Trois

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Paris,
mars 2022

𝗔𝘇𝗮𝗹𝗲́𝗲

Il avait pas menti, deux heures plus tard Mathieu est toujours assis sur mon canapé entrain de regarder un film sur ma télé, je ne lui ai toujours pas adressé la parole et cela n'a pas l'air de le déranger plus que ça. Il se lève soudainement et je le regarde entrer dans la cuisine et ouvrir le frigo avant d'en sortir deux plats tout fait.

- Tu mange ces trucs ? Je hoche la tête et il se dirige vers le micro-onde.

Je me re-concentre sur la télé mais jette quelques coups d'œil à Mathieu qui s'approprie mon appartement, un fin sourire traverse mon visage et quand je vois le regard du blond je me rend compte qu'il l'a vu.

- J'ai réussi à te faire sourire. Annonce t-il fièrement en revenant avec les deux plats.

- C'est pas toi qui m'a fais sourire. Il plisse ses yeux en me regardant.

- À d'autre.

Je secoue la tête et prend la fourchette qu'il me tend avant de commencer à piquer des pommes de terres. Pendant tout le repas j'ai senti le regard interrogateur et curieux du blond sur moi.

- Bon si je te parle ensuite tu quitte mon appartement ?

Il sourit et me tend son poing où je viens cogner le mien en râlant intérieurement, je me lève pour débarrasser la table basse et finis par m'assoir sur mon plan de travail, Mathieu arrive et se pose en face de moi.

- J'arrive pas à faire le deuil de mon père. Ça à beau faire deux mois, j'y arrive pas.

Il avance et se plante devant moi, il lève les mains pour les poser sur mes cuisses avant de les laisser retomber le long de son corps. Je sens mes larmes batailler pour couler alors je ferme les yeux en serrant mon pull dans mes mains.

- Si tu veux pleurer Azalée tu peux, ça restera entre toi et moi.

J'ouvre les yeux en même temps que mes larmes déferlent sur mon visage, je descends du plan de travail et me jette dans les bras du blond qui se crispe un instant avant d'enrouler ses bras dans mon dos.

- J'ai toujours vécu avec mon père, ça a toujours été lui et moi, j'avais peur de le laisser seul parce que je savais qu'il ne s'était jamais remis du départ de ma mère. Et maintenant c'est moi qui me retrouve seule et j'ai la trouille Mathieu.

- T'es plus toute seule maintenant.

On reste collé l'un contre l'autre pendant un moment avant que je ne me décale pour essuyer mes joues, Mathieu me regarde toujours, je lui offre un semblant de sourire qui doit plus ressembler à une grimace qu'autre chose.

- Merci Mathieu.

- Il se fait tard je vais y'aller. Souffle t-il après un court silence.

Il retourne dans l'entrée et commence à enfiler ses chaussures, j'arrive derrière lui et lui retiens le poignet pour l'empêcher de faire ses lacets.

- Reste s'il te plaît, je veux pas être seule. Il hoche la tête et retire sa chaussure déjà lacée.

Je glisse ma main dans la sienne et je me dirige vers ma chambre, il s'arrête sur le pas de la porte et je me retourne en fronçant mes sourcils.

- Azalée je suis pas venu pour...je veux pas profiter de ton état.

- Je veux juste m'allonger Mathieu. S'il te plaît.

Il regarde longuement mon lit avant de braquer son regard dans le mien, il hoche finalement la tête et on avance avant de grimper dessus, il retire son sweat et sa sacoche avant de s'asseoir en s'adossant au mur, je m'approche de lui et pose ma tête sur ses cuisses.

- Ça va ? Me demande t-il avec douceur.

- Quand j'étais petite mon père m'emmenait me promener dans le parc en bas de chez nous lorsque je n'arrivais pas dormir. Il disait que dans ce parc il y avait des fées du sommeil et qu'elles avaient le pourvoir de nous endormir et comme par magie lorsque l'on revenait à la maison je m'endormais en deux secondes. Je lui avoue en souriant.

Il rigole puis pose sa main dans mes cheveux, j'oublie alors un instant le mal qui me ronge depuis deux mois, j'oublie que ma vie n'a plus de sens, que j'ai perdu mon repère, j'oublie que je ne reverrais jamais mon père.

- Ton père avait l'air d'être un mec bien.

- Il était le meilleur. Une larme coule le long de ma joue et s'échoue sur le jogging du blond.

Le silence s'installe, seule le bruit de nos respirations et du mouvement de la main de Mathieu dans mes cheveux se font entendre. Dès la première fois où je l'ai vu, Mathieu m'a aidé juste en étant présent alors qu'on ne se connaissait même pas, et je crois que je suis extrêmement contente que l'on se soit re-croisé par hasard dans Paris. Je me retourne pour être sur le dos et plonge mes yeux dans les siens qui étaient déjà posés sur moi.

- Désolé si je ne suis pas de bonne compagnie.

- J'ai accepté de rester Azalée, crois moi si tu me faisais ièch je serais parti. Un rire m'échappe alors qu'un sourire moqueur se dessine sur son visage.

- J'ai l'impression de faire du sur place depuis deux mois, j'ai beau essayé de me reprendre en main, d'aller mieux mais j'y arrive pas, je reste bloquée.

- Il faut p't-être que quelqu'un te prenne la main et t'aide à avancer.

- T'as raison mais j'ai pas le courage de demander de l'aide.

- Je comprend mais des fois on a pas vraiment le choix.

Sa main descend sur mon visage et il caresse mon front puis mes joues et frôle légèrement mes lèvres mais assez pour que je ressente une myriade de sensations me picoter dans tout le corps, il continue de parcourir mon visage avec ses doigts alors que nos yeux restent accrochés tout le long.

La pièce devient soudainement lourde et seules nos respirations se font entendre, je déglutis avec peine alors que mon esprit s'égare bien loin sans que je n'arrive à contrôler mes réactions face au touché de Mathieu.

- Je suis contente de t'avoir bousculé dans la rue Mathieu.

Il m'offre un sourire sincère qui encourage le mien et son indexe vient se poser sur ma fossette qui transforme mon sourire en rire.

juste une nuit | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant