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Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je crus le perdre. Comme un métronome battant un rythme effréné. Les sueurs froides coulaient sur mon front comme une pluie angoissante, c'était comme si il y avait un cactus dans ma gorge, et mes lèvres sèches et râpeuses comme une langue de chat témoignaient de mon état.

Je laissais les cendres de mon bâton enflammé tomber sur le sol gris et froid.

Les voix autour de moi résonnaient dans mon crâne comme les cris d'un nouveau né.

Désagréable.

Désagréable sensation.

Tous les regards étaient tournés sur moi. Ils me jugeaient. Tous. Ils me détestaient, ils me haïssaient.

La sonnerie marqua la fin de la pause, interruption d'une angoisse annonçant une autre.

Enfermé. Enfermé dans une prison scolaire, seul parmi les autres.

Le professeur qui parlait, sans arrêt, je ne l'entendais pas.

J'étais comme une ancre sur une chaise, lourd.

La sonnerie, la libération, l'air frais sur mon visage parsemé de tâches de rousseur emplissait mon corps de joie.

Un souffle de soulagement.

Je marchais jusqu'à la gare, rentrant chez moi, enfin.

Je n'aimais pas le train, il y avait trop de monde, un regroupement de personnes sales et entassées dans un tube allant à plusieurs kilomètres heure.

C'était là qu'il m'avait bousculé.

"Désolé, dit-il furtivement.

_Pas grave..."

Je retournais sur mon livre, mais il continua de me parler :

"Tu viens du lycée au nord ?

_Oui."

Que me voulait-il ?
Inconnu.
Je ne parlais pas aux Inconnus.
Non...

Soudain, son regard traversa le mien et là, je le ressentis... comme si ses pupilles me transperçaient, comme si un éclair foudroyait tout mon corps.

Le temps semblait s'être arrêté, et mon sang tournant dans mes veines ralentit. Il n'y avait que lui. Que moi. Yeux dans les yeux.

Et je vis dans son regard qu'il ressentis la même chose que moi à cet instant là.

Lorsque ma voix retentit :

"Comment... Tu t'appelles ?"

Le train s'arrêta.

Les gens nous bousculaient, de tous les côtés, et emportés par la foule qui nous traînait et qui nous entraînait, écrasés l'un contre l'autre nous ne formions qu'un seul corps, et le flot sans effort qui nous poussait nous enchaînait l'un à l'autre.

Entraînés par la foule qui s'élançait et qui dansait dans une folle farandole de marches et de bousculades, nos deux mains se frôlèrent.

Mais soudain je poussai un cri parmi les rires. Le son de ma voix s'étouffait dans celles des autres. Je criai de fureur de rage et de douleur, lorsque la foule emporta l'homme que je rencontrai à peine, je fut poussé hors du train, je crispais les poings, furieux contre la foule qui m'eu volé l'homme que je n'aurais jamais pu retrouver...

Quand j'entendis son cri parmi les gens du pays, désespéré, je compris...

"Marco !"

...Son nom crié dans le flot de la brûlante foule élancée.

My Anxiety, His FirefliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant