Trois kilos.
J'avais pris trois kilos.
Ça se voyait, je le savais.
Pourquoi Marco m'avait-il menti, alors ?
Oui...
Après tout, je lui avais aussi menti.
Non, tout n'allait pas bien.
Mais...
Il était là, couché dans ce lit d'hôpital, après une grosse opération qui allait être reportée.
Et moi...
Je n'avais pas le droit de me sentir comme ça.
Parce que c'était bien plus grave, pour lui.
Alors pourquoi n'arrivais-je pas à relativiser, comme à chaque fois ?
Ma vie n'avait pas d'importance.
C'était une certitude que je me répétais souvent comme un mantra, quelques années auparavant.
Ça s'était calmé, depuis que je sortais avec Marco.
Mais...
Je faisais une rechute.
L'idée me glaçait le sang.
Je ne contrôlait rien du tout...
Je sentis quelques larmes perler aux coins de mes yeux. Je reniflai rapidement.
Doucement, je me tournai vers Marco. Il dormait.
J'étais pathétique. Pourquoi est-ce que je continuais à me morfondre alors que c'était lui qui n'allait pas bien ?
Égoïste.
J'étais complètement égoïste.
Je jetai un œil à l'horloge.
15:50.
J'inspirai profondément.
Le visage paisible de Marco me fit sourire.
Ça allait. Il y avait juste eu un contre-temps, rien de plus. Il allait se faire réopérer. Et tout allait s'arranger pour lui.
La porte s'ouvrit, je me redressai.
Une infirmière sourit en entrant :
"C'est l'heure du goûter !"
Elle me lança un regard amusé.
"Vous êtes le frère ?
_Euh... Non, répondis-je.
_Ah, pardon. C'est bien d'avoir un ami sur qui compter."
Je sortis du lit, un peu gêné.
"Euh, en fait on est..."
Elle poussa le chariot de nourriture à côté du lit et m'invita à continuer en penchant la tête.
"Euh... Oui, je suis son... meilleur ami, chuchotais-je."
L'infirmière réveilla Marco, vérifia ses perfusions et échangea quelques phrases bateaux avec lui avant de partir.
Le bruit de l'électrocardiogramme me berçait doucement. Son cœur battait.
Tout allait bien, alors. Non ?
J'étais toujours planté au milieu de la pièce, mais Marco finit par me ramener sur Terre :
"Ça va ?"
Il me tendit la main. Mes yeux se fixèrent sur ses perfusions.
Je déglutit. Il répéta, à voix basse :
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My Anxiety, His Fireflies
Fanfiction1996, France. Anxiété était le seul mot qui me venait pour décrire ma vie à cette époque. Souffrance, palpitations, vibrations, hyperventilations... C'était ma vie. Ma sombre vie... Et puis, dans ce train, filant à grande vitesse dans Rouen, ses ye...