Douze

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Paris,
mars 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Assise à mon bureau je laisse mon regard se perdre dans le vide pendant que mes élèves travail dans le silence, une semaine que nous sommes revenus de notre week-end et cela me manque.

J'aime mon travail mais depuis quelques jours j'ai l'impression de saturer, voir tout les jours des pères de familles me rappel violemment que le mien n'est plus de ce monde.

Une petite main sur mon bras m'oblige à baisser mon visage vers Kalvin.

- Vous savez maîtresse mon papa il est aussi pompier. Me dit-il en me montrant sa feuille d'exercice où un pompier est représenté à côté. Mon papa il sauve des vies tout les jours, un jour il a même sauvé un chat.

- C'est super Kalvin, ton papa a l'air génial.

Il sourit et retourne à sa place alors qu'une nausée me tord soudainement la gorge, je me lève et quitte précipitamment ma classe et cours jusqu'au toilette où je vide mon estomac deux fois de suite.

Mes larmes coulent sans grande difficulté alors que je m'assois sur le sol, je prend du papier et m'essuie la bouche alors que je n'arrive pas à calmer mes sanglots.

Une fois que j'ai épuisé mon stock de larmes je tire la chasse d'eau et sors pour me rincer la bouche, je quitte les toilettes et retourne dans ma classe où heureusement mes élèves sont toujours là et sages, je sors un paquet de chewing-gum de mon sac et en prend deux.

Le reste de la journée je me bat contre moi-même pour ne pas encore une fois fondre en larmes, j'ai sauté le repas du midi ayant toujours l'impression que j'allais vomir, une fois tout mes élèves au près de leurs parents je retourne dans ma classe prendre ma veste et mon sac pour quitter l'école et aller directement dormir.

- Mademoiselle Brunel. Je me retourne et tombe sur monsieur Prevert le directeur. Vous pouvez venir dans mon bureau deux minutes ?

Je tourne les talons et marches sans envies jusqu'à son bureau, je m'assois sur le fauteuil et après avoir fermé la porte il vient s'assoir lui aussi en croisant ses mains.

- Alors qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande nerveusement.

- Vous savez vous êtes une très bonne institutrice, les élèves vous adorent.

- Mais ? Je demande sachant qu'il va sûrement me reprocher quelque chose.

- Mais ces temps-ci votre comportement n'est plus très professionnel, j'ai eu des retours de certains autres instituteurs dirent que vous étiez souvent en retard et que vous aviez l'air dans la lune.

- Il est vrai que je ne suis pas au meilleur de ma forme mais j'ai des problèmes personnels et-

- Je le conçois tout à fait mademoiselle mais ici c'est votre lieu de travail donc vos problèmes doivent rester en dehors de l'enceinte de l'école.

Je fronce les sourcils et recule dans mon siège en croisant mes bras sous ma poitrine.

- Donc quand je pose un pieds dans votre école je dois oublier comme par magie que mon père est mort ? C'est bien ça ?

Il dénoue sa cravate mal à l'aise et pose ses mains à plat sur son bureau.

- J'aurais espéré que depuis cette tragique perte pour auriez fais votre deuil.

- Vous espériez ? Vous pensez que le deuil se fait en deux semaines ?

Je me lève et m'apprête à ouvrir la porte mais il se racle la gorge et m'appelle.

- J'ai aussi appris que vous aviez quitté votre classe pendant plus de quinze minutes ce matin en laissant vos élèves de CE1 sans surveillance.

- Je suis partie vomir, je suis désolé de ne pas avoir eu le temps d'aller prévenir quelqu'un, la prochaine fois je vomirai directement dans la poubelle à côté de mon bureau si cela vous convient mieux.

Je quitte son bureau en claquant la porte et dévale les escaliers puis quitte cette putain d'école et traverse le parking avant de me faire arrêter par Katniss.

- Comment ça c'est passé avec monsieur Prevert ? Me demande t-elle doucement comme si elle avait peur de ma réponse.

Je fronce mes sourcils et me tourne lentement vers elle et elle recule de plusieurs pas.

- Comment tu es au courant pour ce rendez-vous ? L'étage était vide. Elle fuit mon regard et un rire sans joie sort de mes lèvres. Tu lui as dit que j'étais pas au top de ma forme c'est ça ? Et je suis sûr que c'est toi qui lui a dit aussi pour ce matin.

- Je t'ai vu quitter ta salle et je lui ai dis mais seulement dans ton intérêt.

- Le mieux dans mon intérêt c'est que tu me foute la paix, laissez-moi mal gérer mon deuil merde.

Je reprend ma marche et entre dans ma voiture et démarre direct. Je roule au delà de la limite de vitesse mais je veux juste m'allonger dans mon lit et pleurer jusqu'à épuisement.

Arrivée à mon appartement je referme la porte avec mon pied et me dirige dans ma chambre, j'enlève mes chaussures, ma doudoune et mon jean puis me glisse sous ma couette, je la passe au dessus de ma tête et mes larmes roulent de nouveau le long de mes joues.

Mon téléphone vibre et je le prend en espérant que cela soit un message de Mathieu.

De Mathieu:
Sa été ta journée ?

À Mathieu:
C'était horrible, j'ai vomi et le directeur m'a fait des remarque déplacé par rapport à mon père et toi ?

Je pose mon téléphone vu qu'il ne me répond pas tout de suite et reste allongée en fixant le plafond, mes yeux se ferment avant qu'ils ne se s'ouvrent de nouveau lorsqu'une nouvelle nausée me prend, je cours jusqu'au toilette et vide mon estomac, je tire la chasse d'eau et me lave les dents tout en pleurant.

Je retourne m'allonger dans mon lit en passant par la cuisine pour prendre un verre d'eau que je pose sur ma table de nuit, je m'engouffre sous ma couette en prenant mon téléphone mais je n'ai toujours aucune réponse de Mathieu.

Je laisse tomber mon téléphone sur le matelas à côté de moi et ferme les yeux prêtes à dormir au même moment où j'entends les vibrations signalant l'arrivée d'un message.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant