Vingt-huit

3.6K 134 10
                                    

Paris,
avril 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Je me détache du corps de Mathieu quand je l'entend bailler, il me regarde en souriant et c'est seulement maintenant que je remarque ses petits yeux et sa mine fatiguée.

Je me lève du canapé et lui attrape les mains avant de le tirer pour qu'il se mette sur ses deux pieds, je passe mon bras dans son dos et le sien vient automatiquement sur mes épaules.

- On va où ?

- Je t'emmène au lit, je sais pas si tu t'es regardé dans un miroir ce matin mais t'as besoin de dormir, tu peux pas rester au studio jusqu'à pas d'heure, la fatigue tue la productivité Mathieu surtout à force de l'accumuler comme toi.

- J'étais pas au stud j'étais chez oim.

- Et qui t'a empêché de dormir si c'est pas le rap ?

- Toi. Je m'arrête et me plante devant lui. J'ai cogité sur notre relation toute la nuit.

- Mathieu-

- Azalée c'est bon t'inquiète.

Je hoche la tête pas vraiment d'accord avec lui mais bon, buté comme il est notre conversation ne mènera nul part, je remet mon bras dans son dos et l'emmène dans ma chambre, il s'allonge sur le ventre et je lui enlève ses chaussures avant de mettre ses pieds sous la couette, je lui enlève sa sacoche avec un peu de difficulté comme si elle était greffée à lui puis la pose sur le meuble d'à côté.

Je remonte la couette jusqu'à son buste, pose mes lèvres sur sa joue et souris quand je le vois déjà dormir, je sors de la chambre et referme la porte puis me dirige dans la salle de bain pour me doucher avant d'aller prendre mon p'tit déjeuner.

Je passe les trois heures qui suivent sur mon ordinateur à essayer de trouver n'importe quel travail, j'en peux plus de ne rien faire, le côté négatif c'est que je viendrais moins souvent voir Enzo et je n'ai vraiment pas envie de lui faire de la peine.

Je sursaute lorsque des coups résonnent contre ma porte puisque j'étais plongée dans le silence depuis déjà plusieurs heures, je pose mon ordinateur sur la table basse et me lève avant d'aller doucement à la porte d'entrée. Je n'attend personne et si c'était pour Mathieu je pense que j'aurai entendu son téléphone sonner si quelqu'un le cherchait. Je tourne la clé presque au ranlenti et abaisse la poignée avant d'ouvrir la porte et de tomber sur-

- Hugo ? Il m'offre un sourire et entre dans mon appartement.

- Je retire mes pompes ?

- Comme tu veux.

Il retire ses baskets et les laisse dans l'entrée avant d'aller s'assoir sur le canapé, je referme ma porte et le rejoins jusqu'au canapé où je viens m'assoir.

- Alors pourquoi t'es là ? Tu cherche Mathieu ?

- Non c'est toi que je viens voir.

Je hausse un sourcil et il sourit avant de poser son regard dans le mien et une soudaine anxiété me prend alors qu'il continue de me fixer sans parler.

- Écoute, il se tait un moment et pose sa main sur mon genoux, Polak te kiffe même s'il est pas très doué pour exprimer ce qu'il a au fond de son p'tit cœur.

- Il est-

- Et je sais que tu as des choses à régler dans ta vie ma reuss mais ne ferme pas la porte de l'amour quand elle se présente à oit.

- Hugo-

Il pose un de ses doigts sur ma bouche pour me de dire de la fermer gentiment.

- J'ai pas fini. Je lève les mains en l'air et le laisse finir de parler en souriant discrètement. Vous avez tout les deux des blêmes avec l'amour ou autre mais ensemble vous pouvez apprendre à ne plus avoir peur et à construire une histoire solide, très solide.

- Est-ce que je-

- Je suis venu t'ouvrir tes jolis yeux ma reuss, pour que tu puisse voir que toi aussi tu kiffe Polak.

La porte de la chambre s'ouvre et se referme et Hugo fronce les sourcils, il se retourne pour regarder dans le couloir avant de me faire face à nouveau et de me lancer un regard que je ne comprend pas jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche pour parler.

- Y'a un mec dans ta piaule ?

J'allais lui répondre mais Mathieu entre dans le salon et contourne le canapé pour venir se mettre derrière moi en posant ses mains sur mes épaules.

- C'est moi le mec dans sa piaule. Hugo nous regarde tout les deux la bouche grande ouverte et je commence à m'inquiéter de son manque de réaction. Et tu fou quoi ici ?

- Moi je fou quoi ici ? Il parle c'est bon, il n'est pas cassé. Je suis venu pour remettre les idées de ta nana en ordre et en fait t'étais dans son lit depuis tout ce temps où je me suis cassé le cul à lui faire un super discours ?

- En tout cas c'était vraiment très beau et très bien dis. Je lui dis pour qu'il sache que ses paroles n'étaient pas du vent.

Il me prend dans ses bras et me serre fort, je pose mes mains dans son dos et apprécie son câlin un peu brute.

- Merci Azalée mais maintenant j'ai une question plus importante à vous poser.

- C'est quoi ? Lui demande Mathieu en reposant ses mains sur mes épaules une fois qu'Assaf m'a lâché.

- Vous êtes enfin en couple oui ou non ?

Je lève la tête vers Mathieu qui baisse son regard dans le mien et me sourit avant de regarder de nouveaux son pote qui attend notre réponse.

- On se précipite pas, on verra où tout ça nous mènera.

- Et en français ça donne quoi ? Demande Hugo en fronçant ses sourcils.

- C'est la seule réponse que t'auras. Lui répond Mathieu en rigolant.

- D'accord si c'est la seule chose que vous voulez me donner je prend. Il se lève et remet ses chaussures dans l'entrée avant d'ouvrir la porte. Bonne journée les amoureux et bon anniversaire mon reuf. Lance t-il accompagné d'un clin d'œil.

Il claque la porte et Mathieu vient s'assoir sur le canapé avant de me tirer pour que j'atterrisse sur ses cuisses, il entoure ma taille avec l'un de ses bras et pose son autre main sur l'une de mes cuisses.

- Tu n'as dormi que trois heures, c'est assez ? Si tu veux retourner te coucher tu peux.

- Non je vais bien et je veux passer la journée avec toi parce que bientôt y'a la tournée et on ne se verra plus.

- Tu veux pas fêter ton anniversaire avec tes amis et ta famille ?

- Je peux rester avec toi et ensuite les rejoindre dans la soirée.

- Où tu peux aller les rejoindre maintenant et revenir chez moi dans la soirée. Je lui dis en posant ma main sur son torse et en jouant avec sa chaîne.

- Tu veux que je passe la nuit ici ? Me demande t-il comme s'il ne dormait pas chez moi presque cinq nuits par semaine.

- Oui Mathieu.

Il pose sa main sur mon ventre et embrasse mon cou me faisant rigoler.

- Ok alors je passe la journée avec eux et ce soir je te rejoins dans ton lit. J'éclate de rire et il me suit avant que je finisse par hocher la tête un sourire aux lèvres.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant