Trente-cinq

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Paris,
mai 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Assise dans mon salon entrain de faire un peu de rangement je tombe sur un album photo de mon père et moi, je l'ouvre et me retrouve directement plongée dans mon enfance, je passais tout mes étés en Corse dans la maison où j'ai grandi, là où mon père a vécu après avoir quitter Paris.

Je souris quand je revois ses yeux brillant et son teint hâlé, sur certaine photo j'arrive presque à entendre son rire. Je continue de feuilleter l'album jusqu'à ce que mon téléphone vibre, je le prend et me fige quand je vois le nom de mon interlocuteur, je décroche et rapproche doucement presque au ralenti le téléphone près de mon oreille.

Le notaire me parle pendant de longues minutes où mon regard reste fixé sur une photo de mon père et moi à la plage, je lui répond seulement par monosyllabes sans vraiment écouter ce qu'il me dit. Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine quand il évoque le mort de mon père et je raccroche ne pouvant plus supporter cet appel.

Je pose mon téléphone sur le sol sans savoir comment digérer ce qu'il vient de me dire, mon cerveau n'arrive pas à assimiler tout ça et je ne sais pas du tout quoi faire. Mon regard dévie sur l'album et je tombe sur la première photo de mon père et moi qu'il a prit devant notre maison, je la touche du bout des doigts avant de laisser une larme couler le long de ma joue.

Je me lève et entre dans ma chambre avant d'ouvrir mon ordinateur et de prendre un billet d'avion pour la Corse, je prend une valise et y met mes vêtements, je la ferme et prend mon sac avant de quitter mon appartement que je verrouille.

Je pourrais juste appeler Mathieu et lui expliquer la situation mais je ne fais rien de tout ça, je prend juste un taxi direction l'aéroport pour partir en Corse sur un coup tête et je vais le regretter amèrement quand j'arriverais là-bas.

Mon téléphone vibre et je le prend en voyant que c'est un message de Mathieu.

De Mathieu:
Chui au stud avec les gars je vai sûrement rentrer tard
Si sa te dérange je peut aller direct chez ma grand-mère

À Mathieu:
Si tu veux dormir chez toi tu peux.

De Mathieu:
On s'en branle de c'que j'veux
Je demande si ça te dérange que je rentre tard

À Mathieu:
Fais comme tu veux

Je verrouille mon téléphone la boule au ventre et ferme les yeux après avoir essuyé mes joues, je regarde les rues de Paris défiler à travers la vitre de la voiture. La culpabilité commence à me ronger et j'ai envie de vomir.

Mon taxi s'arrête devant l'aéroport et je descends après avoir payé le chauffeur, je tire ma valise, pénètre dans l'aéroport et m'assois deux minutes pour envoyer un message à Marian.

À mamie Pruski:
Le notaire m'a appelé pour me parler de la maison de mon père
Et sur un coup tête je pars en Corse, j'ai pas prévenu Mathieu parce qu'il serait capable de venir et j'ai pas envie qu'il me voit dans l'état où je suis.

De mamie Pruski:
Tu aurais du venir me voir si tu ne voulais pas inquiéter Mathieu. Je me fais du soucis de te savoir dans le mal.

À mamie Pruski:
Je vais bien enfin pour le moment et je te préviens quand j'arrive.

Le vol passe assez vite et une fois ma valise en main je quitte l'aéroport en taxi pour rejoindre le bureau du notaire.

- Bonjour mademoiselle Brunel. Je serre la main du notaire et m'assois sur le fauteuil en face de son bureau. Alors j'ai essayé de vous joindre ces derniers mois.

- Je sais et je m'en excuse mais je n'étais pas apte à répondre.

- Je le comprend, ce genre de moment n'est pas facile et je respecte totalement cela. Alors votre père vous a léguer sa maison ici à Ajaccio et tout ce qui s'y trouve dont sa voiture.

- D'accord. Une boule d'angoisse arrive alors que je redoute le moment où je devrais retourner là-bas.

- Il me faudra quelques signatures et tout sera en ordre mademoiselle.

Je signe les papiers et quitte le bureau du notaire avant de reprendre un taxi direction mon ancienne maison, le chauffeur se gare devant le portillon et je sors de la voiture après avoir payé.

Debout devant la maison je sens mon téléphone vibrer dans mon sac et je sais que c'est sûrement Mathieu, je m'en veux de ne pas l'avoir prévenu, je m'en veux de faire n'importe quoi en ce moment.

Je prend les clés et ouvre la porte avant de pénétrer à l'intérieur, tout les souvenirs se bousculent dans ma tête et je traverse le couloir avant d'atterrir dans ma chambre, mise à part le lit double le reste est resté comme lorsque j'étais enfant.

J'arrive ensuite dans le salon et je reste surprise par le fait que cette maison a encore la même odeur qu'avant, je pose mon sac sur la table, je fais le tour de cette pièce et souris quand je vois les cadres photos de mon papa et moi.

Je prend mon téléphone et envoie un message à Marian en ignorant la notification qui porte le prénom de mon copain.

À mamie Pruski:
Je suis bien arrivée, pour l'instant je vais bien
Je suis sûr que Mathieu va venir te voir alors donne lui l'adresse

De mamie Pruski:
Mathieu n'est pas encore passé mais je pense aussi qu'il ne va pas tarder
Je serais plus rassuré lorsqu'il sera là-bas avec toi

Je lui répond et repose mon téléphone avant de venir ouvrir les fenêtres pour aérer cette maison. Je passe un coup d'aspirateur dans les pièces principales puis reviens dans le salon.

Je m'assois en tailleur devant le meuble et ouvre le placard pour en sortir les boîtes de photos, je revis mes plus beau souvenirs en regardant chaque photos. Je lève la tête et regarde la maison où j'ai grandi, c'était la maison de mon père et ça sera toujours sa maison, et je ne pourrais jamais voir quelqu'un d'autre vivre ici.

Je dépose les albums sur le sol et plus les photos défilent plus je me retrouve plongée dans le passé, mon ventre se tord et cette sensation de nausée se fais encore une fois ressentir, cette situation me rend malade et je commence réellement à regretter ma décision prise sur un coup de tête, j'aurai voulu faire face à ça avec Mathieu mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

J'arrive à faire face à la mort de mon père quand mon copain est présent à mes côtés, il est ma bouffée d'oxygène dans ce monde, je souris quand je repense à la phrase que m'avait sortit Enzo, « être amoureux de quelqu'un c'est quand cette personne devient ta personne préférée dans le monde ».

Je crois que c'est limpide, Mathieu est ma personne préférée dans le monde.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant