autre, il t'as complètement changé, t'es dix fois plus sûr de toi, t'es plus souriant, plus épanoui et t'as l'air vraiment plus libre.

_Marco est ce qui me manquait. J'en suis convaincu un peu plus chaque jour.

_Puis, il est juste parfait avec Luffy, il sait s'y faire. Et moi, je le trouve vraiment agréable. On peut parler de tout avec lui, il ne juge jamais. Je suis vraiment content pour toi. T'as trouvé le bon. J'espère réellement que ça durera.

_Ça durera."

Je souris.

La maison était à quelques centaines de mètres.

"J'ai peur...

_Moi aussi, souffla mon jumeau, j'espère que tout ira bien pour lui."

Il tapa mon épaule.

"T'as de la chance, en tous cas. T'as trouvé quelqu'un à aimer, toi. En plus il est parfait, alors..."

Il ricana, je lui lançai :

"T'es jaloux ?

_Un peu. J'veux une copine, moi.

_Bah, tu vas trouver une fille. Intelligente, comme toi, avec de l'humour. Sincère, ça c'est important. Et surtout gentille. Franchement, t'as tout pour plaire, ça va pas tarder, t'inquiètes.

_J'aimerais bien...

_Laisses couler, ça vient tout seul. Cherche pas à tout prix "quelqu'un à aimer". L'amour sincère, c'est mieux. Et ça, ça se décide pas. T'es quelqu'un de bien, alors tu trouveras quelqu'un de bien. J'en suis persuadé. Ne sois pas impatient."

Mon jumeau sourit.

"Merci, Ace..."

J'ébouriffai ses cheveux de blé.

La rue de notre maison se rapprochait.

"Il faudrait qu'on passe à la supérette, après. Il nous faudrait de quoi manger. Je veux dire, vraiment manger. Parce que tes chips, là, ça n'a fait que me donner encore plus la dalle.

_Mmh. Pareil.

_Je vais faire des sandwichs. On doit avoir de la charcuterie encore bonne à la maison, il faudrait du beurre, du pain, Mmh... tomates, salade et..."

Il s'arrêta net en plein milieu de la rue.

Je l'invitai à poursuivre :

"Et ?"

Ses yeux s'écarquillèrent. Il bafouilla, alors que je portai mon attention sur notre maison, à quelques pas de là :

"Et... Et... Qu'est-ce qu'il fait là...?"

Il était là, assis contre la porte.

Il nous attendait...

Surpris, je sentis mon souffle se couper.

Mais qu'est-ce qu'il faisait ici ?

My Anxiety, His FirefliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant