Vingt-trois

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Paris,
avril 2022

𝗠𝗮𝘁𝗵𝗶𝗲𝘂

Assis devant son canapé entre ses jambes, je croque dans ma part de pizza en regardant la télé, l'une des mains d'Azalée se trouve dans mes cheveux tandis que de l'autre elle mange aussi sa pizza.

- Pourquoi on regarde ça déjà ? Je demande en buvant une gorgée de ma canette.

- Parce que c'est intéressant. Me répond t-elle comme une évidence.

Je hausse un sourcil et me retourne vers elle qui baisse son regard vers moi avant de sourire de toute ses dents me faisant lever les yeux au ciel.

- C'est intéressant de regarder un documentaire sur un tueur en série ?

- Oui alors maintenant ferme là j'aimerais suivre.

Je roule des yeux et repose mon regard sur l'écran de la télé, après avoir finis ma pizza je pose ma tête sur l'une de ses cuisses alors que sa main continue de se balader dans mes cheveux et je ferme les yeux mais je les ouvre aussitôt quand je reçois une p'tite claque sur la joue.

- Dors pas c'est le meilleur moment, c'est là qu'ils vont enfin assembler toutes les pièces du puzzle.

- J'm'en tape Azalée, je veux dormir.

Je l'entend râler puis elle met son documentaire de l'horreur sur pause.

- Va dormir alors.

- Et toi tu viens pas ?

- Je finis l'épisode et je te rejoins.

Je me relève et embrasse son crâne avant d'aller dans la salle de bain me brosser les dents avec une brosse à dents qu'elle m'a acheté quand j'ai commencé à dormir plus souvent chez elle, je marche ensuite jusqu'à sa chambre, retire mon jogging et mon pull puis me glisse sous sa couette.

Au moment où je me sentais partir pour la nuit, je sens la couette se lever et un p'tit corps tout chaud venir se coller contre mon dos. Je ne sais pas si elle croit que je dors ou non mais j'en envie de voir jusqu'où elle va aller. Comme je suis allongé sur le ventre, elle passe son bras dans mon dos et pose sa tête au niveau de mon omoplate.

Un sourire se dessine sur mon visage de l'avoir contre moi, elle bouge un peu et embrasse ma nuque, ma peau se recouvre de frissons et j'espère qu'elle ne l'a pas senti.

- Merci Mathieu d'être toujours là pour moi. Me murmure t-elle avant que le silence n'apparaisse.

Voyant qu'elle n'attend pas de réponse je suppose qu'elle pense que je dors, je ferme les yeux toujours le sourire aux lèvres et je prend le temps d'apprécier la chaleur corporel d'Azalée qui m'enveloppe dans un sentiment de bien-être.

Je ne sais pas si Ormaz a raison mais ce que je sais de source sûre c'est que je ne veux pas que cette p'tite brune quitte ma vie. La respiration lente d'Azalée s'échoue contre ma peau et je me tourne doucement ne voulant pas la réveiller, son bras reste posé sur mon ventre cette fois et je prend le temps de l'observer.

Je connais chaque détails et expressions de son visage par cœur, le froncement de sourcils quand elle est énervé et qui n'est pas le même que lorsqu'elle est concentrée, ses fossettes qui apparaissent quand elle sourit réellement, ses yeux qui se plissent quand elle s'apprête à rire ou quand elle pince ses lèvres pour s'empêcher de rire.

Je me fige soudainement quand elle ouvre ses yeux avant de les braquer dans les miens.

- J'croyais tu dormais. Je murmure avant de passer ma main dans mes cheveux.

- Moi aussi je croyais que tu dormais.

On se regarde et on éclate de rire avant de se calmer, elle se tourne entièrement pour être face à moi et je vois ses yeux se poser sur l'ensemble de mon visage.

- J'ai peur de t'oublier. Me confie t-elle la voix tremblante.

- Tu vas ap m'oublier.

- Pourtant je commence à oublier l'odeur de mon père.

Je me relève et pose mes mains sur sa taille pour la soulever et la caler contre moi, elle attrape mon bras et le serre contre elle.

- Je commence à oublier la sensation de ses câlins, de ses bisous, sa voix et ça me terrifie parce que j'ai peur d'oublier son visage.

- T'as des photos de lui Azalée, tu vas pas oublier son visage crois moi.

- C'est pour ça que je m'accroche encore et que je ne veux pas le laisser partir, parce que pour moi ça signifie l'oublier.

- Je suis pas sûr d'avoir les mots pour t'aider, j'ai pas envie d'être maladroit et de te faire encore plus mal.

- Ta présence me suffit Mathieu, j'ai juste besoin de toi.

Je sens une chaleur se répandre dans tout mon corps après ses mots qui ont un impact plus important que je ne l'aurais pensé.

Je m'allonge sur le matelas toujours la brune contre moi, je sens ses larmes glisser sur mon torse et j'm'en veux de ne pas savoir quoi faire pour l'aider à aller mieux.

- T'as pas de la famille avec qui prendre contact ?

- Mon père était fils unique et ses parents sont morts quand j'étais enfant c'est pour ça qu'on a quitté la Corse pour venir vivre ici.

- Et du côté de ta mère ?

- Ils ont jamais su qu'elle était enceinte et je pense pas qu'elle leurs ai dit qu'elle avait accouché puis abandonné son bébé et l'homme qu'elle était censé aimer.

- Ton père n'a jamais su pourquoi elle était partie ?

- Non, elle est partie tôt un matin en laissant seulement un mot qui disait qu'elle ne voulait plus de cette vie, il a jamais réussi à la retrouver et j'ai jamais voulu en savoir plus elle.

Elle relève sa tête vers moi et j'essuie les quelques larmes qui restent sur ses joues.

- J'te laisserais pas tomber Azalée.

- Je sais Mathieu tu me le dis souvent.

- Parce que je veux pas que t'oublie que t'es pas toute seule.

Son sourire apparaît alors me laissant le plaisir de contempler ses fossettes puis elle embrasse mon front avant de revenir poser sa tête sur ma poitrine et j'crois que là je peux confirmer que cette p'tite brune me plaît.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant