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Paris,
mars 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Assise derrière mon bureau je prépare les exercices de mes élèves avant qu'ils ne reviennent de la cantine et de leur récréation, je frappe frénétiquement mon pieds sur le sol alors que mon cerveau peine à se concentrer sur ce que j'écris.

- Azalée ? Je sursaute et relève la tête pour faire face à Katniss, ma collègue.

- Oui ? Elle avance et s'assoit en face de moi.

- Tu vas bien ?

- Oui pourquoi ça irait pas ?

- Peut-être parce que depuis janvier tu es sur les nerfs, tu sembles ailleurs.

Je lâche mon stylo et recule ma chaise pour sortir de cette salle de classe qui commence à m'étouffer encore plus depuis l'intervention de cette chère Katniss.

Je traverse le couloir et entre dans la salle des profs pour boire un verre l'eau fraîche mais c'est sans compter sur Katniss qui me suit.

- Écoute, je veux seulement ton bien mais n'oublie pas que tu es au yeux de ces enfants un modèle, tu peux pas être...être-

- Être en deuil ? Je demande un poil énervé alors qu'elle hoche doucement la tête.

- Prends des vacances, repose toi.

- Je n'ai pas besoin de vacances, maintenant je vais retourner dans ma classe et tu vas en faire de même ou tu vas où tu veux mais ne t'avise pas de me suivre s'il te plaît.

Je repose le verre d'eau et quitte la salle pour rejoindre ma classe. Je me rassois sur mon fauteuil et attrape mon téléphone avec l'envie de parler à mon père avant de me souvenir qu'il n'est plus là. Je pose mon téléphone d'une main tremblante et essuie mes yeux.

Je me lève et me dirige vers les toilettes avant de vomir le peu de nourriture que j'avais dans le ventre, je me laisse tomber au sol alors que toute cette tristesse me fait mal physiquement, je tire la chasse d'eau et sors de la cabine pour me rincer la bouche et me laver les mains, je relève mon visage vers le miroir et grimace à la vu de mes cernes, je ne dors plus beaucoup c'est temps-ci mais je pensais pas que cela se voyait autant sur mon visage.

Je retourne dans ma classe en espérant que mon visage ne trahisse pas mon désespoir, je m'assois et prend de grandes respirations en priant pour que le reste de la journée se passe dans le calme. Je range un peu mon bureau et ma classe en pensant naïvement que cela pourra effacer le fait que ma vie est un bordel sans nom.

Je jette un œil à l'horloge accrochée au dessus la porte et lisse mon pantalon avant de sortir de la classe pour aller récupérer mes élèves, je souffle et colle un faux sourire sur mon visage en les attendant sous le préau.

Une fois tout les élèves récupéré par leurs parents, je repasse dans la salle de classe et vérifie que tout est en ordre avant de quitter mon lieu de travail et de partir vers le parking, je m'installe au volant et reste assise le regard dans le vide pendant plusieurs minutes où seul le silence se fait ressentir au fond de moi.

Depuis la mort de mon père, je ne ressens qu'un trou béant dans la poitrine, mon père était la seule personne qu'il me restait et maintenant qu'il n'est plus là je me retrouve seule et complètement perdue.

Après avoir reprit mes esprits je met le contact et démarre afin de rentrer chez moi, je me gare quinze minutes plus tard en bas de ma rue puis verrouille ma voiture avant d'ouvrir la porte de mon immeuble.

Je récupère mon courrier et grimpe les quatre étages avant d'enfin rentrer chez moi, je retire mes chaussures et les balance dans l'entrée, pose mon sac sur le canapé et file direction la cuisine pour me laver les mains.

J'allume la télé en m'asseyant sur mon canapé, mes yeux sont posés sur l'écran pourtant je ne saurais pas dire ce que je regarde, mon esprit reste bloqué sur mon père depuis deux mois, rien ne me fait oublier qu'il est mort et qu'il ne reviendra pas, je le vois la nuit dans les rêves et quand je me réveille j'ai les joues trempé par mes larmes.

Je reviens sur terre lorsque j'entends mon téléphone sonner dans mon sac sans grande motivation je me lève et par le récupère avant de répondre sans même regarder le nom affiché sur l'écran.

- Allo ? Je grommelle en m'affalant de nouveau sur mon canapé.

- C'est Katniss. Un léger souffle d'agacement s'échappe d'entre mes lèvres. Écoute je sais que tu vas mal et je le comprend mais tu ne peux pas continuer comme ça, il faut que tu en parle.

- Et je t'ai répété mille fois que je ne voulais pas.

- Oui mais tu t'enfonce là, un de tes élèves est venu me voir et m'a avoué que tu avais pleuré en classe ce matin.

- Les enfants ça ment constamment.

- Azalée s'il te plaît reprend toi en main.

- Si tu me laissais respirer deux minutes sans me demander constamment comment je vais alors peut-être que je pourrais me concentrer sur moi-même au lieux d'essayer de gérer la pression que me fait ressentir cette foutu question.

- Je suis désolée, je veux juste que ma collègue aille bien. Elle raccroche avant même que je réponde.

Je laisse mon téléphone sur mon canapé et me lève pour aller prendre une douche, après m'être entièrement déshabillé je pénètre dans ma cabine de douche et actionne l'eau qui coulent immédiatement sur mon corps qui se décontracte instantanément.

Je laisse mes larmes couler de nouveau et se fondre avec l'eau de la douche, je quitte la salle de bain une fois propre et entre dans ma chambre pour enfiler un sweat à mon papa et une culotte en guise de pyjama puis retourne dans ma cuisine et prend un plat tout prêt à faire réchauffer au micro-onde.

Je m'installe ensuite sur mon canapé avec mon plat de lasagne et commence à manger, je pose ensuite le plat vide sur ma table basse et m'allonge sur mon canapé en regardant un film devant lequel je finirais par m'endormir.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant